C'est en 1866 que l'auberge "où l'on loge à pied et à cheval" devient l'hôtel Le France, et c'est en 1948 que la famille, encore actuellement propriétaire, en prend possession. Depuis, trois générations se sont succédé. Saga.
Cécile Junod
Construit en 1806,
l'établissement était jadis un relais de poste très fréquenté. A la fin des années
1800, Barthélemy
Gasse, maître d'hôtel de formation, transforme cette auberge "où l'on
loge à pied et à cheval" en l'hôtel Le France. Et en 1900, il apparaît au
guide Michelin qui lui décerne "une maison, une étoile" selon les
normes de l'époque.
En 1933, l'hôtel est racheté par les époux Laisné. La clientèle se compose pour
l'essentiel de représentants de commerce. L'ambiance des soirées y est chaleureuse,
d'autant plus que les gens en vue de la ville s'y retrouvent pour discuter, jouer à la
belote ou à la manille en buvant des vermouth-cassis ou des Dubonnet-Byrrh. Hélas, la
guerre met fin à cette douce période. L'hôtel est alors réquisitionné.
En 1948, Henri et Yvonne Gloux, parents de l'actuelle propriétaire, achètent l'immeuble
avec la licence IV. Menuisier de métier, Henri Gloux installe sa fabrique artisanale de
meubles dans les anciennes écuries et convertit une partie du local en magasin. C'est
seulement en complément d'activité que l'autre partie sert de café. Les choses
resteront ainsi jusqu'en 1965, date à laquelle sa fille Maryvonne, aidée de son époux
Armand Le Boudec, décide de relancer l'activité hôtelière. A cette époque, Loudéac
connaît une forte expansion. En particulier avec l'implantation d'Olida qui induit une
grande activité avec d'importantes répercussions pour l'hôtellerie. Cet essor permet
d'engager de lourds travaux dès 1970 : démolition de la première partie de l'hôtel,
création d'un restaurant gastronomique animé d'une majestueuse cheminée, et
construction, à l'arrière, d'un hôtel 2 étoiles. Pour marquer le renouveau de
l'établissement, les propriétaires le rebaptisent Le France. C'est alors qu'il
réapparaît au guide Michelin et obtient une maison. En 1980, deuxième vague de
rénovation-agrandissement, et obtention d'une seconde maison au guide. Maryvonne se
souvient encore, avec émotion, du jour où elle apprit la nouvelle de cette récompense.
Malheureusement, son mari, malade, ne profita pas longtemps de ses efforts. Armand Le
Boudec mourut en 1987, laissant sa femme, assistée de leur fils Jean-françois,
poursuivre leurs projets.
Aujourd'hui, une clientèle d'affaires fidèle et une importante activité de séminaires
assurent le fonctionnement de l'établissement sur toute l'année, la clientèle
touristique ne représentant qu'un tiers des réservations.
Cependant, présidente de l'Hôtellerie familiale des Côtes d'Armor, Maryvonne Le Boudec
n'est pas très optimiste sur l'avenir de cette branche hôtelière : "C'est un
sacrifice au quotidien. Jour après jour, il faut s'adapter, rénover, recommencer... Non
seulement nous consacrons intégralement nos vies à la bonne marche de la maison, mais en
plus, les charges financières sont très lourdes. Il faut vraiment avoir la foi et aimer
son métier." * zzz18p zzz22i
Hôtel Le France
1, rue Cadélac
22600 Loudéac
Tél. : 02 96 66 00 15
Fax : 02 96 28 61 94
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Façade de l'hôtel
Le France, en 1911.
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L'HÔTELLERIE n° 2686 Magazine 05 Octobre 2000
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