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Philippe Bloch et Ralf Hababou
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Leur foi a fait leur succès

Ils ont tenu bon et ils ont eu raison. Philippe Bloch et Ralf Hababou, créateurs de la chaîne Columbus en 1994, sont désormais à la tête d'un concept dynamique et urbain, qui séduit aussi bien les étudiants, les femmes, que les hommes d'affaires pressés ! La preuve qu'il y a encore plein d'idées à creuser dans le monde du café...

Sylvie Soubes

Philippe Bloch et Ralf Hababou sont diplômés de l'Essec. Tous deux sont nés en mars 1959, leur amitié les unit depuis 20 ans et leur association professionnelle remonte à 14 ans. Leur parcours en commun a démarré par un énorme succès dans l'édition avec un ouvrage intitulé Service Compris, qui s'est vendu à plus de 400 000 exemplaires et fait toujours référence dans l'univers de l'entreprise. On y parle client, respect et passion du client ! En 1994, s'inspirant d'un concept américain, les deux hommes créent, en France, une chaîne de café : Columbus.
Prématurée ? Sans doute. Les enseignes, l'une lancée dans le cadre d'Eurallille, l'autre à Paris, dans un passage situé près des Grands Boulevards, vivront respectivement un et trois ans. Mais l'approche commerciale est judicieuse et novatrice pour le Vieux Continent. Ils ont foi dans leur idée, foi dans un concept qui s'inspire du salon de thé, concurrence la restauration rapide et vient en complément des bistros, thématique café en tête. Et pourtant "nous ne piquons de business à personne", estime Philippe Bloch. En effet, Columbus s'attaque à un marché en voie de construction. Si la clientèle française n'est pas encore prête à boire son café dans la rue - aussi bon soit-il -, celle-ci est capable de faire un détour pour obtenir un produit de qualité. Une certitude : dans les Columbus, le petit noir est bon et les recettes dérivées (doppio, macchiato, lungo, cafés aromatisés, cappuccino, etc.) réussies. Le principe de la vaisselle à usage unique apporte une touche différente, dans laquelle entrent des notions de propreté et d'hygiène. Comme il n'y a pas de service en salle, le consommateur peut, en outre, tout à loisir, aller s'installer à une table ou à un mange debout ou repartir avec son café. Columbus décline également une gamme de muffins artisanale. "Un Américain m'a dit récemment : vous êtes autant dans le muffin's business que dans le coffee's business", s'amuse Philippe Bloch. Toute la spécificité des Columbus qui tablent sur le sucré et le salé depuis peu (les soupes arrivent à grandes rasades !). Cet été, une nouvelle spécialité glacée a fait le bonheur des habitués : le Semifreddo. "Une ou deux boules de glace Häagen-Dazs surmontée d'un espresso simple ou doppio préparé sous les yeux des clients. Même ceux qui n'aiment pas le café ne résistent pas à ce mélange qui se décline en quatre parfums : vanille, caramel cream, chocolat et noix de macadamia caramélisées", assure un barista. Nom donné au personnel derrière le bar, ayant reçu une formation sur le café.
Essayer, c'est approuver. Le constat n'est pas excessif. Faites l'expérience. En fin de matinée ou dans le courant de l'après-midi pour commencer. "Nous avons réhabilité le goûter", sourit Ralf Hababou. "Vous savez, ajoute-t-il, chez nous, l'aspect plaisir est important. 80 % de la clientèle dans les établissements sur rue est une clientèle féminine. Nous séduisons non seulement par la qualité de notre gamme, mais aussi par l'atmosphère, le décor, l'esprit des Columbus." Les hommes d'affaires pressés font aussi partie du profil clientèle, en fonction de l'environnement (lire encadré).

Rue Vieille du Temple
Les deux premières enseignes n'ont pas fonctionné comme on aurait pu l'imaginer. Raisons invoquées et constatées : l'emplacement. Bloch et Hababou sont sur la corde raide. Leur jeunesse en matière commerciale, cette "erreur" qu'ils reconnaissent, aurait pu leur coûter très cher. Pour redresser la barre, ils vendent tout ce qu'ils ont : appartement, maison, actions. Puis ils s'engouffrent dans le créneau, là aussi peu exploité en France, du food in shop. Le "service plus". Un premier partenariat avec la Fnac, qui ouvre plusieurs Columbus à l'intérieur de ses magasins, donne le ton. La collaboration se poursuit avec succès avec Vivendi l'an dernier et s'étendra également en fin d'année avec Etam. Cette pause dans le développement indépendant de l'enseigne se révèle salutaire pour nos deux entrepreneurs qui reviennent à la charge avec des ouvertures "sur rue" à Paris, rue Vieille du Temple notamment. L'espresso, qui constitue le positionnement de l'enseigne, est mis en avant. 7 F au comptoir comme en terrasse... Courant 1999, première année d'exercice, le muffin est à 10 F. "Nous nous sommes rapidement rendus compte que nous pouvions rehausser les prix sans décevoir la clientèle. Celle-ci dépense en moyenne entre 15 et 30 F pour se faire plaisir." Le muffin passe à 12 F. Ni vu ni connu. Le chiffre en hausse régulière atteste du bien-fondé du concept. Comme nous l'avions écrit en mai 1999, Columbus Café trouve ses marques. "A partir du moment où notre concept était installé et prometteur, nous avons cherché à mettre à plat une politique d'harmonisation importante vis-à-vis du consommateur. Celui-ci doit pouvoir retrouver le même niveau de prestation dans chaque Columbus" et quel que soit le type d'établissement décliné. Autre challenge.

14 points de vente, 500 potentiels
Fin juin 2000, Columbus Café affichait 14 points de vente et des niveaux de rentabilité en progression régulière. Soit 250 000 transactions pour le premier trimestre. "Nous avons nos aficionados Columbus. Notre meilleure publicité, c'est le bouche à oreille. Ce sont nos clients qui alimentent le business, les gens ramènent leurs amis." La dernière ouverture en date, rue Soufflot, à deux pas du jardin du Luxembourg, a d'abord séduit les "étudiantes" (la salle borgne mais contemporaine du sous-sol est désormais leur repère) puis les touristes étrangers. Columbus bénéficie également d'un site Web : www.columbuscafe.com 15 000 contacts comptabilisés le mois dernier.
Philippe Bloch, interrogé sur l'avenir du concept, reste prudent : "C'est vrai que nous avons eu chaud et que nous avons dû nous battre pour prouver l'intérêt du Columbus et son opportunité. Pour l'instant, nous réfléchissons aux possibilités de développement. Sur Paris mais aussi en province. Mais c'est toujours difficile d'être loin de ses bases. Nous partons sur un développement d'indépendants. Des succursalistes ! Nous sommes actuellement en contact avec des investisseurs. Continuer seuls est pratiquement impossible. Or, si nous voulons que l'enseigne prenne son envol, ce n'est pas une vingtaine d'établissements qu'il faut créer. Mais plusieurs centaines." Estimation avancée : entre 300 et 500 points de vente potentiels en France, sachant que Starbucks, leader aux Etats-Unis, est parti à la conquête du monde. La "new economy" du café pointe à l'horizon. *

 


La version Quartier latin du Columbus Café. 


Chez nous, l'aspect plaisir est important


Une déco contemporaine et sobre. 


Clin d'œil : le .com a été ajouté à l'enseigne. 


80 % de clientèle féminine

 

Il existe cinq types de Columbus Café

Sur rue
L'établissement réalise en moyenne 2,5 millions de francs de chiffre d'affaires HT par an. Il est ouvert 365 jours par an, de 8 à 21 heures et jusqu'à minuit le week-end. Transaction moyenne : 22 et 24 F HT. Surface de 50 à 80 m2. Equipe entre 4 et 6 personnes. Pas de salé.
En centre commercial
L'établissement se présente comme un kiosque ou un chariot. Il calque ses horaires d'ouverture et de fermeture sur les boutiques du centre, ouvrant toutefois un peu plus tôt afin de s'attirer la clientèle des personnes qui travaillent au sein du centre commercial. 20 000 F de chiffre d'affaires HT par jour. Ce concept n'a pas besoin de beaucoup de surface (2 à 20 m2). Transaction moyenne : 20 à 22 F HT.
Bureaux
Ces implantations se situent dans l'enceinte de sociétés, Colombus s'adresse tout particulièrement aux sièges sociaux des grandes entreprises qui n'ont pas de restauration interne mais veulent offrir un lieu d'accueil pour ses clients et de retrouvailles pour ses salariés. Ce sont des compléments de restauration d'entreprise. Chiffre d'affaires entre 1 et 1,5 million de francs HT. Transaction moyenne : 14 F (entre 400 et 500 transactions par jour). Surface de 50 à 100 m2. Compter une équipe de 4 personnes. Offre produits : salée et sucrée. Les soupes notamment.
Food in shop
Traduisez, ce qu'on mange chez les autres. C'est le service + de la Fnac ou de Vivendi. Ici, peu de ventes à emporter. L'offre produits décline des salades, des sushis, des soupes, avec un ticket moyen
de 20 à 22 F HT. Chiffre d'affaires : 1,8 million par an HT. Equipe de 5 personnes en moyenne pour une surface allant de 30 à 60 m2.
Dans les concessions
Aéroport, gare... Le concept n'existe pas encore, mais le potentiel semble là. Une offre produits plus gourmande et très internationale en fait. 

Les bases du concept

-Absence de service en salle (maîtrise du temps du client)
- Vaisselle à usage unique haut de gamme
- Large gamme de boissons (à chaque client son produit)
- Vente sur place ou à emporter
- Aucune boisson alcoolisée (environnement rassurant)
- La convivialité à petits prix (être accessible au plus grand nombre)
- Des standards stricts de préparation et d'entretien
- Des pâtisseries fabriquées devant le client (showtime)


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L'HÔTELLERIE n° 2683 Magazine 14 Septembre 2000

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