Côte d'Emeraude
L'association Escales gourmandes en Côte d'Emeraude rassemble 14 restaurateurs de Saint-Malo à Cancale essentiellement. Une bande de copains unis pour défendre la gastronomie.
Midi en ce jour de la
Sainte-Ouine, fête traditionnelle malouine liée au départ des terre-neuvas pour les
grands bancs de morue au large de Terre-Neuve. Le soleil est de la partie, mais les
badauds se font rares sur les remparts. Pourtant, en face de la Grand'Porte, l'une des 8
portes du Saint-Malo intra-muros, une foule s'agglutine devant un spectacle peu ordinaire.
Derrière leur stand, quelques chefs, tous membres de l'association Escales gourmandes,
concoctent pour l'occasion la plus grande brandade de morue du monde ! Rien que ça. Le
but de cette manifestation qui fait sourire les curieux, est non seulement de promouvoir
la cité corsaire, mais également d'aider, par la vente des parts, à la remise à flot
du bateau Ar-Zénith qui permit aux premiers résistants de rejoindre le Général De
Gaulle en Angleterre en 1940. "Une partie des bénéfices ira en effet à cette
opération et l'autre à la Société Nationale de Sauvetage en Mer. Nous allons
également essayer de figurer au Guiness des records", précise Christophe
Bouvier, président par intérim de l'association et propriétaire du manoir de la
Grassinais. Le tout se fait dans la bonne ambiance avec sourires et rires, présence des
médias et, bien entendu, des personnalités de la ville. Au passage, l'opération vise
logiquement la promotion des restaurants membres de l'association. C'est la moindre des
choses...
Cette manifestation est une façon comme une autre pour l'association Escales gourmandes
de passer dans le XXIe siècle en faisant preuve de solidarité et avec le sourire.
L'amitié et la passion demeurent d'ailleurs les maîtres mots de cette association,
officiellement intitulée Escales gourmandes en Côte d'Emeraude en février 2000 mais
fondée dès 1992 par Jean-Noël Louedec, propriétaire du restaurant La Grève à
Saint-Suliac, sous le nom de Table Gourmande Tradition du Pays Breton. A l'origine une
vingtaine de chefs composait l'association, ils ne sont plus aujourd'hui que 14. "Nous
cherchons toujours de nouveaux membres qui correspondent à notre charte de qualité. Mais
vous savez, c'est difficile de participer à une association. Il faut s'y donner et
souvent les professionnels manquent de temps", constate Didier Delaunay,
président d'Escales gourmandes, qui regrette notamment l'absence de certains grands
restaurateurs de la région qui cependant "étaient là au départ". Les
membres de ce groupe justement se définissent comme une bande de copains et de
restaurateurs de qualité réunis pour la défense de la gastronomie régionale. "Nous
voulons promouvoir un certain état d'esprit par rapport au produit. Nous travaillons pour
la belle évolution de la gastronomie, lance Christophe Bouvier. Je pense pouvoir
dire que nous représentons le fleuron de la cuisine locale, sans avoir néanmoins la
prétention d'en représenter la totalité." La charte précise entre autres que
l'adhérent doit respecter l'authenticité des produits, respecter les appellations
culinaires françaises, maintenir un personnel professionnel de qualité, élaborer toute
la cuisine dans l'entreprise etc. Les nouveaux doivent, par ailleurs, être présents dans
au moins deux grands guides nationaux et être parrainé par un adhérent. Cette charte
exclut de fait les crêperies, nombreuses dans le coin.
Le sommet franco-britannique
Escales gourmande tente de se faire connaître en initiant des actions souvent en
partenariat avec la ville ou la CCI. On se souvient par exemple du repas concocté par les
chefs d'Escales gourmandes lors du sommet franco-britannique de décembre 1998, ou de
celui du mariage de Nicolas Hulot. "Généralement, nous traitons l'opération
tous ensemble et ensuite, lors de l'événement, participent ceux qui le peuvent."
L'association vient par ailleurs d'éditer un guide tiré à 20 000 exemplaires, et entend
bien développer des actions en collaboration avec les producteurs. "Toutes nos
actions sont décidées en assemblée et votées à la majorité des membres."
Bien que souffrant quelque peu d'un manque de reconnaissance, les Escales gourmandes ne
restent pas cantonnés sur leur Côte d'Emeraude. Ils viennent en effet de contacter les
deux associations de restaurateurs rennais, Tables gourmandes et restaurateurs du Pays
rennais. "Les restaurateurs des Tables gourmandes présentent par exemple notre
guide dans leurs établissements et nous leur rendons la pareille." L'objectif
étant, bien entendu, d'attirer dans les établissements d'Escales gourmandes la
clientèle de proximité et donc rennaise.
O. Marie
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L'HÔTELLERIE n° 2707 Hebdo 1er Mars 2001