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	du 23 septembre 2004	L'ÉVÉNEMENT

VOUS RÉAGISSEZ

Comment percevez-vous l'idée que votre établissement puisse un jour devenir entièrement non-fumeur ? Micro.

Propos recueillis par S. Soubes

Jean-Paul Auclair, groupement 'Défense et survie des cafés, hôtels, restaurants, artisans et commerçants de Bourgogne'.
"Nous avons enregistré cet été dans la région quelque 12 fermetures définitives, de structures allant de 1 à 7/8 personnes. De mémoire, sur l'année 2000, il y a eu 250 fermetures d'établissement. Nos professions, notamment en campagne, sont de plus en plus fragilisées. En ce qui concerne le tabac, j'ai surtout l'impression qu'on fait tout aujourd'hui pour pénaliser le commerce de proximité et mettre des amendes. Je crains que dans quelques années, on ne puisse même pas cuisiner un bÏuf bourguignon…
Je fais la comparaison volontairement. On est dans l'excès et on manque de bon sens. Dans mon hôtel, les gens demandent s'ils peuvent fumer dans les chambres. C'est bien ainsi. Il ne faut pas que l'administration nous demande d'être des gendarmes. Bientôt, on va nous obliger à demander à nos clients de vider leurs poches. Pas de cigarettes, c'est bon, vous pouvez entrer. Et s'il y a un problème, c'est à nous qu'on mettra les menottes…"

Angélique et Sébastien Dufour, Restaurant Le Parc à Lisieux, dans le Calvados.
"Les fumeurs vont très mal prendre ce type de mesure. Chez nous, la partie fumeur est en mezzanine. C'est vrai qu'ils sont contents d'avoir un lieu pour eux, qui les sépare sans les éloigner complètement de la salle. Nous avons beaucoup de non-fumeurs. La clientèle qui fume associe le geste à un moment de plaisir qui vient en complément du repas. Ça va être très difficile de leur dire non. [Angélique] En tant qu'ancienne fumeuse, je trouve dommage qu'on ne laisse pas le libre arbitre aux personnes. Et que faire des personnes qui fument le cigare après le repas ? Je pense que cela ferait plus de tort que de bien. Personnellement, je ne supporte plus la fumée, mais ce n'est pas pour ça qu'il faut tomber dans l'extrême inverse. Nous sommes en démocratie. Si on bascule dans l'interdiction totale, c'est, à mes yeux, le moyen de classer les gens. C'est de l'extrémisme."

Bernard Bouni, L'Auberge du Vieux Chêne à Malemort-sur-Corrèze près de Brive.
"Si on en arrive là, c'est catastrophique. Le bar, c'est un moment de convivialité pour discuter et fumer une cigarette
si on en a envie. Fumer une cigarette, c'est un petit plaisir qui existe. Ce sera très difficile d'interdire de fumer au bar. Déjà que le bar est en chute libre… Vous savez, c'est un endroit un peu à part dans la restauration. Si on lui met des interdits supplémentaires, ça n'ira plus du tout. Chez moi, on a amélioré la salle en installant une grosse extraction qui nous a permis de laisser une partie fumeur. Nous avons une clientèle de commerciaux et de passage. On est bien noté au Michelin et au Routard, nous avons aussi 2 cheminées aux Logis de France. Nous faisons aussi bar-tabac-presse. Les gens font l'effort de quitter l'autoroute pour venir chez nous, et on gère sans problème les fumeurs et les non-fumeurs. Le principe d'interdiction totale me fait peur, très peur. Je suis aussi buraliste et ce métier est reconnu par l'Etat."

Richard Maria, La Siesta (casino et restaurant en bord de mer) à Antibes, dans les Alpes-Martimes.
"C'est vrai que la tendance est aux lieux ouverts au public non-fumeur. Cela dit, certaines personnes à la fin d'un repas apprécient de fumer un cigare avec un cognac et beaucoup de dégustations vont dans ce sens, dans le plaisir de découvrir, ensemble, eaux-de-vie et cigares. La cigarette, dans un restaurant, c'est différent. Je ne suis pas pour l'interdiction pure et dure. Je serais de toute façon pour la création de fumoirs. Chez nous, nous avons trois lieux de restauration et il y a des parties non-fumeur et fumeur comme le permet la loi. Ce serait très mal perçu par notre clientèle si on devait lui interdire complètement de fumer. Vous savez, je viens de la principauté de Monaco et la clientèle, là-bas, est libre de fumer ou non. Fumer un cigare, c'est terminer un bon repas. Ça va dans la continuité du repas et du moment de détente. Moi qui suis non-fumeur, je conçois que des aménagements d'espaces soient nécessaires. Je suis pour préserver des espaces, dans les deux sens." zzz32 zzz24 zzz22v

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L'Hôtellerie Restauration n° 2891 Hebdo 23 septembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE