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Marrakech

La nouvelle passion des Français

Il suffit de tourner un peu dans Marrakech, de restaurants en bars, en passant par les hôtels et les ryads, pour voir combien la première ville touristique du Maroc attire les Français. Mais au-delà du nombre grandissant de touristes, la ville ocre séduit aussi les entrepreneurs qui ouvrent des affaires d'un style très branché... zzz70 zzz36v

Les premiers pas ont été faits avec les Français, pas souvent hôteliers d'ailleurs, qui se sont pris de passion pour les ryads. Ils ont pour la plupart tout laissé tomber en France, et sont arrivés ici pour vivre une autre vie. Pour mieux rentabiliser leur investissement, ils tiennent eux-mêmes leurs ryads et vivent Marrakech au quotidien. Ils n'ont aucune envie de retourner en arrière.
Côté restaurateurs, certains ont aussi fait le choix de s'installer dans la ville ocre, mais c'est le plus souvent pour y pratiquer une cuisine française, relativement classique, tel au restaurant L'Amandier. Mais la tendance aujourd'hui est davantage à l'ouverture de restaurants franco-marocains, tenus par des Français déjà installés en France. Des Français qui ont des affaires qui tournent depuis un certain temps, et qui, plutôt que de se développer en France, choisissent Marrakech pour peaufiner leur concept. Et ils vont partager leur temps entre la France et le Maroc, et attirer tant la clientèle locale, importante, que la clientèle touristique.

Les clients de Marrakech

w Clientèle française en 2002 : 50,5 % des arrivées, soit une progression de 1 point.
w Tourisme intérieur : 19,7 %, contre 14,5 % l'année précédente.

Paris Marrakech
Le Comptoir Paris Marrakech, avenue Echouhada, dans le quartier de l'Hivernage, en est le premier exemple. La même enseigne existe depuis près de 15 ans rue Berger à Paris, et depuis un peu plus d'une année à Marrakech. Un décor de rêve, une animation très élaborée, une cuisine 'aux saveurs d'ici' qui offre une belle carte de spécialités marocaines, doublée d'une carte 'aux saveurs de là-bas' avec du filet de bœuf, de la bisque de homard, etc. Mais aussi un bar, salon de thé, une boutique : un superbe produit qui fait fureur jusqu'à 2 heures du matin. Les réservations sont obligatoires et le lieu attire autant la clientèle touristique que la clientèle locale. De toute évidence, le produit est plus abouti à Marrakech qu'à Paris.

Toulouse Marrakech
Jacki Bensimhon et Astrid Faoro ont eu, eux aussi, la même démarche. Installés à Toulouse depuis longtemps, avec leur restaurant l'Alhambra, rue Riquet, ils se sont installés voici quelques mois sur la place Jemaa el Fnaa. Un magnifique emplacement, 2 étages de terrasses sur la place, une décoration parfaitement dans le ton des lieux, et dès l'ouverture, Les Terrasses de l'Alhambra sont devenues le rendez-vous du tout Marrakech ! Un pari dont Jacki ne cesse de se féliciter. Il a fallu tout refaire dans ce vieux café, longtemps lieu de prédilection des hippies, mais aujourd'hui, l'investissement se rentabilise ! "C'est un site magique ! Un pays de rêve pour travailler : le personnel est sympathique, la main-d'œuvre n'est pas chère, la marchandise est belle, la clientèle cosmopolite, la TVA à 10 % !" Et d'expliquer qu'il partage sa vie entre Marrakech et Toulouse avec une très nette préférence pour Marrakech, "en France, je vis de plus en plus mal ma condition de patron". Pendant les fêtes de fin d'année, il a réalisé une moyenne de 500 couverts par jour, "on ne travaille que des produits frais, on trouve de la très belle marchandise, pas chère, tout est fait sur place, on s'éclate, on fait du beau travail, dans la bonne humeur". Rendez-vous de la jet set, mais aussi des touristes et des Marrakchis, le restaurant est ouvert 365 jours dans l'année, et fait aussi café, salon de thé, glacier, de quoi réaliser de beaux chiffres ! Une carte facile, des salades, des pâtes, de belles pizzas, mais aussi de la cuisine brasserie, de quoi satisfaire tout le monde ! Jacki emploie 34 personnes, il est persuadé qu'il ne restera pas seul longtemps sur la place dans ce type de créneau, Gilbert Costes a été vu plusieurs fois, des propositions lui auraient été faites... Mais au-delà de la place Jemaa el Fnaa, certains tournent beaucoup dans le quartier de Gueliz, des emplacements mythiques fascinent, tels le Café des Négociants et Le Renaissance. Tous tirent des plans sur la comète... mais tous cachent leur peur... "Si l'Amérique déclare la guerre à l'Irak, nous sommes tous morts, plus personne ne viendra à Marrakech, tout s'écroulera..." Une inquiétude qu'ils surmontent pourtant assez vite à les voir parler de leurs projets. Peut-être plus que la guerre, ce qui menace aujourd'hui Marrakech, c'est justement cet engouement des Français... où l'on retrouve les mêmes têtes, les mêmes comportements, les mêmes dérives qu'à Saint-Tropez... Ceux qui venaient chercher l'authenticité marocaine ici voici encore quelques années risquent d'être bien déçus et pourraient leur faire cette réflexion que font déjà les habitués : "Après Marrakech, arnakech..." A côté de cette pointe de nostalgie, ils reconnaissent combien la ville s'est transformée, ils admirent sa propreté, sa sécurité et l'amélioration globale de la qualité de l'offre tant en matière d'hébergement qu'en matière de restauration... Le bakchich perdure et, en période de forte demande, certains concierges d'hôtel n'hésitent pas à s'annoncer complet pour mieux pouvoir prendre leur commission...


Les Terrasses de l'Alhambra sont devenues le rendez-vous du tout Marrakech !

Rouleau-Guichard dans la Médina
Le fabricant de sous-vêtements vient d'ouvrir Les Jardins de la Koutoubia à Marrakech. Après Toulouse et Paris, le groupe entend se positionner durablement sur les marchés touristiques porteurs en optant pour une stratégie de niche.
"Le Maroc fait partie des destinations les plus en vogue avec un potentiel de développement énorme. C'est donc tout naturellement que nous nous sommes intéressés à ce marché", explique Alain Rouleau, le p.-d.g. du groupe Rouleau-Guichard (25,7 Me de chiffre d'affaires en 2001). "Nous avons recherché une opportunité de rachat dans les plus grandes villes du pays. Occasion qui s'est présentée en avril dernier à Marrakech", poursuit l'homme d'affaires qui a entamé une diversification de ses activités à la fin des années 1990 en se portant acquéreur, via sa filiale hôtelière, de 4 établissements situés à Paris (500 lits au total du 2 au 4 étoiles) avant de rouvrir le Grand Hôtel de l'Opéra à Toulouse fin 1998. "Il ne s'agit pas pour nous de rentrer en concurrence directe avec Accor très présent au Maroc. Nous ne ferions pas le poids ! Par contre, nous avons une carte à jouer sur des marchés de niche. C'est dans cet état d'esprit que nous avons abordé ce marché, en misant sur un produit authentique. L'établissement est un ancien ryad du XIIIe siècle que nous avons reconstruit à l'identique. L'objectif était d'associer au charme de ces anciens palais des prestations haut de gamme avec espace de congrès, salle de fitness, piscine, hammams, restaurants, etc.", indique Alain Rouleau.
Ouvert en septembre dernier, l'hôtel Les Jardins de la Koutoubia (70 chambres et 2 suites) est au cœur de la Médina, à deux pas de la mosquée qui lui donne son nom. Un produit qui se situe entre l'intimité et le raffinement des établissements haut de gamme, tel La Villa des Orangers, Relais & Châteaux, produit exceptionnel sur Marrakech, et de plus gros porteurs internationaux. Le montant de l'investissement reste inconnu, Alain Rouleau tire un premier bilan positif : "Les réservations sont conformes à nos objectifs. Un succès que nous devons à ce positionnement spécifique. En effet, si nous voulons continuer à nous développer dans le secteur de l'hôtellerie, il est impératif de poursuivre une stratégie de niche comme à Marrakech où nous avons fait le choix du haut de gamme." Et pour commercialiser son produit, essentiellement auprès de la clientèle française, Rouleau-Guichard s'appuie sur un réseau de TO spécialisés sur le Maroc. Détail insolite, à la réception de l'hôtel, personne ne peut vous fournir de dépliant, ni davantage de tarifs... Toute la commercialisation passant semble-t-il par les TO... Le groupe devrait à nouveau faire parler de lui dans les prochains mois. Alain Rouleau envisage en effet d'autres acquisitions, en France et à l'étranger, dans les mois qui viennent, "toujours en cherchant à nous différencier de l'offre des majors du secteur". n


Alain Rouleau, p.-d.g. du groupe Rouleau-Guichard : "Le Maroc possède un potentiel de développement énorme."


La Villa des Orangers, Relais & Châteaux, produit exceptionnel sur Marrakech.

 

En chiffres

En 2002
2 772 chambres soit plus de 6 000 lits
w Durée moyenne de séjour : 3 nuitées
w De janvier 2002 à septembre 2002 : 2 536 000 nuitées

Taux d'occupation de novembre 2001 à octobre 2002 :
w 44 % pour les hôtels 5 étoiles, en recul de 15 points
w 61 % pour les hôtels 4 étoiles, en recul de 6 points
w 42 % pour les hôtels 3 étoiles, en recul de 17 points
w 33 % pour les hôtels 2 étoiles, en recul de 3 points

 

Accor se renforce à Marrakech

Très clairement placé aujourd'hui en position de leader sur le marché marocain, Accor renforce ses positions aussi sur Marrakech. Il est aujourd'hui présent avec trois produits : Club Palmariva dans la Palmeraie, Ibis près de la gare et Sofitel, dans l'Hivernage.


Le Sofitel Marrakech : 256 chambres au cœur de la ville.

Un marché sur lequel Accor investit beaucoup, puisqu'il est prévu un investissement de l'ordre de 2 milliards de dirhams sur 5 ans (200 millions d'euros). Un fonds d'investissements dont Accor détient aujourd'hui la majorité ayant été constituée pour assurer le développement au Maroc. Axe prioritaire de la politique de développement du groupe : l'implantation des différentes marques au Maroc. Un marché intérieur sur lequel le groupe entend se développer avec les marques économiques telles Ibis avec une cadence de 2 unités par an. Un atout de choix pour atteindre l'objectif : le réseau exceptionnel de Jean-Robert Reznik, directeur général Accor loisirs et tourisme, sa connaissance du marché marocain et depuis une année maintenant, la présence de Marc Thépot à la direction des opérations Accor Maroc. L'ouverture cet été du Sofitel Marrakech, 256 chambres au cœur de la ville, et l'extension de 90 chambres et de plusieurs salles de réunion au printemps, sont un exemple de l'implication du groupe. En moins de 8 mois, les travaux ont été réalisés et le produit finalisé. Un emplacement particulièrement intéressant, qui permet à l'établissement de se positionner sur des marchés très différents, tels congrès, affaires mais aussi loisirs, et qui lui offre la possibilité d'une activité étalée dans l'année. Le moyen également de prendre le temps pour former les équipes, un challenge dont se tire particulièrement bien le directeur Medhi Serrour, la formation du personnel est en effet un des problèmes majeurs de l'implantation au Maroc. zzz3

Les ryads concurrencent les hôtels

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L'Hôtellerie Restauration n° 2807 Magazine 6 Février 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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