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LICENCE IV
Portrait

Fidèle à la nuit

Avec l'esprit de famille

Depuis 17 ans, chaque nouvelle génération de Clermontois se retrouve au Phidias, une étonnante discothèque installée dans une belle maison bourgeoise du début du siècle. Son propriétaire, Boudu, raconte.

Par Sylvie Soubes

Au dessus de Clermont-Ferrand, la petite commune d'Orcines ouvre sur le parc naturel des Volcans. Quelques grandes maisons en pierre de lave se dressent si hautes qu'elles semblent rejoindre le ciel. L'une d'elles, un peu en retrait de la route, un peu en retrait de la ville, s'élève au bout d'un sentier qui grimpe sec et s'enroule autour de la bâtisse. Depuis 17 ans, elle abrite Le Phidias, une discothèque. Surprenant décor, dont l'authenticité échappe aux règles de la nuit. Vous voici chez Serge Marc, Boudu pour les intimes. Un homme petit par la taille, mais grand par le sourire et le professionnalisme. Il affiche pas loin de 30 ans de métier tout de même !


Serge Marc, dit Boudu, et son épouse.

Quand on lui demande, c'est quoi un bon patron de discothèque, l'oeil vif et pétillant, la voix amusée il répond : «c'est quelqu'un qui a appris sur le tas avec des professionnels». Vrai de vrai ? «Ce métier ne s'apprend pas dans les livres mais au contact des gens». Il ajoute «je crois qu'il faut aimer les gens et savoir aussi évoluer avec les générations. Ça bouge vite les générations, tous les trois à quatre ans. Et à chaque fois, il faut savoir se remettre en cause».

Le Phidias a toujours appliqué cette politique. Le changement dans la continuité. Une volonté de conserver un même esprit, sa propre identité, tout en s'adaptant. Résultat : on va chez Boudu, pas dans une boîte quelconque.

«Ici, reprend Boudu, je n'ai pas trop besoin de faire des animations. En revanche, parce que la majorité des clients sont des habitués, il faut savoir, des fois, leur offrir un verre. Je pense qu'une boîte, à l'heure actuelle, il faut la rendre familiale dans la mesure où les jeunes, de plus en plus, viennent boire un verre comme s'ils venaient chez un copain.» Ils sont chez eux en fait, ces clients. Certains ont leur table attitrée, les uns préfèrent la véranda, les autres le piano-bar ou le billard. «Que ce soit les barmen ou moi-même, il est important d'être à l'écoute des gens. Il m'arrive de m'asseoir avec eux, ça leur fait plaisir».
Boudu connaît bien ses troupes, toutes tranches d'âges confondues.


Entre piano-bar et terrasse, un coin billard.

Quand la musique est bonne

Au Phidias, si la musique est bonne, c'est grâce à Eric. Belle allure, yeux bleus, vêtu de noir et 17 ans de présence... On a du mal à y croire. Dans l'esprit, un DJ, ça va, ça vient. Mais dans sa cabine de DJ, Eric surf allégrement au fil des générations. Son remplaçant les jours de congé : le fils de la maison.

Comment Eric conçoit-il son métier ? «C'est beaucoup en fonction de la clientèle et nous passons de Noir Désir à Dutronc, de la disco à la techno française, de la funk à la new wave. L'important, c'est que les gens se retrouvent dans la musique».

Boudu reprend «le jeune, aujourd'hui, est tellement mal dans sa peau qu'il en devient agressif. Il manque d'assurance, c'est sûr. Mais on leur a enlevé leur assurance à ces jeunes. Un rire peut les vexer, ils sont vite susceptibles mais ils ne sont pas méchants. Leur loisir, c'est moins la drogue que la discussion. Heureusement. Ce qu'ils aiment, c'est être entre amis et discuter, partager des instants».

Des problèmes de drogue au Phidias ? Non. «J'ai toujours été catégorique là dessus et je n'ai jamais changé d'attitude. Quand il m'est arrivé de surprendre certaines choses, j'ai immédiatement réagi en mettant ces mauvais clients dehors. Ce n'est pas le genre de la maison et ça se sait dans la région. Voilà tout.»

Les boissons qui se vendent : comme dans la plupart des discothèques aujourd'hui, des alcools à 40°, et pour les plus sages, pas mal de bières dont la Desperados. Si les ventes de champagne ont considérablement diminué, c'est à cause des prix. «Les consommateurs n'ont plus les moyens de s'offrir du champagne, c'est trop cher pour eux». Fonctionnement du Phidias : ouverture des portes à 21 h 30. La première vague de clients arrive et donne le ton jusqu'à minuit. Ensuite, c'est l'heure creuse. Reprise de l'activité de 2 à 4 h, la lumière tombe à 5 h. Fermé dimanche et lundi, sauf veilles de fêtes.

Quelques chiffres

- 5 barmen
- 2 portiers
- 220 m2 en piano bar
- 230 m2 en discothèque pure
- capacité de 1.000 personnes


L'HÔTELLERIE n° 2560 Magazine 7 Mai 1998

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