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Stationnement des autocars parisiens

Hôteliers et restaurateurs se mettent en colère

Les cars de touristes ne pourront plus se garer sur les boulevards Rochechouart et Clichy dès le mois prochain. Une décision qui tombe comme un véritable couperet pour les professionnels du tourisme et qui va nuire aux activités touristiques du quartier.

Le verdict est sans appel ! La préfecture de police de Paris a en effet définitivement tranché dans l'affaire du stationnement des autocars parisiens qui l'opposait aux riverains. A compter du 1er août prochain, les cars n'auront ainsi plus l'autorisation de se garer le long des boulevards de Rochechouart et de Clichy (IXe et XVIIIe), autrement dit aux pieds de la butte Montmartre. A peine pourront-ils déposer ou reprendre leurs clients (des touristes dans la majorité des cas) non loin du lycée Jacques-Cour.
Très concrètement, les autocars vont être en fait frappés d'interdiction de "séjour" dans l'un des quartiers les plus touristiques de la capitale. Une décision qui réjouit, évidemment, le collectif des riverains dont les dernières manifestations de fin de semaine s'étaient avérées assez virulentes à l'égard de ce qu'ils appellent les "squatters" des boulevards. Reste que du côté des commerçants, notamment des professionnels du tourisme, on fait sacrément la grimace. Voire éprouver carrément de la colère.
"Comment pourrait-il en être autrement ? Les politiques ont une attitude indigne", lance outré un hôtelier du coin. Et d'ajouter, "il n'y a finalement aucune politique cohérente de stationnement dans Paris. C'est tout ou rien". Et dans ce cas précis, c'est rien ! Qu'il s'agisse des hôteliers, des restaurateurs ou bien encore des gérants de cabarets, chacun s'accorde pourtant à reconnaître que les autocars posent un réel problème dans le quartier.
Bon nombre de professionnels du tourisme avouent même d'ailleurs que ces véhicules ne cessent de polluer l'environnement et gênent fortement la visibilité des enseignes affichées par leur établissement. Ce qui ne signifie pas pour autant, à leurs yeux, que l'interdiction totale de stationner soit une solution en soi.

Prise d'otages
"Avant de rendre une telle sentence, il aurait été opportun d'imaginer des mesures d'accompagnement en prévoyant un endroit pour déposer les touristes et un parking du côté boulevards extérieurs pour y garer les véhicules", clame haut et fort Madeleine Quiniou, propriétaire de l'hôtel Carlton. "Qu'allons nous dire à nos clients autocaristes et tour-opérateurs au 1er août prochain ? Que des parkings sont à leur disposition un peu plus loin ! Mais où donc ?", tance Mme Quiniou. Dès le mois prochain, les autocars devront de fait aller se garer plus loin dans le parking Cardinet (XVIIe). Un parking qui, selon les hôteliers, restaurateurs et autres commerçants est très souvent plein. Qu'à cela ne tienne ! D'autres parcs de stationnement devraient ouvrir prochainement, en particulier sur le site de l'ancienne préfourrière Europe.
En attendant, les professionnels du tourisme ne comprennent pas l'acharnement des politiques à leur égard. D'autant qu'à la suite du premier arrêté de restriction du stationnement, décidé il y a deux ans, ils confient avoir déjà observé une chute de leur clientèle. "Nous sommes véritablement choqués par le comportement des hommes politiques, et profondément déçus. Ils nous prennent en otages au moment des élections et nous font finalement des promesses dont ils n'ont cure", estime Madeleine Quiniou. "Cette mesure d'interdiction est d'autant plus brutale et déconcertante que nous avions le sentiment que justement, Jean Tibéri, en tant que maire de Paris, était à même de prendre en compte les réalités économiques et humaines du tourisme parisien", souligne l'hôtelière.

"Ilot séparé du monde"
A l'évidence, la colère gronde au sein des hôteliers et des restaurateurs du quartier. Il faut dire que plus de 60 hôtels (soit 2 000 chambres) sont concernés par cette décision qui les rend du reste quasiment inaccessibles aux touristes. "Nous allons tout simplement devenir un îlot séparé du monde", s'indigne la propriétaire du Carlton.
Au regard de l'affaire des boulevards de Rochechouart et Clichy, c'est finalement toute la politique de stationnement des cars de la capitale qui est montrée du doigt. "Chacun a en effet souhaité un développement économique et social durable pour la ville. Aujourd'hui, Paris explose notamment en termes de tourisme", indique Christian Mantéi, directeur de l'office de tourisme de Paris (OTP). Et de constater, "il semble qu'à ce propos, il n'y ait pas eu de vision globale quant aux difficultés engendrées par les autocars". De l'avis du patron de l'OTP, qui se déclare à la disposition des élus et des professionnels pour trouver un juste équilibre, il faut aujourd'hui que les élus prennent le "dossier" à bras le corps. Autrement dit, il serait judicieux de mener une étude approfondie sur les enjeux économiques liés au tourisme des autocars. En la matière, il est évident qu'il est impératif de distinguer la nature des cars (étrangers, régionaux, transféristes...) en question et leurs différents usages. Pas question effectivement de mettre tout le monde dans le même panier. Voilà un bon sujet de réflexion pour les candidats en course à la mairie de Paris.
PLN et C.C.

 
Les autocars qui stationneront dorénavant sur les boulevards de Clichy et de Rochechouart, à Paris, seront sévèrement verbalisés.


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L'HÔTELLERIE n° 2675 Hebdo 20 Juillet 2000


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