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Côtes de provence

Le paradis des rosés sourit aux rouges

Les côtes de provence rouges n'ont pas à... rougir. Si la demande à l'export favorise le commerce, les vignerons sont conscients du potentiel. La production a d'ailleurs fait un bon de cinq points l'an dernier.

Par Sylvie Soubes

Résumer une carte des vins rosés à un seul côtes de provence est une injure faite au travail des vignerons, au terroir méridional, à l'incroyable richesse qui se cache derrière cette appellation. Il n'y a pas un rosé en côtes de provence mais une constellation de vins. On distingue d'ailleurs traditionnellement cinq grandes zones de productions, chacune bénéficiant d'un microclimat et d'un type de sol bien spécifique : la zone du massif de la Sainte-Victoire (grès argileux), le bassin du Beausset (calcaire), les collines du Haut-Pays (sols à dominante calcaire), la vallée intérieure (argilo-sableux) et la bordure maritime du massif des Maures (schistes et granits).
Quant aux vins, secs et fruités dans leur généralité, la dégustation grimpe en intérêt lorsque s'expriment les petits rendements et la personnalité du vigneron. Des hommes et des femmes très surprenants d'une propriété à l'autre. Rien à voir avec la France profonde. Professeurs d'histoire, chefs d'entreprise, avocats internationaux... même les viticulteurs issus du sérail ont avec eux de solides bagages. Sans parler de l'intérêt que suscite le vignoble pour les étrangers. Une réalité, sans doute économique, et qui sied à la vigne puisque depuis trente ans la qualité n'a cessé d'augmenter. Si cette qualité porte le nom, à l'origine et encore, des Ott, Minuty ou Sainte-Roseline, ces domaines, maîtres à penser, ont fait des émules. Guy Negrel, Régine Sumeire ont marqué de leur empreinte, à leur tour, les côtes de provence rosés. Vins à boire dans l'année ou vins de trois à quatre ans, ou plus... ces rosés ne sont pas de petits vins. Pour les découvrir, rien ne vaut un voyage en Provence viticole. Bien sûr, il faut arpenter routes et autoroutes. Traverser dix fois Toulon, toujours encombré par la circulation, et se perdre dans les chemins pentus de l'arrière-pays. Ne pas avoir non plus d'idées préconçues, l'ennemi juré des rosés. Des rosés qui représentent près de 80 % de la production de l'AOC.

1998, un millésime favorable aux rouges
L'an dernier, le millésime a été, si l'on en croit les experts, particulièrement favorable aux rouges avec des raisins dont la maturité atteignait de beaux degrés d'alcool et une vendange saine. Dans le même temps, les côtes de provence rouges bénéficiaient de l'envolée des cours à Bordeaux. Les acheteurs regardent désormais ailleurs. Le Bordelais et la Bourgogne ont perdu leur suprématie tandis que l'image des vins français reste une garantie. Ajoutez ici le phénomène du french paradoxe. Tous ces ingrédients ont tiré les ventes vers le haut. La production est d'ailleurs passée de 10 à 15 % en 1998. Ces rouges, dont les porte-drapeaux (superbes aussi dans les autres couleurs) sont aujourd'hui La Bernarde, Gavoty, Peyrassol, La Courtade, Richeaume, Réal Martin... sont, dans l'ensemble, des vins nerveux, aromatiques, amis du temps.
Si les côtes de provence sont une référence obligatoire quand on parle rosé, les rouges méditerranéens n'ont pourtant pas la même audience auprès du public. Les côtes de provence rouges tiennent néanmoins une place respectable dans la restauration provençale. Au-delà des Alpilles, c'est un peu plus difficile même si certains établissements sont prêts à tenter l'aventure. Ce sont des vins qu'il faut situer, en fait, hors saison estivale. Il existe, certes, des rouges friands, à déguster frais et dans l'année suivant leur vinification. Mais la majorité tend aux crus charpentés, dont les robes pourpres et les tanins développent beaucoup plus tard des "nuances tuilées, des éclats vermeils" selon le comité interprofessionnel. Un comité qui met, en 1999, l'accent sur les rouges de garde, à servir plus tard dans l'année. En automne par exemple.

Comment appréhender la région ?
La carte de la qualité, quelle qu'en soit la couleur, soulève pour les côtes de provence un autre débat : la cohérence de gamme. Un côtes de provence n'est pas un vin générique, ce n'est pas le vin générique de la Provence. En outre, pour les consommateurs occasionnels, voire les spécialistes étrangers, rien sur l'étiquette ne permet de différencier un grand côtes de provence d'un petit. L'échelle qualitative ne suit pas forcément la courbe des prix. Ces trois aspects, pour l'instant sans autre solution que l'acharnement des viticulteurs à faire valoir la beauté de leurs crus et celui des amateurs de vin à défendre le vignoble avec leurs coups de cœur, limitent, freinent, réduisent les possibilités régionales. Il suffit, pour s'en rendre compte, de s'attarder dans les foires aux vins, chez les cavistes et de feuilleter les cartes des restaurateurs, passés la montagne Sainte-Victoire et le charme des vacances. Question d'image.

Si vous souhaitez mieux faire connaissance avec les côtes de provence et leur région, une adresse : celle de CIV des côtes de provence, Maison des Vins, 83460 Les Arcs. Tél. : 04 94 99 50 10. Fax : 04 94 99 50 19.

 
Une viticulture de plus en plus rigoureuse favorise naturellement l'élaboration des vins de garde.


Rosés, rouges et blancs sont les couleurs viticoles de la Provence. En côtes de provence, si le rosé domine, le rouge... n'a pas à rougir.


Cinq grandes zones de production entre Méditerranée et montagne
Sainte-Victoire.


L'HÔTELLERIE n° 2603 Magazine 4 Mars 1999

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