Alain Pic
Alain Pic compte doubler, dès la première année, le CA du précédent
propriétaire qui était de 3,5 MF.
Les Mésanges à Montbonnot-Saint-Martin : comme le restaurant Pic à Valence, l'établissement est au bord de la route nationale. Là, c'est la RN 90. Là-bas, c'était la RN 7 où le grand-père, André, avait choisi de s'installer en 1936. Dominé par le massif de Belledonne, le site est superbe. Mais la maison - où l'on retrouve quelques lithographies de Peynet et Cathelin accrochées aux murs - est à remettre au goût du jour. Pour retrouver un cadre à la mesure de leurs ambitions, Alain et Marie-Hélène Pic s'y emploient. Après son départ de Valence et son inactivité forcée de 8 mois, Alain a visité une trentaine d'affaires à reprendre dans la région Rhône-Alpes et le Sud-Ouest. Son choix s'est finalement porté sur cet ancien hôtel-restaurant, où Jo Achini obtint en 1967 1 étoile Michelin, perdue en mars 1990. "Un ami m'a assuré qu'il y avait quelque chose à faire à Grenoble. J'avais rencontré Georges Achini à Autrans un an auparavant. L'idée a fait son chemin grâce à un banquier qui nous a mis en contact et a servi d'intermédiaire pour concrétiser."
Un investissement de 4,5 MF
Avec le soutien de la Banque Populaire et de la Société Générale, Alain Pic s'est donc
lancé, avec une enveloppe globale de 4,5 MF, dans le rachat des murs et du fonds. Pour
les premiers travaux aussi (salle à manger et salon). D'autres suivront, en particulier
en cuisine. "Les deux banquiers ont joué le jeu et je me suis engagé sur sept
ans. J'ai repris le personnel et nous sommes aujourd'hui 18. Je suis en cuisine et
Marie-Hélène se charge de l'accueil, explique Alain Pic. Je suis très heureux de
retravailler car cela génère des pensées positives. Je dois avouer qu'après plus de
six mois d'inactivité, j'éprouvais un véritable manque. Là, j'ai dû retrouver mes
marques : ici tout est au gaz, alors qu'à Valence c'était tout électrique. Je n'avais
aucun repère. Mais nous n'avons pas eu le temps de souffler puisque, dès la
réouverture, nous avons été débordés. Nous avons fait 70 couverts dès le premier
service pour tourner ensuite à 100/120 couverts par jour. Heureusement, nous avons pu
prendre quelques jours de vacances et j'ai pu passer Noël avec ma femme et mes enfants...
Pour la première fois depuis 40 ans."
Quarante ans ! Et une nouvelle vie qui commence. "C'est vrai, j'ai le sentiment de
redémarrer quelque chose avec le côté exaltant que cela provoque. Nous avons retrouvé
la clientèle de Grenoble et de Valence, habituée de la maison Pic. Des clients de Lyon
et Saint-Etienne nous manifestent aussi leur soutien. C'est très réconfortant et j'avoue
que cette gentillesse nous a beaucoup touchés."
Retrouver ses marques
L'avenir se présente donc sous les meilleurs auspices pour un chef qui entend bien
reprendre sa place dans la hiérarchie gourmande...
"Pendant six mois, nous nous sommes bien amusés. Nous sommes repartis de zéro et
nous visons l'étoile. Lorsque l'on passe de 3 à 2 étoiles, puis à plus rien, on se
sent un peu nu. Au-delà de l'aspect économique des choses, l'étoile est un véritable
objectif personnel et une source de motivation pour avancer. La plus grosse difficulté
reste que les Grenoblois, qui connaissent Valence, font fatalement des comparaisons qu'il
n'y a pas à faire. Mes amis sont heureux de me voir rebondir. Aujourd'hui, je veux
refaire ma cuisine, mettre tout en ordre dans la maison et trouver le personnel qui
convient... Même si, avec la perspective des 39 heures qui nous coince un peu, ce n'est
pas très facile. Même si tout n'est pas toujours rose, il y a un côté exaltant à
mettre sa touche personnelle sur une maison qui a déjà vécu. Tout ne se fait pas du
jour au lendemain dans une région où je commence à trouver mes habitudes. J'ai mis sur
la carte des vins que j'aime et qui ont plu aux clients. Je veux trouver l'équilibre en
cuisine, sans m'enferrer dans mes anciennes recettes, en étant évolutif. Je suis
persuadé que notre situation, à proximité de la zone high-tech en pleine extension de
Meylan-Montbonnot-Crolles-Saint-Ismier, nous offre une belle carte à jouer. Nous avons
démarré très fort puis, le phénomène de curiosité passé, tout s'est un peu calmé.
Il faut digérer tout cela et penser à la suite."
Sans regret alors ? "Ce n'est pas facile d'être déraciné. Des amis sont venus
nous voir et c'est bien. Nous avons tourné une page, et notre vie est désormais ici où
nous avons envie de construire quelque chose dans un restaurant à notre mesure."
J.-F. Mesplède
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L'HÔTELLERIE n° 2692 Hebdo 16 Novembre 2000