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"Les Poubelles" et le paracommercialisme

Une paillote à la sauce gardoise

Hors-la-loi, cet établissement a longtemps résisté aux injonctions de fermeture des différentes administrations. Mais dans la cité chère à Saint-Louis, la justice a finalement eu gain de cause. Le patron a été mis en examen et le temple d'une certaine vie nocturne branchée réduit au silence...

Au bout du chemin des Pénitents, le silence est revenu les soirs de week-end. Le maire d'Aigues-Mortes respire enfin. C'est que René Jeannot, premier magistrat de cette commune touristique du littoral gardois, en avait assez que la justice soit bafouée au pied des remparts qui ont vu Saint-Louis partir pour les Croisades. La fermeture de la discothèque Les Poubelles après cinq ans d'exploitation a mis, en effet, un terme à ses soucis.
Des tracas qui ont débuté voilà cinq ans, lorsque ce lieu est devenu le point de ralliement des membres d'une association taurine. Mais le cercle de famille s'est vite agrandi et il devenait de moins en moins nécessaire de posséder une carte de membre pour franchir le portail métallique, danser et boire jusqu'au bout de la nuit...

Ni permis, ni licence
Danser, même si l'endroit était loin d'afficher un confort à toute épreuve, c'était possible dans les deux salles aménagées et sonorisées. Mais comme aucune demande de permis de construire n'a jamais été déposée, Dominique Tarasco, le locataire et animateur des lieux, s'est retrouvé une première fois dans une situation embarrassante. Qu'importe, comme il n'a jamais cessé de le clamer haut et fort, il avait dans sa clientèle suffisamment de personnalités influentes, "des ministres, des procureurs sont venus ici...", pour faire la sourde oreille. Boire, à des tarifs défiant souvent toute concurrence, était également au programme des soirées qui attiraient une clientèle branchée en provenance directe de Montpellier. Pourtant, le lieu n'a jamais obtenu la moindre autorisation pour devenir un débit de boissons.
La sécurité constituait également une source de problèmes. Les murs étaient en bois, les installations électriques non conformes et aucun moyen de protection contre l'incendie n'était installé. En matière d'hygiène... les toilettes, au-delà du parking, s'étalaient sur 40 hectares de Camargue !

Arrêtés de fermeture... en vain
Les soucis de Dominique Tarasco avec la justice ont débuté courant 1997. Gendarmerie, douanes, DDASS et SACEM, notamment, ont diligenté des enquêtes. Mais ce n'est que le 9 mars 1999 que la cour d'appel de Nîmes a ordonné la fermeture définitive et condamné l'exploitant à 25 000 F d'amende. Sans résultat...
Entre temps, deux premiers arrêtés de fermeture administrative de six mois (août 1997, mars 1998) avaient été pris par le préfet du Gard. Décisions qui n'ont pas eu plus de conséquences puisque les appels interjetés par un avocat procédurier avaient suspendu ces décisions.
Lassé, le maire d'Aigues-Mortes s'est appuyé sur les conclusions de la commission départementale de sécurité pour prendre à son tour un arrêté. C'était il y a près d'un an et personne ne lui a donné les moyens de le faire respecter.
Jusqu'à ce qu'en ce début d'année, un juge nîmois ne prenne le taureau par les cornes. Dominique Tarasco et Valérie Urbani, sa compagne, ont été mis en examen pour ouverture de débit de boissons sans autorisation, défaut de permis de construire et mise en danger de la vie d'autrui. Le couple, placé sous contrôle judiciaire, a cette fois bel et bien été obligé de baisser le rideau au grand soulagement d'un élu local que la FNIH du Gard, alertée dans un premier temps par des patrons de discothèque, a soutenu dans son action.
J. Bernard


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L'HÔTELLERIE n° 2656 Hebdo 9 Mars 2000

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