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Conjoncture
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Casinos et restauration au premier semestre

Activité dopée par le dynamisme de la restauration

La fin du premier semestre 2000 est l'occasion de faire un point sur la tendance observée en ce début d'année dans les secteurs des casinos et de la restauration, bilan illustré dernièrement par la publication des chiffres d'affaires des premiers et seconds trimestres (premier semestre 1999/2000) des casinotiers qui sont, rappelons-le, en exercice décalé (clôture de leur compte au 31 octobre de chaque exercice).

Le dynamisme de l'activité des sociétés exploitantes de casinos n'a pas faibli au cours du premier semestre 1999/2000 avec le maintien d'une croissance à deux chiffres. Après les Hôtels et Casino de Deauville (Marché Comptant) qui ont annoncé une progression de leur activité de 21,6 %, à 72,31 millions d'euros, le Groupe Partouche a publié un chiffre d'affaires semestriel, en hausse de 19,7 %, à 119 Me, qui intègre un produit net des jeux de 91,5 Me (+14,8 %) et un chiffre d'affaires des activités annexes (restauration...) de 27,5 Me (+ 39,3 %). Ces résultats sont prometteurs pour l'ensemble de l'année, sachant que le second semestre, qui intègre la période estivale, est le plus contributeur (avec un rapport de 46 % à 54 % entre les deux semestres). Les nouvelles exploitations du groupe (les casinos de San Roque, de Bucarest, la Société Française des Casinos, les hôtels de Lyon et d'Aix-en-Provence) ont contribué pour un tiers à la croissance de l'activité au premier semestre.
Quant à Européenne de Casinos, la société a réalisé, sur les six premiers mois de l'exercice en cours, un chiffre d'affaires (avant lissage des prélèvements progressifs) de 54,9 Me, en progression de 39,3 %. Ce niveau d'activité correspond à un produit brut des jeux (PBJ) de 94,25 Me (+ 32,9%) et un chiffre d'affaires des activités annexes de 5,1 Me (+ 69,3%). A périmètre comparable, l'activité progresse de 14,6 %, croissance interne qui intègre une politique de communication et de marketing accélérée. Au cours des prochains mois, sont prévues les ouvertures de Gréoux-les-Bains le 30 juin, Evaux-les-Bains en novem-bre 2000 et Plombières-les-Bains en 2001. Sur l'ensemble de l'année, la société table sur un PBJ supérieur à 198,2 Me (1,3 milliards de francs).

Offre diversifiée en restauration
Ces résultats illustrent une autre tendance : le rythme soutenu de croissance des activités annexes. Conformément à la dimension de lieu de loisirs que revendiquent les casinotiers, leurs efforts ont porté sur la mise en place d'une offre diversifiée en restauration et en animations. A cet égard, la fermeture administrative du casino de Gérardmer a créé un précédent : l'établissement a été fermé le 27 mars 2000 sur décision du ministère de l'Intérieur pour "absence de restauration." Le casino a toutefois rouvert en mai dernier pour une période probatoire de six mois, les autorités administratives ayant exigé "un fonctionnement exemplaire du pôle restauration." Pour le Groupe Partouche et Européenne de Casinos, et contrairement aux propos tenus par le p.-d.g. du casino de Gérardmer, "je ne propose plus de restauration depuis 1991 car mes clients viennent pour jouer et non pas pour manger", les deux sociétés croient aux activités annexes comme produits d'appel pour capter certains segments de clientèle. En termes de rentabilité, si elles dégagent des marges d'exploi-tation inférieures à celles des machines à sous, elles sont obligatoires pour l'obtention d'une autorisation des jeux et peuvent être considérées comme partie intégrante des programmes de communication et de fidélisation de plus en plus importants dans un univers où la concurrence s'intensifie et où l'aspect thématique des établissements (on note la diversité des casinos de Las Vegas) est aujourd'hui plébiscité par le consommateur.

Vers une concertation
La concurrence est également à l'origine d'une autre tendance, la concentration amorcée dans le secteur, illustrée aux Etats-Unis, comme nous avons déjà eu l'occasion de le mentionner dans un précédent article, par la "méga-fusion" entre MGM Grand et Mirage Resorts et en France par les rachats de plusieurs casinos, Moliflor (détenu par PPM Venture, propriété du Britannique Prudential) se montrant particulièrement offensif dans le rachat de casinos. Ce dernier a récemment repris les établissements d'Antibes en février, Luxeuil-les-Bains en avril et Montrond-les-Bains en mai. Dans ce mouvement de rapprochement, si le Groupe Partouche a la structure financière pour mener à bien une opération d'envergure (avec possibilité de réaliser une augmentation de capital), Européenne de Casinos, aujourd'hui très endettée malgré l'émission en début d'année de 50 millions d'euros d'obligations convertibles (pouvant être considérées comme des fonds propres), fait figure de cible éventuelle. Par ailleurs, dans ce contexte de rapprochement, il est intéressant de noter que les acteurs de la finance ne sont pas en reste. Barep Asset Management (groupe Société Générale) a investi, par l'intermédiaire d'un fonds d'arbitrage fusion/acquisition nouvellement créé, dans MGM Grand et Mirage Resorts. Quant à Moliflor qui est passé l'année dernière sous le giron de Prudential, ce sont également des financiers qui s'y sont intéressés. Malgré une conjoncture semestrielle favorable (du 1er novembre 1999 au 30 avril 2000), l'aspect spéculatif dynamisant des rapprochements, les casinotiers, cotés à la Bourse de Paris, ont sous-performé le marché depuis le début de l'année dans un mouvement d'arbitrage en faveur des valeurs technologiques. Toutefois, depuis la consolidation des valeurs de la nouvelle économie, compte tenu du rythme de croissance des casinos au premier semestre et de leur niveau actuel de valorisation, les investisseurs pourraient revenir sur le secteur.
Le Groupe Partouche a bien réagi en Bourse à l'annonce de son chiffre d'affaires semestriel, gagnant près de 10 e à 80 e. Depuis, la valeur est revenue à 73,1 e. Européenne de Casinos s'échange à 84,95 e après un plus bas récent à 83 e, à un cours toutefois très en deçà de son plus haut historique, soit 130 e (contre 89,9 e pour le Groupe Partouche). En termes de ratios boursiers, le Groupe Partouche est valorisé 1,16 fois son PBJ, 1,91 fois son chiffre d'affaires et 13,1 fois son résultat net 1999/2000 contre respectivement 0,93, 1,79 et 15,8 pour Européenne de Casinos. Rappelons, par ailleurs, que Mirage Resorts a été racheté sur la base de 1,8 fois son PBJ et 40 fois son résultat net.

Dynamisme de la consommation
Au regard des chiffres d'affaires trimestriels (au 30 mars 2000) des sociétés cotées de la restauration commerciale, Buffalo Grill et le groupe Flo à l'exception de Léon de Bruxelles en phase de restructuration, la croissance globale (périmètre existant et nouvelles ouvertures) sur les trois premiers mois de l'année est à deux chiffres. Cette tendance intègre le dynamisme de la consommation, reflet de la confiance des ménages, des entreprises et de leur propension à acheter, corroboré par une progression du nombre de repas pris en dehors du foyer (41 % des Français vont au restaurant au moins une fois par semaine, 2/3 d'entre eux étant des hommes parmi les employés, les cadres et les chefs d'entreprise), et ce, alors que le marché constate depuis deux années une restriction des repas d'affaires. Ce dernier élément milite toutefois pour les concepts de cuisine clairs alliant un bon rapport qualité/prix, principal argument des chaînes. Le dynamisme touristique français a également contribué à cette croissance, de même que le succès de la restauration à thème (type de cuisine...). Ainsi, la dernière étude réalisée par le cabinet d'études Coach Omnium concluait que pour 62 % des Français, le type de cuisine servie est un critère décisif, avant le prix (52 %) et le décor. Dès lors, la bonne définition d'un thème est un élément de succès, au même titre que l'emplacement du restaurant. A cet égard, le groupe Flo, qui vient de racheter Bistro Romain, croit dans le concept de cuisine italienne de l'enseigne tout en souhaitant le peaufiner. De son côté, Buffalo Grill, le leader des grills, poursuit son maillage français avec l'inauguration récente de son 200e établissement. A l'inverse, Dauphipâte, un concept de fast-food de pâtes fraîches, lancé par Sabeton et dont l'établissement test est situé à Marseille, n'a pas obtenu les résultats escomptés ; le groupe se donne l'année pour revoir la formule et n'en ouvrira pas d'autres d'ici là. Si la performance trimestrielle des sociétés cotées est encourageante, les derniers indicateurs donnés par la profession rendent compte d'un ralentissement sur les mois d'avril, mai et juin (week-ends fériés, Euro 2000, conditions climatiques changeantes...), qui devrait limiter la progression de l'activité sur les six premiers mois 2000. Par ailleurs, si la réduction du temps de travail dynamise les loisirs, les ménages plus enclins à consommer regardent plus attentivement "à la dépense" en privilégiant, dans le cadre de la restauration, les restaurants alliant un bon rapport qualité/prix, force de vente de bon nombre de chaînes.

S'implanter à l'étranger
Dans la restauration commerciale, la nécessité d'avoir un concept rodé et porteur a également comme conséquence d'aiguiser l'appétit des grands groupes et donc d'accélérer la concentration dans le secteur. Le rachat de Bistro Romain en est une illustration. La croissance externe est également le moyen de s'implanter à l'étranger. A cet égard, si McDonald's croit par le rachat de fonds de commerce ou l'installation de bâtiments solos sous son étiquette, l'italien Autogrill ne cache pas sa volonté de racheter ou de nouer des alliances avec des chaînes européennes (en Allemagne et en Grande-Bretagne notamment) pour imposer son concept de "pizzeria fast-food" et concurrencer McDonald's. Quant à Buffalo Grill, la nomination d'un ancien cadre de chez Accor à sa direction générale a été soulignée récemment dans la presse et laisse présager de possibles alliances stratégiques.
En termes d'évolution de la rentabilité du secteur, les deux principales charges d'exploitation de la restauration étant l'achat de matières premières et les frais de personnel, l'inflation constatée depuis le début de l'année, de même que la pénurie actuelle de main-d'œuvre, peuvent peser sur les marges. A contrario, la baisse anticipée de la TVA devrait compenser, en partie, le repli de la marge brute et les surcoûts salariaux, dont ceux liés à la réduction du temps de travail. Parallèlement, la force d'achat des chaînes et leur structure de recrutement permettent également de générer d'importantes économies d'échelle. Aussi, la capacité des chaînes à intégrer un modèle d'exploitation verticalisé est un facteur d'amélioration de leurs marges.
D. Henriet

Une activité en progression
Hôtels & Casino de Deauville
Chiffre d'affaires : 72,31 M
e , soit + 21,6 %
Valeur de l'action : 160 e (plus haut historique à 179, 1 e)
Groupe Partouche
Chiffre d'affaires : 119 M
e, soit + 19,7 %
Valeur de l'action : 73,15 e (plus haut historique à 89,9 e)
Européenne de Casinos
Chiffre d'affaires : 54,9 M
e, soit + 39,3 %
Valeur de l'action : 84,95 e (plus haut historique à 130 e)

C'est ouvert !

Annoncée depuis plusieurs mois maintenant, la première unité de Casa Sud vient d'ouvrir. C'est dans la banlieue parisienne, à quelques kilomètres d'Eurodisney, à Saint- Thibault-des-Vignes, que Jean-François Damour a installé son premier bâtiment solo, sur un site où il possède déjà un restaurant La Criée. Une ouverture très attendue et remarquée dans ce secteur où les clients étaient impatients de découvrir l'intégralité du concept. Un bâtiment très coloré, aux couleurs du soleil, une décoration intérieure particulièrement dans le ton du Sud, très dépaysante et très aérée. Un très beau volume, beaucoup de lumière, une cuisine ouverte sur la salle donnent une ambiance chaleureuse, tout à fait confirmée par une carte enlevée, originale, qui permet aux clients de faire toutes les associations possibles en matière de choix des produits. Des plats classés par famille pour répondre à la demande d'une clientèle qui veut sortir du traditionnel menu entrée-plat-dessert. D'autres implantations sont d'ores et déjà prévues.

 

 

Des titres en Bourse qui ne reflètent pas le dynamisme du secteur...
En Bourse, le secteur de la restauration n'a guère performé depuis le début de l'année. Bernard Loiseau se maintient dans une fourchette étroite comprise entre 6,3 e et 6,8 e, l'action de Léon de Bruxelles, dont le manque de visibilité sur ses perspectives a été sanctionné par le marché, a atteint un plus bas à 11,05 e (un plus haut historique à 105,19 e), groupe Flo porté par le rachat de Bistro Romain (dont le plan de développement sera présenté en septembre), qui était passé de 35,3 e à 42,2 e est revenu à 36,2 e, enfin Buffalo Grill cotait récemment près de 19,25 e (contre un plus haut historique de 23,9 e). Sur la base de ces cours, le groupe Flo et Buffalo Grill offrent respectivement des PE (price earning) de 15,1 et 14,8 en 2000, des niveaux somme toute attractifs dans un secteur où la croissance s'est certes ralentie au second trimestre, mais où la concentration et la recherche de la taille critique sont à l'ordre du jour.

 


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L'HÔTELLERIE n° 2675 Hebdo 20 Juillet 2000


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