C'est lors d'un voyage d'études en France au cours
de l'année 1771, que Gustave III découvre les fastes de Versailles, version Louis XVI.
De retour dans son froid pays, il rétablit alors la toute puissance de la couronne et
instaure un fastueux cérémonial : appartements d'apparats, rituels du Lever et du Grand
Couvert, etc. Mais à côté de son goût du culte de la personnalité, Gustave III
possède une sensibilité hors du commun pour le beau.
Ainsi la Suède aura-t-elle ses palais, ses artistes et son armée de courtisans éblouie
par le charisme du monarque. Le style Louis XVI est au centre de toutes les inspirations.
Cependant, le roi de Suède se laisse également séduire par le style pompéien. La
récente découverte du site l'impressionne beaucoup. Ses appartements porteront donc des
marques résolument néo-classiques : des murs nus ornés de médaillons et bas-reliefs
d'inspiration antique, des colonnes et peintures en trompe-l'oeil. Mais c'est surtout dans
son château de Gripsholm que le style gustavien s'exprimera dans tout son raffinement.
Les traditionnelles cheminées sont remplacées dans toutes les pièces par de ravissants
poêles en faïence décorés de motifs bucoliques mono ou polychromes. Peints dans un
blanc perlé proche du gris, les meubles sont disposés selon une jolie symétrie qui
donne à l'atmosphère calme et sérénité. Ici, ni lourdes tentures ni velours traînant
au sol. Mais de fins rideaux blancs légèrement drapés, mariés à des stores aux
allures contemporaines. Dans la chambre de la reine Sophia Magdalena, apparaîssent les
rideaux de soie à carreaux rouge et blanc, devenus si typiques du style nordique.
En vogue, les fameux poêles de faïence et les tissus à carreaux
Le style gustavien, c'est aussi des lits à baldaquin s'entourant d'épais tissus
destinés à protéger du froid. Des parquets bruts grisés par le temps et le savon. Des
trompe-l'oeil ornés de fleurs ou de colombes, et l'arrivée de la couleur dans le décor.
Le mobilier comme les tissus se parent des teintes de la nature : bleu, jaune, vert, gris.
Unis ou imprimés, les étoffes sont de lin et de coton. Quant aux fameux tissus à
carreaux, ils existaient à l'époque, en dix tailles différentes. En vogue également,
mais moins célèbres, les rayures et motifs simplistes : fleurettes alignées et petits
motifs géométriques.
Aujourd'hui, les pièces authentiques restent introuvables. Aussi certains fabricants se
sont-ils inspirés de cet esprit pour recréer et éditer des lignes gustaviennes. Nobilis
a repris les trames d'une fabrique du XVIIIème siècle pour faire réaliser
des tissages à l'identique. Cette maison édite également un mobilier fabriqué selon
les techniques de l'époque.
Quant à Ikea, il affine son identité suédoise en réalisant une collection gustavienne
fidèlement inspirée de meubles
sélectionnés avec l'Office de conservation des antiquités du Royaume. Ainsi trouve-t-on
chez Ikea, une ligne de mobilier, tissus, vaisselle, miroirs, appli-
ques et accessoires de qualité, scrupuleusement reproduite.
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Un style facile à imiterCe style n'implique aucun bouleversement structurel et sa simplicité le rend accessible à tous. Il suffit de draper un tissu de lin ou de coton au-dessus d'une fenêtre, de badigeonner de peinture claire un vieux meuble défraîchi, de peindre en gris clair les lambris et l'encadrement des portes... De choisir des meubles simples et fonctionnels et de les disposer selon une agréable symétrie qui transmet calme et sérénité à l'atmosphère. Quelques miroirs et bougies, et le tour est joué. Et surtout, respecter la règle d'or du style suédois : épurer plutôt que surcharger. |
Couleurs et peinturesEn Suède, pays où la pénombre règne la moitié de l'année, les habitants ont appris à utiliser la couleur pour égayer l'intérieur de leurs demeures. L'hiver, lorsqu'un pâle soleil miroite sur la neige, les blancs et délicats gris gustaviens permettent de tirer le meilleur parti de la lumière. Tandis que les décors peints sur les murs et les meubles apportent chaleur et gaieté. Le jaune, le bleu et le vert évoquent l'été et réchauffent les coeurs. |
L'HÔTELLERIE n° 2578 Magazine 10 Septembre 1998