m Brigitte Ducasse
Au cur du Périgord noir, à 30 km de Bergerac, le Manoir de Bellerive est un havre de paix et de sérénité absolue. Originaire d'Alsace, Marcel Clévenot a succombé à son charme alors qu'il était en vacances dans la région. "Au départ, je voulais en faire un hôtel de 10 chambres. C'était une pure folie car tout était à refaire. En tant que consultant financier en hôtellerie, je savais que c'était déraisonnable. Mais je n'ai pas pu résister." Cette demeure, construite en 1830 en style directoire, remaniée par Napoléon III et qui avait appartenu dans les années 50 à la petite-fille de Raymond Poincaré, était à abandon. La rénovation prend 4 ans, de 1986 à 1990. Le résultat est à l'image de son propriétaire : ni chic ni choc... Juste un hôtel de charme de 25 chambres au cur d'un parc de 4 hectares donnant sur la Dordogne, rénové comme une maison particulière avec ses meubles patinés. Lorsque Eric Barbe rencontre Marcel Clévenot, il est touché par cet homme jovial, d'une courtoisie sans égale, d'une gentillesse infinie et d'une franchise absolue : "On s'était donné 3 ans pour obtenir une étoile. Cette reconnaissance va nous permettre, je pense, de stabiliser l'établissement." Car si Le Manoir de Bellerive, membre des Relais du Silence et de la chaîne Châteaux et Hôtels de France, attire sans problème durant l'été une clientèle fidèle, au printemps et à l'automne l'activité est en dents de scie. Marcel Clévenot ne pouvait se tromper en recrutant son chef : "Je n'ai eu que de bons échos au sujet d'Eric Barbe. Sa cuisine correspondait à ce que je souhaitais : une cuisine bien travaillée à partir des produits du terroir. C'est la simplicité qui paye le plus."
Il ne pensait pas en faire son métier !
Eric Barbe n'a pas honte de le dire. A 14 ans, la cuisine, il n'y pensait pas ! Deux
choses le passionnaient : le ballon ovale - jusqu'à devenir avec son équipe de
Peyrehorade champion de France minimes - et la photo. Un problème de dossier mal ficelé
lui ayant interdit l'accès à l'école de photographie d'Orthez, il opte pour la cuisine.
Dès son apprentissage dans les Landes, il prend goût au métier, confirme ses dons au
cours d'un itinéraire qui le mène d'abord chez l'un des plus importants traiteurs de la
capitale, puis chez l'un des meilleurs pâtissiers de Paris, chez Millet, avant d'entrer
en cuisine chez Joël Robuchon. Là, il acquiert "une certaine confiance et une
maturité". Puis il traverse la Manche afin de travailler avec Raymond Blanc au
Manoir aux Quat'saisons à Oxford. Au bout d'un an et demi, c'est le retour au pays et
l'appel du Sud-Ouest le conduit au Pays Basque, à Urt chez Christian Parra. Ce "monument
historique en charge de la défense et de l'illustration des plats traditionnels"
comme le définissent certains critiques gastronomiques, influence plus que quiconque Eric
Barbe. "Tous les produits me rappelaient mon enfance. Nous partagions la même
sensibilité, nous parlions le même langage." Eric Barbe a trouvé son maître,
mais a su couper le cordon pour voler vers d'autres cieux. Dans sa quête d'un ailleurs,
son chemin croise celui de Marcel Clévenot. On connaît la suite. "Aujourd'hui,
mon objectif est de conserver cette étoile. On va travailler pour. Nous allons consolider
notre équipe."
Cette année est assurément un grand cru pour Eric Barbe avec une étoile, et un second
enfant attendu pour le mois de juin. Que demander de plus ! n
Le Manoir de Bellerive
Route de Siorac
24480 Le Buisson-de-Cadouin
Tél. : 05 53 22 16 16
Fax : 05 53 22 09 05
Internet : www.manoir-bellerive.com
E-mail : manoir.bellerive@wanadoo.fr
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L'HÔTELLERIE n° 2664 Magazine 4 Mai 2000