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L'ÉVÉNEMENT

Guide Rouge 2002

L'ARNSBOURG, LEDOYEN ET GUY SAVOY, NOUVEAUX 3 ÉTOILES

Au moment où des sportifs défendent les couleurs de la France à Salt Lake City aux Etats-Unis, des cuisiniers de très haut niveau décrochent eux aussi des médailles. Pour eux, les jeux ont lieu deux fois par jour, tous les jours. Et les récompenses s'appellent des 'étoiles'. Réactions.

L. Anastassion

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Jean-Georges Klein.

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Christian Le Squer.

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Guy Savoy.

Bibendum.JPG (7806 octets)Initialement prévue le 26 février, la publication de la sélection des restaurants français au Guide Rouge est tombée dans la matinée du mardi 12 février. Trois maisons décrochent un 3e macaron : l'Arnsbourg à Baerenthal en Moselle et les restaurants Ledoyen et Guy Savoy à Paris. Une heure environ après l'annonce de la nouvelle sélection, Cathy Klein (43 ans) et son frère Jean-Georges Klein (51 ans) étaient encore sous l'effet de la bonne surprise. "C'est une nouvelle qui assomme. Nous avons connu avec notre mère le passage à la première, puis la seconde étoile. Et maintenant, voilà la troisième. Il faut assumer", commentaient-ils par téléphone. En travaux depuis le 6 janvier, l'Arnsbourg ouvrira ses portes avec une salle de restaurant agrandie de 60 m2 et d'un espace salon plus vaste destiné à accueillir les fumeurs. Quant au chef Jean-Georges, il inaugurera son 'premier service' 3 étoiles aux commandes d'une nouvelle cuisine.
Débordé par les appels, Christian Le Squer (39 ans), le chef du restaurant Ledoyen à Paris, commentait : "C'est vrai, on se demande ce qui nous arrive. On est vraiment très satisfait". 14 personnes travaillent en cuisine sous l'œil attentif de Philippe Bodier, 3 en pâtisserie sous la direction du chef pâtissier Nicolas Gras, 9 en salle dirigés par Patrick Simiand avec lequel Christian Le Squer collabore depuis 10 ans. Et pour compléter l'équipe, Alain Loiseau coordonne les 4 sommeliers de la maison. Christian Le Squer est arrivé aux commandes des cuisines du Ledoyen en 1998, après un passage au Restaurant Opéra du Grand Hôtel Inter-Continental à Paris où il avait obtenu une première, puis une seconde étoile.
Le jeune commis arrivé mardi matin dans la brigade du restaurant Guy Savoy (Paris, XVIIe) se souviendra certainement de ce premier contact. "Ça fait 32 ans que j'attends cette étoile, et lui, il l'a eue en arrivant", plaisante Guy Savoy. Pour le chef, ce troisième macaron est une médaille olympique qui récompense toute une équipe. "C'est merveilleux. Je suis sur un petit nuage. Maintenant, mon objectif, c'est de conserver cette troisième étoile durant 30 ans, mais surtout de rendre les gens heureux." Etoilé pour la première fois en 1981 puis en 1985 dans son établissement de la rue Duret, le chef a transporté ses macarons rue Troyon en 1987. L'établissement a été rénové en 2000.

Belles promesses pour les 2 étoiles
Sur l'ensemble des restaurants étoilés répertoriés par le Guide Rouge 2002, 48 ont été promus, tous niveaux confondus.
Ils sont au nombre de 7, chiffre parfait dit-on, à se voir décerner cette année 2 étoiles. Explosion de joie pour les uns, stupeur pour les autres, bonheur et euphorie pour tous.

© J.-C. Chiche
RogerVerge.JPG (4390 octets)Honneur à Roger Vergé, du Moulin de Mougins, qui depuis 30 ans croit en son métier, à sa passion et à la cuisine méditerranéenne. Après avoir eu 3 étoiles, il était redescendu à 2 pour, en 1997, devoir se contenter d'une seule étoile. "Je n'ai pourtant rien changé à ma cuisine, à ma passion pour ma maison", nous confiait-il encore voici quelques mois, se remémorant cette perte d'étoile, "une blessure pour l'ensemble de l'équipe". Parce que ses clients avaient toujours continué à venir, à aimer le soleil de sa cuisine et à revenir, rien ou presque n'avait changé dans sa belle maison Relais & Châteaux, mais Roger Vergé ne comprenait pas pourquoi... Aujourd'hui, c'est un homme heureux. "C'est formidable, c'est extraordinaire, je suis très heureux", disait-il en apprenant la nouvelle mardi matin.

Jeffroy.JPG (3420 octets)En Bretagne, à Carantec, Patrick Jeffroy a peine à croire en cette nouvelle promotion, lui qui ne cesse de parcourir le monde à la recherche de nouvelles saveurs, de nouvelles sensations gastronomiques, et qui n'a jamais voulu quitter sa Bretagne. Très influencé par ses voyages, et en particulier par la cuisine et l'art japonais, à 50 ans, Patrick Jeffroy continue à faire exploser sa passion. Sa passion pour la cuisine, pour les produits de sa région bien sûr, mais aussi pour tous ceux qu'il a découverts à travers ses très nombreux périples. A peine remis du choc psychologique de sa première étoile, le voici qui a du mal à réaliser qu'une seconde étoile puisse lui être attribuée en 2002.

Abadie.JPG (2961 octets)Explosion de joie, de bonheur, qu'il n'hésite pas à partager avec son équipe bien sûr, mais aussi avec un autre 'Breton', un avec qui il a partagé de longues heures de travail, d'espérance, de passion : Jean-Paul Abadie, de L'Amphytrion à Lorient. Celui-ci avait été reconnu par le guide Michelin avec une première étoile en 1990. Sa cuisine inventive, très personnelle, haute en saveur, dans un univers très contemporain, fait de son restaurant un endroit particulièrement dépaysant et unique, à quelques minutes de Lorient. Une cuisine très inspirée par la mer, des poissons qui savent se marier avec la terre de Bretagne avec légèreté et subtilité. Gascon et bigourdan, formé à l'école hôtelière de Tarbes, Jean-Paul Abadie a su garder la générosité du Sud-Ouest dans sa cuisine inspirée de la légèreté de la mer.

AnsanayAlex.JPG (3570 octets)En son Auberge de l'Ile sur la Saône, à mi-chemin entre le restaurant Bocuse à Collonges et sa future brasserie de L'Ouest, Jean-Christophe Ansanay-Alex savoure son bonheur. Cette deuxième étoile, attribuée à un chef discret et modeste, vient comme une douce revanche. Revanche sur la vie ? Et pourquoi pas après tout.
Lorsque ce 12 février 2002 en milieu de matinée, quand il apprend sa promotion en 2 étoiles dans le Guide Rouge, il n'attache pas d'importance particulière à la date. Un peu plus tard, il réalise que le 12 février 1990 à Collonges, et sous la pluie, il perdait le contrôle de son véhicule et l'écrasait contre un mur. Il allait perdre l'usage de son bras droit. "Paralysie totale du membre supérieur", lui disent ceux qui lui conseillent d'abandonner le métier. "Je sais faire la cuisine, je reste cuisinier", dit ce "teigneux" qui ne s'ignore pas.
Une première étoile en 1993, la deuxième cette année : en 12 ans, il a apporté la plus belle des réponses à ceux qui parlaient de handicap. "Le handicap, c'est dans la tête", dit-il. Eric Beaumard ne démentira pas !

Cirino.JPG (4203 octets)C'est un retour aux sources, dans son village natal à La Turbie, qui aura permis à Bruno Cirino, après avoir obtenu sa première étoile dans son restaurant L'Hostellerie Jérôme, de se voir consacré en 2 étoiles par le Guide Rouge. Là encore, c'est la passion qui aura guidé ce chef particulièrement créatif et osé qui, à 45 ans, a préféré quitter le confort des structures et des étoiles du Royal Monceau à Paris pour se lancer dans sa propre aventure, chez lui... Après avoir acheté aux enchères les lieux, il allait tout faire, refaire jusqu'à obtenir en 5 années ses 2 étoiles !

Bouissou.JPG (3815 octets)A Uriage-les-Bains, Philippe Bouissou se voit lui aussi récompensé par 2 étoiles. C'est au Guide Rouge 2000 qu'il avait reçu sa première étoile pour le travail qu'il réalisait au Grand Hôtel restaurant Les Terrasses. Un résultat qui n'est pas le fruit du hasard, Philippe Bouissou a fait son Tour de France bien avant que de s'arrêter en terre grenobloise, à 26 ans, installé à son compte, il avait d'ailleurs déjà été reconnu par Michelin. On trouvera dans son parcours professionnel de si belles maisons comme l'Oustau de Baumanière, Vergé à Mougins, les Santons à Grimaud.

© Vincent Bourdon
Alleno.JPG (4589 octets)Yannick Alleno est le seul nouveau 2 étoiles parisien. L'homme est discret, travailleur, passionné et... talentueux. C'est lui qui, alors qu'il était encore au restaurant Drouant à Paris, remportait le Bocuse d'argent en 1999 après avoir gagné le concours national de Cuisine artistique à Paris en 1998. En prenant les rênes des cuisines du restaurant Les Muses à l'hôtel Scribe à Paris en 1999, il avait conservé l'étoile obtenue en 1994. Aujourd'hui, c'est le fruit de son travail et de celui de son équipe qui permet aux Muses de se voir distingué de 2 étoiles au Guide Rouge.

De nouveaux restaurants
38 restaurants obtiennent 1 étoile sur toute la France. A Paris, il n'aura fallu que 5 mois au chef japonais Hiroyuki Hiramatsu, installé sur l'île Saint-Louis, pour décrocher son premier macaron. Promoteur de la cuisine française depuis plus de 20 ans au Japon, le chef a plus que réussi son entrée parmi ses pairs français. Le guide distingue deux chefs italiens : Vittorio Biltramelli (27 ans) aux commandes depuis septembre du restaurant Gualtiero Marchesi (Hôtel Lotti) qui fonctionne depuis un an, et Davide Bisetto en place depuis deux ans et demi au Carpaccio (ouvert il y a 18 ans), le restaurant du Royal Monceau.
Installation réussie également pour, entre autres, Ghislaine Arabian (restaurant Ghislaine Arabian), Roland Durand (restaurant Le Passiflore), et pour Jean-Claude Vrinat (Taillevent) avec son restaurant l'Angle du Faubourg. Des établissements ouverts durant l'année 2001 par des 'vétérans' de la cuisine. "C'est vrai, on a un dossier, et ce ne sont pas nos premières étoiles", accorde Roland Durand, avant d'ajouter, sur le ton de la plaisanterie : "Cette étoile, je vais l'agrandir et l'accrocher en haut de l'entrée des vestiaires, façon crucifix."
A 31 ans et avec beaucoup moins de moyens, Stéphane Mollé et sa femme Régina, aux Ormes, rue Chapu à Paris, méritent un coup de chapeau pour leur premier macaron. Ouvert en 1998, leur restaurant de 22 couverts (doté l'an dernier d'une fourchette et d'un bib gourmand) tourne avec 4 personnes. Prévenu en début de service par des clients, le chef a attendu le début de l'après-midi pour y croire vraiment : "C'est un formidable encouragement. On a tout refait progressivement. Depuis l'an dernier, nous avons eu du personnel en plus, ce qui nous a permis de soigner la présentation."
A Moustiers-Sainte-Marie, La Bastide d'Alain Ducasse voit son beau travail récompensé autrement que par les clients qui se bousculent pour réserver. Retour de l'étoile aussi à Nice à L'Ane Rouge, à La Barbacane à l'Hôtel de la Cité de Carcassonne. Belle surprise à Marseille qui, depuis quelques mois, voit de jeunes chefs créatifs s'investir, L'Epuisette venant en effet de se voir décerner 1 étoile. Suite du conte de fées à La Petite Maison à Cucuron qui, 18 mois après son ouverture, voit enfin les efforts de Michel Mehdi récompensés d'une étoile. Au total, 38 restaurants auront gagné 1 étoile dans le guide qui sortira en librairie le 1er mars. 22 restaurants ont perdu leur étoile. zzz22i 

Guide Rouge Benelux : première !

Pour les Pays-Bas, la cotation 3 étoiles du chef Cees Helder au restaurant Parkheuvel à Rotterdam constitue une première. Il avait gagné sa première étoile en 1990 et la deuxième en 1995 au Parkheuvel.
Alors que De Karmeliet à Bruges, Comme Chez Soi et Bruneau à Bruxelles conservent leur note à 3 étoiles dans l'édition 2002, on note aussi deux nouveaux 2 étoiles : le Château du Mylord à Ellezelle (Belgique), un établissement familial tenu par les trois frères Thomaes, et La Rive de l'hôtel Amstel d'Amsterdam (Pays-Bas) où officie le chef Edwin Kats. Par ailleurs, le guide a sélectionné 2 082 restaurants dont 158 sont étoilés.

Trois à 3 étoiles

Il y a déjà eu mieux !

Si l'on excepte les années d'avant-guerre pour ne considérer que la période contemporaine du guide Michelin, cette triple promotion à 3 étoiles est un fait rare... mais pas unique.

Le record est toujours une promotion à quatre triples étoilés : en 1953 avec l'Hostellerie de la Poste à Avallon, La Tour d'Argent, Maxim's et le Grand Vefour à Paris ; en 1973 avec la Mère Charles-Chapel à Mionnay, Pic à Valence, Taillevent et Le Vivarois à Paris.
En 1998 enfin, le phénomène était quasiment identique à cette année avec la reprise de sa troisième étoile par Alain Ducasse au Louis XV de Monte-Carlo, le retour de Pierre Gagnaire dans son restaurant parisien, et l'avènement des frères Pourcel en leur Jardin des Sens à Montpellier.
J.-F. M.

Les nouveaux étoilés

Bastide de Moustiers à Moustiers Sainte-Marie (04)
Ane Rouge à Nice (06)
Barbacane (Hôtel de la Cité) à Carcassonne (10)
Ch. de la Pomarède à La Pomarède (11)
Goûts et Couleurs à Rodez (12)
Epuisette à Marseille (13)
Villa à Calvi (2B)
Stéphane Derbord à Dijon (21)
Ch. Des Reynats à Périgueux (24)
Spinaker au Grau-du-Roi (30)
Cosi Fan Tutte à Toulouse (31)
Plaisance à Saint-Emilion (33)
Nouvelle à Saint-Etienne (42)
Manoir de la Boulaie à Nantes (44)
Anne de Bretagne à Plaine-sur-Mer (44)
Auberge de la Montagne à Colombey-les-Deux-Eglises (52)
Sébastopol à Lille (59)
Cerisier à Laventie (62)
Neptune à Collioure (66)
Fourchette des Ducs à Obernai (67)
Haut Ribeaupierre à Ribeauvillé (68)
Auberge de Fond Rose à Lyon (69)
Gourmet de Sèze à Lyon (69)
Hostellerie des Sources à Lure (70)
Château de Vauchoux à Port-sur-Saône (70)
Beaulieu au Mans (72)
Château de Coudrée à Thonon-les-Bains (74)
Gualtiero Marchesi (Hôtel Lotti) à Paris (75)
Hiramatsu à Paris (75)
Angle du Faubourg à Paris (75)
Carpaccio à Paris (75)
Maison Courtine à Paris (75)
Ghislaine Arabian à Paris (75)
Les Ormes à Paris (75)
Passiflore à Paris (75)
Villa Belrose à Saint-Tropez (83)
Petite Maison à Cucuron (84)
Domaine du Roncemay à Aillant-sur-Thollon (89) zzz22v

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L'Hôtellerie n° 2756 Hebdo 14 Février 2002 Copyright ©

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