LICENCE IV
Bière
Bière artisanale
Le banquier breton devenu brasseur
Un ancien cadre de la Société Générale brasse sa bière au fond
du Périgord. Malgré sa conception bio, le produit vise un vaste marché de caves ou de
bars.
Par AMPco
14 ans d'agence bancaire à Paris, des diplômes
financiers en poche, Jean-Yves Jego avait son avenir tout tracé. Pourtant, à 39 ans,
lassé d'une routine sans perspective et attiré par le goût d'entreprendre, ce Breton
s'est lancé dans la brasserie, s'implantant à Nastringues. Arrivé en mai 98, installé
dans la région la plus reculée du Périgord, Jean-Yves Jego a investi 1 MF dans un local
trouvé par hasard et par opportunité (une ancienne ferme). Un stage à l'Ecole
française de brasseries et un tour de France documentaire lui ont permis d'affiner son
projet, tant au niveau du produit que de ses futurs clients. «La bière, c'est une
tradition en Bretagne, où existent une dizaine de brasseries artisanales. Ici, en
Dordogne, il n'y en a pas une seule, ce qui évite la concurrence.» Passionné par la
nature et ses produits, l'ex- cadre responsable du secteur textile au siège de la
Défense, décide de brasser une boisson aux normes biologiques. Aidé par son épouse, il
met au point la «Korlène» -rousse- et la «Félibrée», (blonde) composées de
houblons importés d'Allemagne, d'assemblages de malt de blé et d'orge, avec quelques
baies de genièvre. En attendant une troisième bière à naître fin 98 qui sera
fabriquée triple grain (Maltée d'Orge, de Sarrasin et de Petite Epeautre).
Stratégie et nature
«Mais la bière, c'est de l'eau, précise Jean-Yves Jego, et la qualité des
eaux périgourdines a été une des raisons de notre choix d'implantation. Bien
évidemment, en délaissant la banque à mon niveau, je me remettais en question, mais je
ne suis pas parti au hasard.» Après une solide étude de marché qu'il aura
réalisée grâce à ses connaissances financières, Jean-Yves Jego a mis ses produits au
point, avant de les commercialiser. La Félibrée comme la Korlène sont pur malt,
refermentées de bout en bout, non pasteurisées, sous label bio. Conçues à partir des
techniques traditionnelles, (simple infusion de malt d'orge et de blé, absence de
filtration), elles se veulent «vivantes» tant au niveau gustatif que diététique, se
bonifiant avec le temps. Déclinées en plusieurs présentations (33 et 75 cl, en cartons
de 3 ou de six), elles se vendent sur le comptoir (dans les foires locales) de 13 à 26 F
l'unité ou s'emportent en pack.
Plusieurs circuits commerciaux
On les trouve également dans plusieurs grandes surfaces spécialisées
(nature et bio) à travers le grand Sud-Ouest, de Périgueux à Bordeaux mais également
dans certains bars à bières ou à vins (tel «Aux Toqués de la Bière» rue Pierre
Sémard à Périgueux). La promotion se fait par le biais de différentes manifestations
régionales auxquelles participe le brasseur, mais également par le bouche à oreille et
la publicité dans divers journaux locaux. Pour Jean-Yves Jego - qui envisage de
s'adjoindre un commercial professionnel - cette expérience réussie ouvre d'autres
portes. Un référencement est également en cours chez Promo-Cash. Côté production,
Nastringues sort actuellement 9.000 cols par mois, sous l'enseigne de la Brasserie du
Canardou. La cadence de 50.000 litres annuels devrait être atteinte en 99, l'inventeur
ayant en bon banquier fait ses comptes. Avec un seuil de rentabilité fixé à 500 KF pour
l'année prochaine, il estimera avoir réussi son challenge. Deux emplois ont été
créés à ce jour, d'autres le seront au fur et à mesure que grossira l'entreprise. «La
bière bio, de bonne qualité, est un produit porteur», affirme le brasseur.

«La bière bio, de bonne qualité, est un produit porteur», affirme Jean-Yves
Lego.
L'HÔTELLERIE n° 2581 Magazine 1er Octobre 1998
