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L'Estacade à Bordeaux
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Une déferlante sur la Garonne

Depuis son ouverture, le 12 octobre dernier, le premier restaurant les pieds dans l'eau à Bordeaux ne désemplit pas. La magie du lieu opère...

mBrigitte Ducasse

Même sans enseigne, impossible de le rater. Sur la rive droite, ancré face à la place de la Bourse, l'Estacade semble flotter sur l'eau bien amarré pourtant sur des pieux à 23 mètres de profondeur. Les architectes bordelais, Patrick Baggio et Anne Piechaud, ont choisi naturellement de privilégier la vue, avec, sur trois côtés, de larges baies vitrées ouvertes sur le fleuve. Simplicité des matériaux, du zinc, du verre et du bois pour le bâtiment, cordage pour les chaises et un fond musical, du jazz de préférence, pour un lieu magique qui se veut avant tout convivial et décontracté.
Il y a trois ans déjà que Jean-Marie Esposito, ancien restaurateur bordelais - le Passé Simple, le Piano en Croûte, Joël D -, rêvait d'un tel site. Il ne fut pas seul mais sa ténacité et son habilité lui ont permis de franchir les obstacles. Avant de soumettre son projet au port autonome, le gestionnaire du fleuve, il a demandé à des amis architectes de dessiner des plans. Mieux que les mots, la maquette a séduit et la concession de 25 ans renouvelable automatiquement a été donnée en juin 1996. Seconde étape, le permis de construire, accordé par la mairie dix mois plus tard. Les travaux ont ensuite réservé quelques surprises et engendré des retards avec notamment la mise à jour d'épaves de bateaux. Finalement le plus simple fut de réunir les fonds : 3,5 millions de francs (y compris les petites cuillères), dont 2,5 millions pour la seule construction du bâtiment d'une superficie de 374 m2. Jean-Marie, actionnaire majoritaire avec 60 % du capital, s'est associé à quatre amis : deux informaticiens, un expert-comptable et un marchand de vins qui fournit la majorité des boissons de l'établissement. "Des vins généralement du cru et d'un excellent rapport qualité/prix, mais aussi des champagnes, des alcools..." L'Estacade possède en effet une licence IV.
Aujourd'hui, le ciel est bien dégagé. Seule déferlante, la clientèle -180 couverts par jour - et ce, en limitant volontairement le service le soir. "Au départ, nous réalisions près de 250 couverts uniquement le soir, c'était ingérable, la qualité du service s'en ressentait, explique Jean-Marie. Les gens aiment s'attarder, admirer la vue, d'autant qu'à la tombée de la nuit le pont de Pierre et la place de la Bourse, grands bénéficiaires du Plan Lumière initié par la Ville, sont superbement éclairés." D'où l'idée de ne faire qu'un seul service le soir, soit 120 couverts.

Une carte s'inspirant des produits de la mer
Pour assurer la restauration, Jean-Marie Esposito a fait appel à l'un de ses anciens cuisiniers. Venu avec toute son équipe, dont un excellent pâtissier, Frédéric Montemont, tout juste 29 ans, a un solide parcours démarré en 1986. Il a travaillé dans des Relais & Châteaux, auprès de grands chefs étoilés et a conservé de ses passages en Provence un goût certain pour la cuisine ensoleillée du Sud : pâtes fraîches, tomates séchées, aïoli, pissaladière... "Je suis venu ici pour faire une cuisine qui me plaît, sans prétention", annonce-t-il. Le poisson y tient une bonne place, venu de la côte basque ou d'ailleurs et préparé de multiples façons. Les viandes jouent les classiques du cru avec l'agneau de Pauillac, le magret de canard, ou l'incontournable entrecôte... et propose une spécialité maison : steak tartare "Estacade". Ce jeune chef gère la cuisine de bout en bout, depuis les commandes et achats jusqu'au personnel en passant par la comptabilité.
"A midi, malgré un menu attrayant à 89 F, les clients choisissent plutôt des plats à la carte", indique-t-il. Le ticket moyen s'élève à 200 F vin compris dont 75 à 80 F le midi.
L'Estacade attire le Tout-Bordeaux et plus encore. On ne compte plus les conférences de presse ou les repas d'affaires qui ont adopté ce lieu, rapidement accessible depuis le centre-ville. Et ce n'est qu'un début. Dans moins d'un an, dans la gare de Bordeaux située à quelques mètres, s'ouvrira un multiplexe cinématographique de 17 salles et de 3 000 fauteuils... Seul danger pour l'Estacade : être rapidement débordée. n


Depuis la terrasse, vue sur la Garonne et les bateaux de plaisance amarrés à la place des Quinconces.


L'Equipe de l'Estacade, avec Jean-Marie Esposito à gauche, aux côtés de Frédéric Montemont, son jeune chef.


Même au fond de la salle, la vue est magique, face à la place de la Bourse du XVIIIe siècle.

L'Estacade en chiffres

Création 12 octobre 1998
Coût total y compris l'équipement 3,50 MF dont 2,5 MF pour le bâtiment
Superficie 374 m2 dont 200 m2 de salle
Capacité 80 couverts et 50 en terrasse
Effectif 14 personnes dont 9 à temps plein
Ticket moyen 200 F
Ouverture 7 jours sur 7


L'HÔTELLERIE n° 2616 Magazine 3 Juin 1999

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