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ÉVÉNEMENT

 

RTT dans les CHR

DERNIERE LIGNE DROITE

Alors qu'Elisabeth Guigou n'a toujours pas fait part de sa décision quant à l'extension de l'accord de réduction du temps de travail signé par le SNRLH, le SFH, la CGT et la CFDT, l'Umih et FO, non-signataires, ont demandé au ministre la réouverture des négociations. Les réactions de Jacques Mathivat, président du SNRLH, et d'Alain-Philippe Feutré, président du SFH, sont immédiates. Tous deux réaffirment le bien-fondé de l'accord signé par leur syndicat.

Propos recueillis par P. Carbillet

Jacques Mathivat, président du SNRLH, se montre très inquiet aujourd'hui : "La situation est d'autant plus préoccupante que nous nous trouvons à moins d'un mois de l'échéance pour l'application de la loi Aubry pour les petites entreprises qui devront passer à 35 heures au 1er janvier 2002." En l'absence d'accord de branche, la profession des CHR ne sait toujours pas à quelle sauce elle va être mangée en matière de réduction du temps de travail. Alors que peut-il se passer dans les jours qui viennent quand on sait que l'Umih espère la réouverture de nouvelles négociations et que, faute d'accord avant le 31 décembre, la loi pourrait s'appliquer pour les entreprises des CHR, sans aménagements spécifiques, dès le 1er janvier prochain ? Un vrai scénario catastrophe. Comment le président du SNRLH voit-il les choses évoluer ?
"La pire des éventualités serait que le gouvernement ne fasse rien, c'est-à-dire qu'il n'étende pas l'accord qui vient d'être signé, mais surtout qu'il ne publie pas de décret réglementant la durée du temps de travail dans la profession. Dans cette hypothèse, le gouvernement laisserait les tribunaux régler les conflits entre les employeurs et les salariés sans parler de l'incertitude dans laquelle se trouvera la profession." L'interprétation des textes de loi se fera alors au niveau des conseils de prud'hommes et les employeurs risquent d'être très lourdement condamnés.
"Même s'il est vrai que l'Umih et FO l'ont demandé officiellement, la réouverture des négociations me semble être la plus invraisemblable des éventualités. Cette renégociation me semble peu crédible, dans la mesure où nous sommes proches de l'échéance, et que l'on ne peut laisser la profession dans l'incertitude plus longtemps encore. Ces deux hypothèses seraient aussi graves l'une que l'autre pour nos entreprises." Jacques Mathivat rappelle que lors, de l'entretien avec le conciliateur nommé par Elisabeth Guigou pour faire le tour des positions de chacun sur le sujet, il n'avait pas manqué d'insister sur le rejet de ces deux solutions qui, immanquablement, conduiraient dans l'immédiat la profession à un vide juridique.
"Notre accord va à 35 heures à terme et permet d'améliorer les conditions de travail de nos salariés, rappelle le président du SNRLH. Cet accord permettra aux employeurs de bénéficier en contrepartie d'allégements de charges, c'est-à-dire des compensations financières qui rendront supportables pour les entreprises la mise en place de la réduction du temps de travail. On ne peut pas avoir deux discours, vouloir faire entrer les jeunes dans nos professions et continuer à les faire travailler sur la base de 43 heures et les laisser éternellement en dehors du droit commun. La solution que nous envisageons serait que notre accord soit étendu. Mais pour que l'extension soit effective, il faudrait aussi que, parallèlement, elle s'accompagne d'un décret sur la durée du temps de travail qui reprendrait l'échéancier de l'accord et d'un autre décret sur les allégements de charges. Cette extension permettra aux entreprises de plus de 20 salariés de réduire le temps de travail à 39 heures en bénéficiant des allégements de charges, et aux entreprises de moins de 20 salariés de passer dans un premier temps à 41 heures pour se préparer au passage aux 39 heures au 1er janvier 2004.
En cas de non-extension de notre accord, le gouvernement pourrait faire paraître un décret qui fixerait une nouvelle durée du travail pour les CHR, mais il paraît difficile pour ce dernier de prendre un décret qui n'aille pas jusqu'à 35 heures."
Une opposition qui coûte cher aux entreprises. On le constate, l'opposition au sein des syndicats patronaux ne fait qu'installer la profession dans le flou. Nombreuses sont les entreprises, à moins d'un mois de l'application de la loi, à se sentir perdues pour planifier la RTT. Pour Didier Chenet, vice-président du SNRLH, cette opposition au sein du collège patronal a pour première conséquence d'entraîner des redressements pour les entreprises qui ont déjà signé des accords concernant la RTT sur la base de 39 heures. En effet, celles-ci avaient cru pouvoir bénéficier d'exonérations de charges instaurées par la loi Aubry, mais ces allégements sont remis en cause par certaines directions départementales du travail, notamment en Savoie, qui répondent aux entreprises ayant signé de tels accords. "En ce qui concerne l'accès aux allégements issus de la loi Aubry II, l'accord signé dans la branche n'est à ce jour pas étendu. En conséquence, l'accès aux allégements Aubry II n'est possible que si la durée du travail dans votre établissement est de 35 heures en moyenne ou 1 600 heures par an."
Quelle que soit la solution retenue, il est urgent que la profession la connaisse afin de pouvoir se préparer pour l'échéance du 1er janvier 2002. zzz60t


"Notre accord permet d'améliorer les conditions de travail de nos salariés", explique Jacques Mathivat.

Dernière heure

Elisabeth Guigou aurait choisi

Selon nos sources, il semblerait qu'Elisabeth Guigou aurait choisi d'étendre l'accord de réduction du temps de travail signé par la CFDT, la CGT pour les syndicats salariés et par le SFH et le SNRLH pour les organisations patronales. Les décrets seraient prêts depuis une semaine pour la publication de l'arrêté d'extension qui rendrait cet accord obligatoire à toutes les entreprises des CHR comprises dans le champ d'application de la convention collective nationale du 30 avril 1997.
C'est en raison de la divergence de point de vue entre Laurent Fabius et Elisabeth Guigou sur le montant des aides spécifiques accordé pour la réduction du temps de travail de 39 à 35 heures que la publication n'est pas faite. Le dossier est à l'heure actuelle dans les mains du Premier ministre qui doit trancher.
Mais le dénouement est proche.

 

Lettre ouverte à André Daguin

Alain-Philippe Feutré, président du SFH, n'a pas manqué lui aussi de réagir aux propos du président de l'Umih sur sa position par rapport à l'accord de réduction du temps de travail dans les CHR. C'est une lettre ouverte qu'il lui a fait parvenir.

Votre interview dans L'Hôtellerie n° 2746 du 29 novembre dans lequel vous affirmez vouloir faire entrer la profession dans la modernité en la conduisant vers le droit commun ne peut que me réjouir.
Il ne m'avait pas semblé, jusqu'à ce jour, que vous ayez pris la peine de lire attentivement le texte de l'avenant signé, en juin, par le Syndicat français de l'hôtellerie et le Syndicat national des restaurateurs-limonadiers-hôteliers d'une part et deux organisations de salariés en mai d'autre part.
J'observe avec plaisir que vous faites maintenant vôtres les deux idées maîtresses qui ont sous-tendu toute notre négociation : faire entrer en douceur les entreprises de notre secteur d'activité dans la modernité en les conduisant vers le droit commun (cf. paragraphes 1, 2, 3, 5 du préambule - paragraphes 4 et 7 de l'article 1-1 du Titre I - paragraphe 6 de l'article 1-3 1, etc.). Il serait trop long de citer tous les paragraphes de notre accord où ces deux thèmes sont repris.
Comme vous le savez, le SFH a soutenu, dès le début des négociations sur la RTT, que notre branche d'activité ne pouvait rester en marge de ce qu'il est convenu d'appeler maintenant une refondation sociale, et nous avons eu le courage de défendre nos idées jusqu'à démissionner de l'Umih et supporter l'opprobre dont nous avons fait l'objet.
Que ces mêmes idées soient reconnues comme réalistes et soient la ligne directrice que votre bureau fédéral vous demande de suivre nous conforte dans notre démarche. Nous ne doutons plus maintenant d'arriver à vous convaincre que notre accord est un accord équilibré entre les aspirations des salariés et les intérêts des entreprises.
En ce qui concerne le SFH, nous avons plus l'habitude de parler au nom des entreprises. C'est pourquoi nous supposons que si deux organisations de salariés ont signé notre projet, c'est qu'elles devaient penser que la négociation avait été faite dans un climat d'honnêteté intellectuelle. Mais nous laissons aux syndicats de salariés le soin de s'exprimer sur ce point.
Là où nous aurions une hésitation, mais peut-être avons-nous mal compris ce que vous souhaitez, c'est quand nous lisons que vous suggérez de réduire le temps de travail et, dans le même temps, d'augmenter les salaires.
Les salariés apprécieront une telle prise de position, mais en tant que représentants d'entrepreneurs, nous nous étonnons de cette nouvelle profession de foi.
Quant à lier la réduction du temps de travail à la baisse du taux de TVA en restauration, nous comprenons bien l'avantage que cela représentera pour les restaurants traditionnels. Toutefois, on ne peut bâtir un accord national en ne tenant compte des intérêts économiques que d'une des composantes de la branche professionnelle.
L'industrie hôtelière est le dernier secteur d'activité du tourisme n'ayant pas encore mis en place des conditions de travail attractives permettant aux salariés d'y rester et aux jeunes de s'y intéresser (rappelons que la restauration collective, la restauration rapide, l'hôtellerie de plein air, les agents de voyages... qui forment le secteur tourisme ont déjà signé des accords de 35 heures).
Le SFH est toujours prêt à s'asseoir autour d'une table, avec toutes les parties prenantes, pour tout dialogue constructif.

Alain-Philippe Feutré, président du SFH

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L'Hôtellerie n° 2747 Hebdo 6 Décembre 2001

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