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A la loupe
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Famille Spens

Une page tournée...

Trois générations d'une même famille se sont succédé à l'hôtel-restaurant du Bon Coin, dans le quartier de Nancy Thermal. Après quarante ans de vie professionnelle bien remplie, aux côtés de son mari Michel, Martine attend la relève.

 
Pour Martine et Michel Spens, l'hôtellerie-restauration était plus qu'un métier, et l'un
et l'autre ont beaucoup donné à la profession.

Vingt chambres, dont une meublée entièrement par le célèbre ébéniste Majorelle, 60 couverts, un parking privé, le Bon Coin a de beaux atouts. Cet hôtel-restaurant situé dans un quartier calme, près d'un parc et du musée de l'école de Nancy, a toujours bien tourné, même s'il a dû s'adapter au fil des années. "Depuis quelques mois, j'ai un site Internet et un e-mail, explique Martine Spens, la propriétaire. Nous avons quantité de messages et les étrangers ne travaillent qu'avec le Net." Résultat, le Bon Coin réalise un chiffre d'affaires de 2,2 MF dont 60 % en restauration, avec 5 employés et un apprenti. Et la tendance devrait se confirmer cette année puisque, pour les premiers mois de l'année, le CA est en progression de 20 %. Michel et Martine Spens avaient de quoi être satisfaits. Mais à l'heure de la retraite, Michel, gravement malade depuis quelques mois, décède. Pour prendre leur succession, il en coûtera 1,5 million de francs pour le fonds uniquement, soit 3,1 millions de francs pour les murs et le fonds. Avec son parking de 23 places en centre-ville, une affaire rare, l'hôtel devrait intéresser des gens du métier.

Né dans l'hôtel
Charles Rumelhardt, le grand-père de Michel Spens, a racheté, en 1919, l'hôtel du Bon Coin "à la bougie, en monnaie sonnante et trébuchante". Moderne, l'établissement offrait à l'époque aux voyageurs de commerce l'eau et l'électricité dans les chambres. La fille de Charles, Yvette Spens, reprend l'affaire en 1938. C'est également l'année de la naissance de Michel qui voit le jour dans l'hôtel. L'établissement est ensuite réquisitionné de longues années, d'abord par les Allemands, puis par les Américains. Michel voulait être pâtissier, mais il fallait reprendre l'affaire. Il suit les cours de l'école hôtelière de Strasbourg, se fait la main à Paris au Terminus Saint-Lazare et au Lapérouse, puis part 28 mois en Algérie comme cuisinier du général Gilles. Il reprend finalement la maison familiale en 1960. Quelques années plus tard, l'hôtel gagne un étage. En 1965, il fait la connaissance de Martine qu'il épouse la même année. Employée de bureau, elle découvre alors la profession. Le couple se partage le travail, Michel est en cuisine, Martine s'occupe de la salle, de l'hôtel et de la comptabilité de l'entreprise.

Du restaurant de quartier au Logis de France
Dans les années 60, le restaurant sert principalement les ouvriers et les employés de bureau, très nombreux dans le quartier. Ils servaient jusqu'à 200 repas tous les midis. Mais ce type de travail ne convenait pas à Martine et Michel. Ils décident alors de changer leur fusil d'épaule, la clientèle des entreprises se raréfiant. Les menus, la carte et le service sont complètement revus, un salon-restaurant est ouvert en 1979 et l'hôtel intègre les Logis de France en 1989. "Aujourd'hui, il n'y a pas de survie pour un établissement indépendant s'il ne se raccroche pas à une grande enseigne", estime Martine Spens. De 32 chambres, l'hôtel passe à 20 chambres afin de respecter des normes qui ont beaucoup évolué. Dans leur grande salle à manger rustique, les Spens proposaient une cuisine traditionnelle, avec du Foie gras poêlé aux cerises de Montmorency du jardin, ou du Tournedos grillé avec sa vraie sauce béarnaise montée au fouet au dernier moment. Le restaurant ne reste pas ouvert tard le soir, les dernières commandes étant prises à 21 heures. Car le couple a à cœur de respecter ses salariés. "Les horaires sont corrects pour le chef, tout le monde travaille 39 heures, avec 2 jours de congé par semaine."

Des professionnels engagés
Pour Martine et Michel Spens, l'hôtellerie-restauration était plus qu'un métier, et l'un et l'autre ont beaucoup donné à la profession. Bon nombre d'apprentis sont passés par le Bon Coin et c'était un motif de grande fierté pour Michel car plus d'une vingtaine est restée dans la profession. Martine, de son côté, s'est dépensée sans compter pour défendre et valoriser la profession, et vanter les atouts touristiques de la région. Elle a été longtemps trésorière des Logis de France et appartient toujours au conseil d'administration. Michel était chevalier de l'ordre du Mérite agricole et Martine vient de recevoir la médaille du Tourisme.

En dates
1894 Construction de l'Hôtel de l'Etang
1919 Il devient l'hôtel du Bon Coin, avec le grand-père de Michel Spens
1960 Michel Spens reprend l'hôtel-restaurant à la suite de sa mère
1965 Mariage avec Martine
1979 Aménagement et mise en service d'un salon-restaurant
1989 Adhésion aux Logis de France


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L'HÔTELLERIE n° 2686 Hebdo 05 Octobre 2000


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