Pour la Journée nationale des cafés, bistrots et terrasses, qui a vocation à être renouvelée chaque année le premier jeudi du mois de juin, le Groupement des hôtelleries & restauration de Paris Île-de France (GHR Paris-IDF) a organisé une conférence en coorganisation avec France Boissons, Pernod Ricard et l'Association des bistrots et café en France.
“Les bistrots et cafés sont les gardiens d'un art de vivre unique, des espaces de convivialité irremplaçables qui font la richesse de notre patrimoine culturel. Cette conférence témoigne de notre engagement collectif pour préserver ces lieux emblématiques”, a déclaré Pascal Mousset, président du GHR Paris-IDF.
Cette initiative s'inscrit dans un contexte préoccupant, marqué par une hausse de 45 % des fermetures d'établissements en 2023 (données Altares 2023) qui pèse encore sur les professionnels. Frédéric Alard, directeur France Boissons Grand Paris a rappelé que son groupe est un soutien historique des cafés et bistrots. “Il faut se battre pour sauvegarder nos bistrots, un bien précieux dont on ne se rendait pas compte de la disparition.”
Pour Laurent Bihl, historien, spécialiste de la culture populaire, auteur de l’ouvrage, Les Bistrots de Paris, “on peut parler d’une possible extinction des débits de boissons. Depuis 1945, on constate une diminution de l’alcoolisme par rapport à la diminution des bistrots. Mais aujourd’hui, l’alcoolisme tend à remonter quand les débits de boissons ferment. Il n’y a plus de corrélation entre la consommation d’alcool et la fréquentation des bistrots. Les jeunes s’alcoolisent en achetant l’alcool dans les supermarchés.”
“Partout en France quelle que soit la région, les comptoirs de cafés, les bistrots expriment un art de vivre à la française que nous envient de nombreux pays étrangers”, a ajouté Alain Fontaine, président de l’Association des bistrots et cafés en France, qui œuvre pour la reconnaissance et la préservation de l’art de vivre dans ces lieux. Après avoir obtenu leur inscription au patrimoine culturel immatériel national en 2024, l’Association poursuit son engagement en 2025, avec l’objectif ambitieux d’une reconnaissance par l’Unesco.
Crise
Les Bistrots doivent faire face à de nombreuses normes qui entrainent des contrôles, a insisté le restaurateur Romain Vidal.
• Première source de conflit : les nuisances sonores. Les bruits générés par l’activité peuvent, par leur durée, leur répétition ou leur intensité, porter atteinte à la tranquillité et à la santé du voisinage. L’exploitant doit faire réaliser une étude d’impact de ces nuisances sonores.
• Les terrasses sont aussi sources de conflit, le plus souvent avec les services de la mairie de Paris. Les exploitants doivent veiller à respecter les autorisations. En cas de dépassement de terrasse répétées, la sanction peut être le retrait de l’autorisation du domaine public.
• Les bistrots sont aussi soumis à l’obligation d’informer leur clientèle sur l’origine de toutes les viandes qu’ils proposent : bovine, mais aussi porcine, ovine et de volaille.
• Les établissements de restauration et débits de boisson sont tenus d’indiquer de manière visible sur leur carte ou sur un espace d’affichage la possibilité pour les consommateurs de demander de l’eau potable gratuite.
• Il a été rappelé l’obligation d’adhérer à un dispositif de médiation à la consommation.
La renaissance des bistrots passe par l’aspiration à être ensemble. Les cafetiers ont un rôle à jouer. Dans ces lieux de convivialité, l’assiette joue un rôle important avec une cuisine de terroir ou familiale. Mais le vrai bistrot propose un prix raisonnable qui va de 10 à 15 € le plat.
À l’issue de cette conférence, Nicolas Bonnet- Oulaldj, adjoint à la maire de Paris en charge de toutes les questions relatives au commerce, à l’artisanat, aux professions libérales, aux métiers d’art et à la mode, a annoncé que la deuxième édition de la course des garçons de café dans la capitale aura lieu le 21 septembre prochain pendant la Journée du patrimoine.
Il est aussi venu avec une bonne nouvelle pour les cafetiers parisiens : les terrasses estivales auront l’autorisation d'ouvrir jusqu’à 23 heures (au lieu de 22 heures actuellement)à compter de la fête de la musique, le 21 juin, et jusqu’au 14 septembre.

Publié par Pascale CARBILLET