Forcing médiatique autour de la construction du Park Plaza à Marseille
Le Syndicat des hôteliers de Marseille s'inquiète des effets d'annonce du Park Plaza qui risquent de torpiller d'autres projets d'hôtels 4 étoiles à ses yeux plus réalistes. Il critique aussi l'absence de concertation de la ville avec la profession.
Au nom du CHR 13, Marc Thépôt, président de l'hôtellerie de chaîne et par ailleurs directeur régional du pôle affaires et loisirs d'Accor, s'insurge : "Le forcing médiatique auquel se livrent les promoteurs du Park Plaza à Marseille est d'autant plus exaspérant que le dossier financier n'est pas encore finalisé." Et de s'élever contre "les effets d'annonce répétés" concernant ce projet, encore récemment présenté dans la presse locale comme étant bouclé, à la suite d'une conférence de presse organisée par le secrétariat général de la ville. Selon les informations diffusées lors de la conférence de presse et reprises par le secrétariat général de la mairie, le dépôt du dossier en CDEC a été réalisé le 16 février - mais encore faut-il qu'il soit accepté - et le dépôt des permis de construire et de démolir le 20 février. L'objectif annoncé par la ville est de permettre aux promoteurs de disposer d'un permis de construire purgé de recours fin septembre, en vue d'un démarrage des travaux en novembre et d'une livraison de l'hôtel en avril 2002. Le futur établissement 4 étoiles de 160 chambres, qui représenterait un investissement de 160 MF, prévoirait de se vendre en moyenne 900 F la nuit.
Deux projets concurrents aux conséquences néfastes...
"Tout cela n'est pas réaliste, s'insurge Marc Thépôt. Actuellement,
hormis le Sofitel-Vieux Port, aucun 4 étoiles ne parvient à pratiquer ces tarifs et ces
effets d'annonce risquent de provoquer une guerre des prix néfaste. Par ailleurs, il ne
nous semble pas rationnel que la ville de Marseille pousse deux projets d'hôtellerie de
luxe concurrents, chacun sur une rive du Vieux Port - le Park Plaza d'un côté, l'Hôtel
Dieu de l'autre - sans consulter la profession, et sans prendre la mesure des effets
dévastateurs que cela peut avoir." Pour le représentant du CHR 13, cette
situation peut être d'autant plus dommageable que les établissements 4 étoiles existant
sont en train de réaliser de gros investissements pour se requalifier. C'est le cas, par
exemple, du Concorde Palm Beach qui vient de déposer un permis de construire pour
s'agrandir et réaliser un nouvel accès ; le Concorde Prado, qui va rouvrir en mai
prochain après avoir réalisé d'importants travaux (prix de revient de la chambre,
acquisition et rénovation comprises : 450 000 F) sera alors géré par Accor. Le groupe
envisage par ailleurs de faire passer le Mercure Beauvau sur le Vieux Port de 3 en 4
étoiles.
Autre aspect à prendre en compte : les projets hôteliers prévus, à plus long terme,
dans le cadre du projet Euroméditerranée. Ces derniers, de même que le projet de
l'Hôtel Dieu porté par l'adjoint au tourisme, Dominique Vlasto, emportent la
préférence du syndicat. Il est vrai qu'ils ont peu de chance de sortir de terre
rapidement et laissent donc plus de temps aux établissements existants pour s'adapter à
cette concurrence. "Le groupe Park Plaza Worldwide n'a que trois hôtels 4
étoiles en France. Ce n'est pas une chaîne crédible et elle ne pourra pas remplir
facilement les chambres du futur établissement. Nous craignons donc que celui-ci ne soit
conduit à déposer assez rapidement son enseigne, ce qui serait dramatique pour l'image
de Marseille, poursuit le représentant du CHR 13. Ce projet, s'il est réalisé,
fera avant tout du tort aux indépendants", met-il enfin en garde. Des deux 4
étoiles, qui l'emportera ? L'avenir le dira. Mais cette concurrence, qui semble se
manifester au sein même de la municipalité quoi qu'elle en dise, fait un peu désordre :
le Park Plaza a bénéficié d'un nouvel effet d'annonce quasiment le jour même où 2
groupes - Méridien et Starwood - étaient de passage à Marseille pour visiter l'Hôtel
Dieu...
L. Casagrande
Rappel historiqueLa construction d'un hôtel au 38-40, quai de Rive Neuve, à côté du théâtre national de la Criée, est un projet dont on parle depuis près de 20 ans. Pendant plusieurs années, Generim SA a fait le forcing pour trouver des investisseurs prêts à s'investir dans la construction d'un Hilton, projet qui avait fait lui aussi l'objet de multiples effets d'annonce avant d'être abandonné. En avril 1996, la ville lançait une nouvelle consultation à l'attention des promoteurs investisseurs et retenait en mars 1998 le nouveau projet déposé par Generim SA, associé au groupe Park Plaza Worldwide. Depuis, celui-ci est régulièrement présenté comme "en passe de voir le jour". |
Du côté de la mairie...
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L'HÔTELLERIE n° 2658 Hebdo 23 mars 2000
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"Le
conseil municipal a pris, dès mars 1998, la décision politique de soutenir ce projet de
4 étoiles luxe sur le Vieux Port et de vendre le moment venu son terrain au promoteur.
Aujourd'hui, le dossier nous semble suffisamment avancé pour que nous lui réitérions
notre soutien, même si Generim SA ne nous a effectivement pas encore communiqué les noms
de ses banques. En ce qui me concerne, je considère qu'il est bouclé à 99 %",
estime Jean-Claude Gondard, secrétaire général de la mairie, à l'initiative de la
récente conférence de presse. Marseille a un besoin urgent de chambres 4 étoiles
supplémentaires et ce projet n'est pas incompatible avec celui de l'Hôtel Dieu qui
mettra plusieurs années à sortir : le bâtiment appartient à l'Assistance publique et
la Ville n'en a pas encore la maîtrise foncière. Quant aux 4 étoiles existants qui
commencent à se rénover aujourd'hui, et auxquels le Park Plaza risque, dit-on, de faire
ombrage, ils auraient dû y songer plus tôt !" Pour le secrétaire général de
la mairie, le Park Plaza, qui sera assorti d'un parking de 350 places et d'un jardin
public, revalorisera le quartier et s'intégrera parfaitement à l'environnement. "Le
projet architectural a été revu en fonction de nos demandes et sera d'une grande
qualité. De toute façon, Generim SA dispose sur le site d'une parcelle imbriquée dans
le terrain municipal, et la ville ne peut rien faire sans lui. Hormis de l'exproprier si
elle voulait y réaliser un équipement public, ce qui n'est pas le cas." Pour
Dominique Vlasto, adjoint au tourisme, pas de problème : "Si le Park Plaza est bien
un hôtel luxe 4 étoiles aux normes internationales, qu'il sorte tout de suite ! Nous en
avons besoin. Mais j'attends qu'on me présente les plans correspondant véritablement à
ces normes. Et que le dossier de financement soit bouclé. Mais, il y a à peine quinze
jours, une banque que le promoteur présentait comme déjà acquise, m'a contactée pour
avoir des renseignements sur le projet. Alors..."
