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Courrier des lecteurs
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Rubrique animée par Pascale Carbillet.
Exclusivement réservée aux établissements abonnés. pcarbillet@lhotellerie-restauration.fr

Formation professionnelle

Elèves et enseignants réagissent

Vous avez été très nombreux à nous écrire pour réagir aux propos de Claude Izard publiés dans notre édition "Formation". Extraits. 

"Les jeunes qui sont embauchés dans des établissements de restauration après leur scolarité en section hôtelière ne peuvent plus espérer aucun autre apport de savoir technique et pratique de la part de leurs employeurs et perdent ainsi très vite la motivation qui était pourtant la leur durant leur scolarité."
Je m'insurge et considère que c'est de la responsabilité de la profession et de sa confédération ! Les enseignants sont donc et restent bien les seuls à former les jeunes.
Je fais partager ma passion du métier aux jeunes qui me sont confiés depuis 1987. Que de non-professionnels j'ai pu rencontrer sur le terrain depuis ces années !
Ceci dit, je m'en étais déjà aperçu avant d'être enseignant ! Des responsables d'entreprise parfaitement incapables qui se sont un jour installés à la tête d'une PME, grâce à une trésorerie tout droit sortie d'une loterie, d'un héritage, d'une prime de licenciement... ou du papa restaurateur mais vraisemblablement sans aucune formation sérieuse d'école hôtelière.
Les collègues enseignants doivent continuer à s'investir dans la formation des jeunes comme ils l'ont toujours fait et surtout ne pas se laisser intimider par des responsables de la confédération quelque peu zélés. Les professionnels sont très occupés et ont la responsabilité de leurs affaires. D'ailleurs, ils ne s'occupent que de cela, la formation d'apprentis ou d'autres stagiaires ne les concernant pas le moins du monde. Pourtant, ces derniers sont très nombreux dans bon nombre d'entreprises, issus de tous lycées, de toutes sections, de tous niveaux, sans même que Messieurs les professionnels ne s'en soucient, pourvu "que ça bosse".
Inutile de revoir les programmes. Il faut que les "soi-disant"partenaires restaurateurs ne soient pas seulement des chefs d'entreprise mais des gens qui prennent enfin conscience que lorsque l'on signe une convention de stage, ce n'est pas pour remplacer un membre du personnel en congé ou consolider la brigade car la pleine saison s'annonce... mais que leur rôle est aussi et surtout de former les futurs professionnels !
Il y a réellement trop d'établissements de restauration qui ne savent pas exploiter les capacités acquises de très nombreux jeunes issus des écoles hôtelières, qui ne répondent pas ou plus aux critères de sélection que nous instaurons pour nos élèves sortant avec leurs diplômes. Si la confédération comprend cela, alors le métier va retrouver ses lettres de noblesse.
Avec tout le respect que je dois à Monsieur Izard, je l'invite à beaucoup plus de modestie et de retenue dans ses propos. Il aurait écrit dans son article que tous les profs sont des "ratés de la profession" que cela aurait été du pareil au même ! Je suis de mon côté prêt à me confronter professionnellement à lui sur le terrain de son choix et ce, sans stage de perfectionnement.
Monsieur le président parle dans sa prose de l'alternance. Eh bien, pour l'avoir mise en place dans l'académie de Lille, je lui expliquerai en même temps que celle-ci n'a pas été instituée par le ministère dans le but de diminuer le nombre de jeunes dans les écoles hôtelières mais bel et bien pour faire en sorte qu'il y ait une complémentarité de formation (ai-je dit une bêtise ?) entre l'école et l'entreprise d'accueil.
En conclusion, je ne comprends pas que de telles lignes puissent être attribuées à une personne exerçant de telles responsabilités au sein de la confédération. Est-il nécessaire de rappeler à Monsieur Izard que les trois MOF en service il y a deux ans étaient tous des professeurs ?
Didier Rolin, professeur de lycée professionnel, et à l'occasion formateur pour ces jeunes qui le méritent sûrement

Scandaleux

Les commentaires de Claude Izard me paraissent scandaleux et malhonnêtes. Combien d'élèves formés par l'Education nationale travaillent actuellement dans la profession... De très nombreux certainement. C'est une atteinte à leur dignité, un manque de respect pour toutes les connaissances qu'ils ont acquises lors de leur formation, c'est également un procès rétrograde.
Une enseignante dans un lycée professionnel hôtelier

 

"Il existe des élèves motivés"

Ce qui se passe dans le monde de l'hôtellerie et de la restauration ne me plaît pas.
L'article de Claude Izard paru dans L'Hôtellerie du 16 mars m'a fortement choqué ! Quel mépris des écoles et de leurs élèves.
Voici donc mes propositions :
En France, il y a trop d'hôtels et de restaurants : il convient donc d'en supprimer pour ne conserver que les meilleurs. Je vais privilégier la qualité à la quantité. Finies donc les chambres sales, délabrées, trop petites. Finies les chasses d'eau qui fuient, les salles de bains exiguës et qui sentent le moisi.
Finis aussi les petits-déjeuners à 40 F où un quart de baguette côtoie un beurrier président et une coupelle de 10 g de confiture. Sans parler du café congelé et de la serveuse ou du serveur qui ne me souhaite pas bonjour.
Finis les restaurants où la viande a un goût de frigo, où le poisson a davantage vu le congélateur que la mer. Finis les restaurants où quand je paie mon addition, j'ai l'impression de me faire voler. Je soumets également une idée au Guide Rouge qui sanctionnerait aussi par un petit logo l'état social de l'établissement. Par exemple :
1 chameau = désert social
2 chameaux = mépris de l'employé
3 chameaux = ça s'améliore
1 oasis = le personnel est estimé et payé.
Contrairement à ce que vous pouvez penser des élèves, Monsieur Izard, il y en a encore beaucoup qui sont motivés, bien sûr pas tous (comme nos restaurants tout à l'heure).
Moi, j'ai envie de faire ce métier qui me passionne, mais je ne souhaite pas qu'il m'enferme, m'emprisonne. Je voudrais, en parallèle, pouvoir conserver mes amis, pouvoir aller au cinéma (pour éviter de passer à coté de films comme Le Goût des autres), profiter de la nature qui m'entoure et surtout pouvoir voir mon amie autrement que le soir à 23 heures quand elle dort ou pendant la coupure quand elle travaille.
Cet équilibre me semble indispensable pour pouvoir être de bonne humeur au travail et être bien dans ma vie.
La société change, le monde de l'hôtellerie et de la restauration doit changer. Et que le passage aux 35 heures soit pour vous l'occasion de prendre en compte ses attentes et de vous réorganiser en conséquence. A ce moment-là, vous aurez le personnel que vous méritez. Mais arrêtez de faire payer, à nous stagiaires et élèves, votre incapacité à gérer correctement vos établissements.
(W.R., un élève de BTS passionné de cuisine)

 

Comment faire ?

Comme l'hirondelle au printemps et l'œuf à Pâques, réapparaît cycliquement dans votre journal la polémique entre les professionnels éminemment compétents et les enseignants éminemment incompétents.

Monsieur le président,
Je ne vous connais pas, vous ne me connaissez pas, et pourtant vous vous permettez de dire du mal de moi. Aussi je me permets de m'adresser à vous pour obtenir des réponses à quelques questions qui me taraudent à la lecture de votre discours.
Dans un premier temps, pourriez-vous me dire de quelle façon traiter un ambitieux programme, faire partager "une passion" à des élèves que je vois 55 minutes tous les 15 jours en technologie, restauration (classe de seconde), ce qui fait sur l'année scolaire 13 séances, soit environ 11 heures ?
Ou à des élèves que je vois en travaux pratiques (classe de 1re d'adaptation), 2 séances toutes les 4 semaines, soit 10 séances par an de 4 h 15, soit en tout 50 heures ? Ou encore, comment transmettre à des élèves de transversale d'insertion professionnelle les connaissances concernant le patrimoine viti-vinicole et gastronomique français, plus les rudiments de la dégustation analytique en 7 séances de 2 heures ?

Je ne vous ferais pas l'affront de vous détailler les références des susnommés programmes, vos propos éclairés démontrent nettement que vous les avez soit appris par cœur, soit élevés au rang de vos livres de chevet préférés, les référentiels y afférant.
Dans un deuxième temps, pourriez-vous m'expliquer pourquoi, alors que l'enseignement hôtelier est
si déplorable, les hôteliers-restaurateurs de notre région, et non des moindres, puisque j'ai eu en cours quelques enfants d'illustres étoilés, choisissent d'envoyer la chair de leur chair, ce qu'ils ont de plus précieux, dans nos locaux, et qu'ils semblent s'en trouver assez satisfaits ? Pourquoi diable ne les envoient-ils pas en apprentissage chez d'autres et non moins illustres confrères ?

Enfin, et pour ne pas abuser de votre temps bien que de nombreuses autres interrogations me viennent encore, pouvez-vous m'expliquer pourquoi nos élèves quand ils sortent diplômés de notre lycée, que ce soit avec un BEP, un Bac pro ou un BTS, fuyant les entreprises françaises après une première expérience souvent consternante, choisissent pour une grande majorité de partir travailler à l'étranger, où ils ne ménagent ni leurs efforts, ni leurs heures ?
J'attends de votre très haute compétence une réponse prochaine à toutes mes interrogations, afin d'éclairer mon sombre chemin d'incompétence patentée. Vous pouvez me répondre soit directement, soit par le biais du journal, de mon proviseur, de mon inspecteur, ou encore de mon ministre.
(Catherine Genzwurker-Stehlin)


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L'HÔTELLERIE n° 2661 Hebdo 13 Avril 2000

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