Discrétion oblige, l'établissement parisien (propriété du groupe Concorde) s'est refait une jeunesse à l'ombre du plus grand musée du monde. Une remise au goût du jour, orchestrée par Béatrice Belehradek.
Claire Cosson
Des cheveux courts, coupés
à la garçonne. Un large sourire, pas commercial pour deux sous. Une démarche sportive,
dans un tailleur-pantalon chic... A 33 ans, Béatrice Belehradek semble véritablement
bien dans sa peau. Jeune maman comblée, elle est aussi une professionnelle de
l'hôtellerie haut de gamme aux anges. Un cas à part dans ce secteur d'activité où la
vie de famille n'a rien d'un "long fleuve tranquille". Pourtant, depuis son
diplôme de l'école hôtelière de Lausanne en poche, "jamais", affirme
Béatrice, elle n'a eu à regretter son choix.
A croire que cette jeune femme a déniché un employeur idéal ! Probablement. Voilà
d'ailleurs douze ans qu'elle s'épanouit dans son job, au sein du groupe Concorde. Et ce
avec d'autant plus d'intensité que la chaîne française lui a très vite confié
d'importantes responsabilités. Un premier galop d'essai au Lutétia (7 ans tout de même)
au terme duquel elle prend en charge la direction de l'hébergement. Et puis en 1995,
Béatrice s'installe de l'autre côté de la Seine, à l'Hôtel du Louvre, en tant que
sous-directeur.
Bâti en 1855 à la demande de l'empereur Napoléon III pour répondre à l'affluence des
visiteurs se rendant à l'Exposition universelle, l'immeuble toise toujours
majestueusement l'Opéra, La Comédie-Française et le Palais-Royal. Reste qu'avec le
temps, il a pris quelques rides. Le groupe décide donc de consacrer un budget d'environ
50 millions de francs pour le remettre au goût du jour. Aux côtés de Sybille de
Margerie, Béatrice Belehradek se jette à fond dans le projet.
Sourires
La maison passe ainsi de 200 à 185 chambres, dont 28 "Deluxe", 9 juniors suites
et 1 appartement. Bleu avec mobilier cérusé blanc pour les unes. Vert foncé à la
manière directoire et meuble en acajou pour les autres. Jaune éclatant façon italienne
pour les dernières... Couleurs chaudes et froides créent une atmosphère harmonieuse
dans les étages, tandis que les bois de citronnier, alliés aux velours vert, rouge,
jaune et noir jouent la carte de l'intimité dans les espaces publics. Tout comme les
magnifiques gravures papillons, dessinées par Laroche Laffitte et les lampes de Julie
Prisca.
L'Hôtel du Louvre affiche en fait peu à peu un tout nouveau visage. Celui du luxe
contemporain (climatisation, insonorisation, minibar, coffre individuel, accès
Internet...) où "l'on a fait de la décoration pour un lieu de vie",
souligne Béatrice Belehradek. Et à observer le va-et-vient des clients, on vit ici
plutôt confortablement. Au-delà du gîte, le couvert y est aussi agréable, notamment à
la Brasserie typiquement parisienne avec son banc de fruits de mer, son pied de cochon
farci au foie gras ou bien encore son petit salé aux lentilles. Sans oublier, Le Defender
au cœur de l'hôtel, un bar cosy, drapé de grandes tentures soyeuses, dédié au
thème de l'enfance.
Ajoutons, aujourd'hui, à cette nouvelle ambiance, un service raffiné assuré par une
équipe de collaborateurs (environ 150) aussi souriante que prévenante. Résultat : les
clients en viendraient à imaginer qu'ils sont ailleurs. Pourtant, les valeurs et la
tradition proposées dans les Hôtels Concorde demeurent intactes. Béatrice Belehradek,
désormais directrice générale de ce beau navire, y a en réalité imposé sa patte. Et
c'est tant mieux. Car le luxe y rime dorénavant avec simplicité et gentillesse. Une
philosophie inédite et bien dans son temps, qui ne gâte rien aux affaires. Après avoir
enregistré un taux d'occupation de 69 % en 1999, l'établissement devrait d'ailleurs
finir l'année aux environs de 78 % avec un prix moyen de 1 500 francs contre 1 000 francs
un an auparavant. *
Béatrice Belehradek, s'est jetée à corps perdu dans la rénovation de
l'établissement et y a insufflé un nouvel état d'esprit.
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L'HÔTELLERIE n° 2683 Magazine14 Septembre 2000
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