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Trophées du Tourisme (Ille-et-Vilaine)

L'arboretum et le château

Le comité départemental du tourisme d'Ille-et-Vilaine vient de décerner ses trophées du Tourisme. Dans la catégorie hébergement, 2 hôtels-restaurants ont été célébrés. L'un pour la création d'un arboretum, l'autre pour le pari osé de son propriétaire de transformer un château en ruine en un établissement 3 étoiles.

Le département d'Ille-et-Vilaine possède assurément un fort potentiel touristique. Il suffit de citer des sites comme Rennes, Saint-Malo, Cancale, Vitré, canal d'Ille-et-Rance, Dinard, Brocéliande... Pour autant, le nom n'a rien de vendeur et si le département pouvait troquer, à l'instar des Côtes d'Armor voici plusieurs années, son patronyme contre un autre, les professionnels du CDT n'y verraient aucun inconvénient, bien au contraire. D'ailleurs, le comité départemental du tourisme d'Ille-et-Vilaine communique déjà sur les salons sous le nom de Haute-Bretagne. Le premier département de Bretagne en nombre de séjours (32 %) souffre de reconnaissance, d'un manque d'identité. Cependant, un nouveau baptême ne semble pas d'actualité. Il faut faire avec ce nom composé de ceux d'une rivière et d'un fleuve, dont l'un n'a rien de très attrayant... Les responsables du tourisme multiplient donc les actions de communication en mettant tous les acteurs à contribution. Dans cette optique, le CDT organise depuis deux ans les trophées du Tourisme, récompensant diverses initiatives touristiques. Ayant mis l'accent l'an dernier sur les investissements, les trophées ont tenu cette année à récompenser les projets innovants et ce, dans 3 catégories : hébergement-restauration, animation, équipement. En un an, cette manifestation a su s'imposer puisque l'on est passé de 48 à 71 dossiers de candidature. 2 hôtels-restaurants, Ar Milin' et le Château du Bois Guy, et une structure, le club hôtelier de Rennes, viennent donc d'être récompensés lors de cette édition 2000. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une grande première sur le plan national, le club hôtelier de Rennes s'est vu décerner un trophée pour la création de son hôtel virtuel centralisateur, informant le client des disponibilités dans l'un des 53 hôtels du club. L'initiative de l'hôtel-restaurant Ar Milin' s'avère, quant à elle, beaucoup plus originale. Ancien moulin enjambant la Vilaine, ce Logis de France de 31 chambres renferme un magnifique parc paysager de 5 hectares agrémenté d'un plan d'eau et d'une multiplicité d'essences végétales plus remarquables les unes que les autres. L'histoire de ce parc remonte en fait à 1953, lorsque M. Burel père décide de transformer le moulin en hôtel-restaurant. Il confie alors la création du parc à François Riscles, architecte-paysagiste à Clisson. Ce spécialiste choisit les essences, dessine les allées et va même jusqu'à détourner la rivière ! L'établissement ouvre quant à lui en 1966. Conscient de cette richesse naturelle, l'actuel propriétaire, Michel Burel, décide de la valoriser et de la faire évoluer grâce au talent de l'architecte des jardins, Jean-Pierre Benet. Plantation de nouvelles espèces, élagage, nouvel éclairage au sol, etc., revalorisent le jardin au plus grand bonheur des clients. Mais le trophée récompense en fait la toute dernière initiative concernant le parc : un arboretum. Sa conception est à mettre au crédit de Cécile Lemoine, professeur de biologie végétale à l'université de Rennes. Après avoir recensé les 60 plus intéressantes espèces d'arbres du parc, elle a conçu un circuit balisé mettant en valeur les essences grâce à une signalétique et surtout à un livret explicatif gracieusement dispensé aux clients. Ce dernier comporte des fiches explicatives avec un descriptif (taille, origine, couleur du tronc), un dessin de la feuille, de la silhouette et de la branche de l'arbre. Se suffisant à lui-même, cet outil pédagogique peut par ailleurs servir de support à diverses animations qu'elles soient sportives, commerciales, culturelles, ludiques... l'investissement se monte à quelque 300 000 F depuis un an et demi.

Le pari fou !
Planté sur une propriété de 18 hectares, le Château du Bois Guy, à Parigné près de Fougères, n'a pas été récompensé pour son environnement. Les trophées du Tourisme ont tenu ici à encourager l'effort de son propriétaire, Gérard Février. Ancien industriel ayant largement réussi dans les affaires, ce passionné décide un beau jour de vendre son affaire pour se consacrer à un projet fou. Transformer une ruine en hôtel-restaurant haut de gamme. Ancien logis du Général du Boisguy, cette construction d'époque Louis XIV adossée à un édifice renaissance n'est, en 1998, plus qu'une ruine au toit arraché et aux murs déchirés par le temps. Il faut 18 mois de travaux pour ressusciter l'établissement et le transformer en hôtel-restaurant de 12 chambres 3 étoiles et d'une salle de restaurant limité à une trentaine de couverts. L'investissement, tenu secret, est qualifié de "colossal", par Gérard Février. Le pari semble fou d'autant que le Château du Bois Guy, appartenant aujourd'hui aux Châteaux et Hôtels de France, est retiré en pleine campagne. Et Gérard Février le reconnaît : "Nous sommes loin de nos objectifs, mais tous nos clients nous disent de tenir bon." L'homme d'affaires tablait en effet lors de l'ouverture sur un CA de 4 MF. Aujourd'hui, les comptes font apparaître un chiffre de 2,70 MF pour le premier exercice. Mais son propriétaire s'accroche. "Je continue parce que j'y crois et surtout je ne le fais pas pour moi mais pour mes enfants." Le Château du Bois Guy est en effet une affaire familiale puisque sa fille Emmanuelle Février prend en charge la communication et son fils, Benoît Février, s'est vu confier le piano après maintes déceptions en cuisine. "Oui, j'ai été déçu, pour ne pas dire plus, par les gens que j'ai engagés en qualité de chef, reconnaît Gérard Février. C'est un métier extrêmement difficile et franchement je suis persuadé qu'aujourd'hui dans ce secteur, un jeune qui veut s'installer ne peut pas réussir dans la gastronomie !" Pour autant, malgré les déceptions, Gérard Février en est convaincu, "on va réussir. Il fallait être fou pour se lancer dans ce projet, alors pourquoi pas continuer dans la folie ?" Le trophée du Tourisme ne peut que l'inciter à aller de l'avant. Les grands vainqueurs de cette seconde édition des trophées du Tourisme restent assurément les professionnels dans leur ensemble, qui se sont d'ailleurs largement impliqués dans la manifestation. On en veut pour preuve l'organisation du repas, concocté par 9 chefs Logis de France d'Ille-et-Vilaine aidé par 4 autres chefs membres des tables Gourmandes du pays rennais. Tous unis pour défendre un département qui a, une fois de plus, dévoilé toutes ses richesses.
O. Marie

 
Il a fallu 18 mois de travaux pour réssusciter le château. Un investissement colossal selon
son propriétaire, Gérard Février.


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L'HÔTELLERIE n° 2674 Hebdo 13 Juillet 2000


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