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Contrefaçons et obligations
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Des lois qu'il vaut mieux connaître

Gain de temps, rapidité et stockage sont autant d'avantages apportés par l'informatique dans la gestion d'un établissement. Mais il faut être vigilant et respecter deux obligations : payer les logiciels que vous utilisez et déclarer vos fichiers clients à la Commission nationale informatique et liberté.

m Cyril Pouant

L'informatique est devenue en quelques années incontournable. Petit à petit, elle investit le secteur des CHR. En effet, de plus en plus de logiciels performants leur sont destinés. Ceux-ci permettent par exemple de faciliter la comptabilité de l'entreprise, de gérer les différents stocks de marchandises, ou, plus simplement, permettent d'envoyer des mailings aux clients.
Cependant, l'informatique est soumise à la loi sur le droit d'auteur qui interdit expressément la copie de logiciels, même à titre privé. Des agents assermentés peuvent à tout moment venir dans votre établissement et demander à vérifier votre installation informatique. Il vaut mieux en ce cas être en règle. Les économies de bouts de chandelles réalisées grâce à la copie de programmes pourraient vite se transformer en grosse amende.
Certes, la copie des logiciels est aisée, d'autant plus qu'il existe désormais des outils à des prix abordables facilitant grandement la reproduction des programmes. Toutefois, elle reste interdite par la loi.
En effet, le logiciel est soumis au droit d'auteur, qui exige que toute représentation, diffusion ou reproduction soit soumise à l'autorisation expresse de l'auteur. Si ce dernier ne donne pas son autorisation à la reproduction de son œuvre (comme c'est le plus souvent le cas), personne ne peut le faire à sa place. L'auteur est en effet rémunéré sur le prix de chaque exemplaire vendu. Si chacun effectue de son propre chef une copie de son logiciel, l'auteur ne percevra aucun salaire pour son travail et ne pourra donc pas faire évoluer son programme comme il l'aurait pu dans le cas contraire. En effet, la création d'une telle œuvre exige du temps de développement, et donc de l'argent.
Il convient donc de s'assurer que vous disposez bien d'une licence pour chaque logiciel installé sur vos ordinateurs. Attention, il est en effet interdit d'installer un même logiciel sur plusieurs ordinateurs différents si vous ne disposez que d'une seule licence. Il faut impérativement disposer d'une licence par ordinateur, et donc avoir payé le logiciel autant de fois que d'ordinateurs sur lesquels vous comptez l'installer.

1 000 000 francs et 2 ans d'emprisonnement pour une copie illicite
Posséder un logiciel original donne certains droits à son propriétaire : celui-ci bénéficie en effet la plupart du temps d'un support technique qui s'avère dans de nombreux cas nécessaire, notamment si l'utilisateur est novice en informatique. En ce qui concerne les logiciels professionnels, le prix (souvent important) payé pour l'acquisition d'une licence couvre le plus souvent une maintenance évolutive ou corrective du logiciel pendant une certaine période. En ce cas, durant toute ladite période, l'utilisateur qui a acquis sa licence reçoit de manière régulière les évolutions du logiciel, les corrections apportées aux différentes erreurs inévitables dans les programmes informatiques et les évolutions rendues obligatoires par les pouvoirs publics (lors, par exemple, d'une modification du taux de TVA applicable au secteur dans le cas d'un programme de gestion).
Enfin, dernière raison mais non des moindres de respecter la loi, il est possible qu'un jour un agent de l'Agence de protection des programmes vienne dans votre établissement et demande à vérifier l'ensemble des logiciels présents sur les ordinateurs de votre commerce ou de votre société. Cet agent est assermenté par le ministère de la Culture et est autorisé à effectuer de telles vérifications dans tous les lieux recevant du public (dont les CHR). S'il trouve des copies illicites de logiciels sur votre ordinateur, l'agent rédige un procès-verbal transmis aux autorités. Les peines encourues sont celles prévues par l'article L 335-2 du Code de la propriété intellectuelle qui dispose que les contrefaçons sont punies de 1 000 000 de francs d'amende et de deux ans de prison.

200 000 francs pour le non-respect de la loi "informatique et liberté"
Outre l'interdiction de copier des logiciels, vous êtes soumis à d'autres obligations, notamment celles liées à la loi "informatique et liberté".
Lorsque vous opérez la gestion de votre établissement au moyen de l'outil informatique, vous êtes nécessairement amené à entrer des informations nominatives sur certaines personnes (vos clients notamment, en général leurs nom, adresse, coordonnées téléphoniques et montant de la note). En ce cas, vous êtes soumis de par la loi à de nombreuses obligations :
La première de celles-ci est de déclarer à la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) le fichier nominatif que vous désirez créer. Vous devrez en particulier en préciser les caractéristiques, le but, les personnes ou catégories de personnes ayant directement accès aux informations enregistrées, les informations enregistrées ainsi que la durée de conservation de ces informations.
La loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 fut instaurée pour protéger les personnes contre l'utilisation abusive des outils informatiques, et notamment les utilisations de fichiers enregistrant les informations à caractère privé et personnel.
Il est par exemple interdit d'enregistrer dans un fichier informatique des données nominatives qui font, directement ou indirectement, apparaître les origines raciales, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou les appartenances syndicales des personnes.
La loi institue le droit, pour chaque personne enregistrée dans un fichier informatique, de s'opposer, pour des raisons légitimes, à ce que les informations nominatives la concernant soient utilisées. De plus, chaque personne enregistrée dans une telle base de données peut demander à accéder aux informations la concernant ; elle peut également demander à ce que les informations qui la concernent soient rectifiées, complétées, mises à jour ou effacées si elles sont inexactes, incomplètes ou périmées.
Toutes ces dispositions sont encadrées par des textes répressifs. En effet, la responsabilité pénale de la personne ayant créé ou fait créer de tels fichiers nominatifs peut être engagée en plusieurs occasions.
En premier lieu, les personnes n'ayant pas effectué de déclaration préalable à la création de tels fichiers sont passibles d'un emprisonnement de six mois à trois ans, et d'une amende de 2 000 à 200 000 francs. D'autres dispositions punissent de peines de un à cinq ans de prison et d'une amende de 200 000 francs le fait de conserver des données faisant apparaître les appartenances ethniques, philosophiques ou religieuses de personnes pouvant être identifiées ou de collecter les données de manière frauduleuse.
Pour plus de renseignements sur ces dispositions, la Commission nationale informatique et liberté est là pour vous répondre. n

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L'HÔTELLERIE n° 2630 Magazine 9 Septembre 1999

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