En mai dernier, le palace parisien a obtenu la certification Iso 9002.
Une première dans l'hôtellerie de luxe européenne à laquelle ont activement participé les 400 membres du personnel.
Claire Cosson
Une main saisit, gentiment,
une valise... La porte s'ouvre, un sourire vous accueille... Souhaiter la bienvenue au
Plaza Athénée, un état d'esprit. A quelques mots près, c'est ainsi que le palace
parisien, installé confortablement au numéro 29 de l'avenue Montaigne (VIIIe
arrondissement), se définit à travers sa nouvelle plaquette commerciale, tout de rouge
vêtue.
Pas de quoi en faire un article de presse, pensez-vous ! Tous les hôtels de luxe,
notamment français, vendent aujourd'hui la même "salade". "Des
services exceptionnels", "des suppléments de charme", ou bien
encore "l'art de vivre à la française", etc., l'hôtellerie haut de
gamme se creuse de fait sacrément les méninges pour dénicher bon nombre d'adjectifs
superlatifs. Et le dictionnaire des synonymes doit d'autant mieux fonctionner que la
tendance actuelle de ce marché s'oriente ostensiblement vers la personnalisation à
outrance.
Pourtant, la devise du Plaza Athénée, établissement de légende qui affirme que le
"personnel est là pour orchestrer un séjour où l'imprévu est prévu,
l'impossible toujours possible...", ne constitue pas un simple slogan
publicitaire. Bien au contraire ! Le palace, propriété d'un groupe d'investisseurs
financiers basé à Brunei, PA Holding SA, a lui en effet décidé de passer des paroles
aux actes. A tel point d'ailleurs que ce navire, fondé en 1911 et dirigé aujourd'hui par
François Delahaye, a décroché au mois de mai dernier la certification Iso 9002. Une
"démarche" inédite dans le secteur hôtelier haut de gamme européen, initiée
voilà deux ans et demi par l'ancien directeur du site, Hervé Houdré. Mais qui
sanctionne la mise en place d'un système de qualité très poussé.
Audits de surveillance
La certification Iso 9002 n'appartient pas en effet à la trop longue liste des
"tartes à la crème" de la qualité. "Obtenir une telle certification
nécessite un véritable travail d'analyse et une profonde remise en cause",
avoue Franka Holtmann, directeur du Plaza Athénée. Et d'ajouter : "Il faut tout
mettre à plat, puis reconstruire selon des objectifs précis. C'est une opération
irréalisable sans l'engagement de tous les collaborateurs." Sur ce dernier
point, les 400 membres du personnel n'ont rien à se reprocher. De la femme de chambre, en
passant par le directeur financier et le plongeur, chacun s'est pleinement investi dans la
démarche qualité de l'entreprise.
Une implication d'autant plus essentielle qu'aujourd'hui, le respect de certaines normes
Iso 9002 figure dans les critères d'obtention des primes d'intéressement. Un outil de
motivation comme un autre afin de maintenir les niveaux de prestation. "Cette
certification se mérite en effet !
Elle est valable durant trois années. Mais, pour la conserver, puis la renouveler, nous
devons subir un audit de surveillance tous les ans", précise le directeur.
Mieux vaut donc avoir du "souffle" quand on s'inscrit dans une démarche
qualité de cette envergure. Cependant, aux dires des personnes intéressées, le jeu en
vaut réellement la chandelle. "Tout le monde y trouve son compte",
affirme, enthousiaste, Laurence Bloch, directeur d'hébergement.
Reste à découvrir l'intérêt concret qu'un établissement hôtelier peut tirer de la
certification Iso 9002. "C'est certes un dispositif assez lourd sur le plan
administratif avec la mise en place de nombreux documents. Il permet néanmoins de
structurer l'organisation d'un hôtel ainsi que celle de ses différents services. Et, par
la même, de prendre enfin conscience des dysfonctionnements existants", indique
le directeur d'hébergement. Et de poursuivre : "Tout cela pour parvenir à ce que
le client soit, évidemment, le mieux servi possible."
Pour être certifiée Iso 9002, une entreprise de service doit en fait procéder à
différents travaux. A commencer par établir des normes et standards propres à sa
démarche qualité et son environnement. Ensuite, identifier les séquences d'activité
qui ont une incidence directe sur la qualité des prestations offertes aux clients. "Cela
signifie qu'il faut décortiquer le fonctionnement de chaque service dans l'établissement",
souligne Franka Holtmann.
Fiches métier
Un travail de Titan qui a le mérite de déboucher sur la rédaction de fiches métier et
la mise en place de procédures opérationnelles (POM) très documentées. "Onze
groupes de travail ont ainsi permis aux collaborateurs de chaque métier de l'hôtel de
sélectionner et rédiger les méthodes opérationnelles les plus efficaces pour
satisfaire nos hôtes", raconte le numéro deux du palace. De quoi améliorer et
homogénéiser les méthodes de travail de chacun. Sans oublier de renforcer la
communication en mettant en exergue la transversalité entre les différents services de
l'hôtel.
On est effectivement toujours le client de quelqu'un, y compris dans un établissement
hôtelier : la gouvernante et la réception, la cuisine et la salle... "Les
procédures Iso 9002 sont d'ailleurs très enrichissantes en la matière, parce qu'elles
permettent à chaque employé de dire ce qui lui semble ne pas bien fonctionner dans tel
ou tel service", note Laurence Bloch. Il rédige à cette fin une fiche de
progrès sur laquelle il indique l'erreur constatée et la solution qui pourrait être
envisagée afin de corriger le tir. Celle-ci est par la suite adressée au département de
l'hôtel mis en cause. D'où une traçabilité exemplaire.
Des objectifs mesurables
"On sait d'où cela vient et qui est concerné. En fait, les gens acquièrent
ainsi un réflexe d'analyse de l'erreur ! Mais, il ne leur suffit toutefois pas de dire :
'Tu n'as pas fait cela.' Il faut mettre en place une procédure pour corriger
l'erreur en question. On s'aperçoit, d'ailleurs, que les dysfonctionnements observés
sont en général récurrents", déclare Franka Holtmann.
Reste que, pour que tout se passe mieux dans le meilleur des mondes, les objectifs
qualitatifs donnés à chacun des services doivent, d'une part, impérativement être
mesurables. Pas plus de 20 % de plaintes par mois par exemple. S'engager à servir le
petit-déjeuner en chambre en moins de 15 minutes. Ou bien faire en sorte qu'il n'y ait
aucun problème lors de la préparation de chambre de clients habitués (affichage des
cardex dans les offices)... D'autre part, la pérennité du système qualité doit être
garantie à travers l'organisation de réunions et la nomination de correspondants
qualité.
Un comité qualité, chapeauté par la direction générale, a bien entendu vu le jour au
Plaza Athénée et se réunit chaque mois afin de faire le point. Beaucoup de bruit pour
rien, diront les mauvaises langues. Faux. Tout y est dit et analysé. Pour le plus grand
bénéfice du client qui, finalement, est toujours et encore le roi. *
La rénovationDurant deux ans, de 1998 à début 2000, le palace parisien, créé en 1911, a été
entièrement rénové. Les six premiers étages reflètent désormais les plus purs styles
Louis XV, Régence et Louis XVI. Les 7e et 8e étages jouent, eux, la carte Art Déco.
Cette cure de jouvence a bien sûr mobilisé "hommes" et "esprits"
comme en témoignent les chiffres suivants : |
-Développer la promotion du palace
-Concevoir une nouvelle carte
-Recueillir les besoins des clients
-Planifier l'activité : occupation des chambres, occupation des salons, réservations des
restaurants
-Préparer l'arrivée des clients/hébergement
-Préparer l'arrivée des clients/restauration Accueillir le client/hébergement
Accueillir le client/restauration Assurer le confort et la sécurité du client pendant
son séjour
-Proposer des services associés : coiffeur, coffres, change, conservations des biens du
clientPréparer et accompagner le départ du client
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L'HÔTELLERIE n° 2683 Magazine 14 Septembre 2000