Votre argent
Rarement l'immobilier n'aura occupé une place aussi centrale qu'en ce début d'année 2000. Nouvelle baisse des droits de mutation, réduction ciblée de la TVA pour les travaux d'entretien dans un logement et lancement des premières opérations immobilières permettant de bénéficier du dispositif Besson. Etroitement lié à la mise en place du statut de bailleur privé conventionné, ce nouveau dispositif a l'avantage de ne pas avoir un avenir limité dans le temps par rapport aux précédentes mesures ponctuelles auxquelles il succède, mais il ne semble pas être aussi favorable aux contribuables d'un point de vue fiscal. Qu'en est-il vraiment ?
Par rapport aux lois
précédentes (Méhaignerie, Quilès, Périssol), le dispositif Besson innove dans deux
domaines : il concerne aussi bien le neuf que l'ancien et il s'inscrit dans la durée. Ce
n'est pas une mesure conjoncturelle destinée à stimuler l'investissement locatif mais
bien un cadre stable.
De plus, si on en croit l'étude effectuée par le groupe Foncia, le régime Besson peut
se révéler, d'un point de vue fiscal, aussi intéressant que le dispositif Périssol. La
durée d'amortissement prévue est de 15 ans et permet de déduire de ses revenus fonciers
jusqu'à 65 % du prix d'acquisition (8 % par an durant les 5 premières années et 2,5 %
par an les 10 suivantes), soit 398 000 F pour un investissement d'un million de francs et
une tranche marginale d'imposition à 54 %. Sur la même durée, en régime Périssol, on
ne pouvait amortir que 62 % du montant de l'investissement et réaliser 379 000 F
d'économie d'impôts.
Le poids des contraintes
Mais en contrepartie, que de contraintes à respecter (pas moins de 60 pages
d'instructions !). Les investisseurs doivent en premier lieu respecter des plafonds de
loyers au mètre carré globalement inférieurs au prix du marché. Il faut donc que
l'économie d'impôt ne soit pas annulée par un rendement locatif inférieur à 5 %. Or,
la France a été découpée en 4 zones. Les possibilités de loyer les plus élevés sont
réservées à Paris et à certaines communes limitrophes : 76 F par m2 dans le neuf et 66
F dans l'ancien, mais ces plafonds sont inférieurs de 28 % aux prix du marché. Cet
écart est beaucoup moins important en grande couronne de l'Ile-de-France et dans les
grandes villes de province. Il faut donc bien choisir son lieu d'investissement.
Le choix du type d'appartement est également important. En effet, le calcul du loyer
plafond se fait sur la base de la surface habitable, les surfaces annexes (cave, garage,
loggia, balcon) peuvent s'ajouter à la surface obtenue en appliquant un coefficient de
1/2 dans la limite de 8 m2. Par conséquent, la présence d'annexes peut permettre de
majorer le loyer de 9 % pour un 4 pièces et de 26 % pour un studio et faire revenir le
loyer demandé aux niveaux normalement pratiqués.
Seconde contrainte imposée par la loi Besson : le respect de plafonds de ressources
fixés en fonction des zones géographiques (Ile-de-France ou province) et de la
composition du foyer des locataires (personne seule ou couple avec un, deux enfants). Les
revenus imposables maximums acceptés varient de 97 200 F par an (personne seule en
province) à 365 490 F (couple marié avec 4 personnes à charge à Paris).
Mais attention, le revenu imposable à prendre en compte est le revenu fiscal de
référence de l'année N-2, c'est-à-dire le revenu d'il y a deux ans, après prise en
compte des abattements de 10 % et de 20 %. Par conséquent, dans les faits, les locataires
peuvent avoir des niveaux de revenus allant de 11 000 F à 41 700 F net par mois, ce qui
représente souvent au moins 4 fois le loyer demandé.
Autre précision importante, les revenus sont pris en compte une fois pour toute lors de
la location, ils peuvent ensuite évoluer librement sans risque de remise en cause des
avantages fiscaux.
Et pour l'ancien ?
Dans le cadre de la loi Besson, à condition de s'engager à louer pendant 6 ans un
logement répondant à des normes minimales de confort, les bailleurs privés peuvent
bénéficier d'une déduction forfaitaire sur leurs revenus fonciers, majorée à 25 %.
Mais en contrepartie, ils doivent également respecter les mêmes plafonds de ressources
que dans le neuf pour les locataires et des plafonds de loyers en revanche inférieurs (de
31 à 66 F selon la zone d'investissement).
Attention toutefois, l'achat d'un appartement occupé ne donne pas droit aux avantages
fiscaux : on ne peut adhérer au système Besson qu'à l'occasion d'un changement de
locataire. Dans ce cas, le nouveau dispositif ne peut se révéler intéressant que si on
ne doit pas baisser le loyer par rapport au prix du marché.
D'après l'étude effectuée par le groupe Foncia, compte tenu des prix des loyers, le
Besson ancien est intéressant exclusivement pour les grandes surfaces (à partir du 3
pièces) et dans des secteurs bien ciblés. Il s'agit par exemple de la région parisienne
(hors banlieue ouest et première couronne), de Bordeaux, d'Avignon, de Valence ou de la
périphérie de Saint-Etienne.
Pour majorer le rendement, il peut être astucieux de réaliser des travaux avant la mise
en location. Cet investissement est alors amortissable à hauteur de 100 % et les
déficits fonciers générés peuvent être reportés pendant 5 ans sur le revenu
imposable dans la limite de 70 000 F par an. La rentabilité après impôt pourra alors
être supérieure à 5 % pour des rendements bruts se situant entre 8 et 10 %.
En conclusion, le dispositif Besson peut être rentable, mais plus que jamais, il ne faut
pas faire d'erreur dans le choix du type de logement et de sa situation géographique.
Prudence donc, pas d'achat sans réflexion.
M.-C. Barbier
En contrepartie des avantages fiscaux du nouveau dispositif Besson, un certain
nombre de paramètres doit être respecté.
Les possibilités offertes par le 1 % logementSi vous souhaitez investir dans de l'immobilier locatif dans le cadre de la loi
Besson, vous pouvez conclure un accord de réservation locative avec un organisme
collecteur du 1 % logement. Notre conseil : si vous êtes intéressé, adressez-vous aux associations départementales d'information sur le logement (Adil) et aux délégations départementales de l'Anah. |
Lieu de location | Neuf Ancien | |
---|---|---|
Zone 1 bis | 76 F/m2/mois | 66 F/m2/mois |
= Paris et communes limitrophes | ||
Zone 1 | ||
= reste de l'agglomération parisienne | 66 F/m2/mois | 56 F/m2/mois |
Zone 2 | ||
= reste de l'Ile-de-France et agglomérations de plus de 100 000 habitants | 51 F/m2/mois | 36 F /m2/mois |
Zone 3 | ||
= reste du territoire | 46 F/m2/mois | 31 F /m2/mois |
Attention, les baux conclus en 1999 ne sont pas concernés par ces nouveaux montants. La révision des loyers en cours se fera à la date anniversaire de la location en appliquant la clause de révision prévue dans le contrat de bail.
Composition du foyer locataire | Lieu de location | ||||
---|---|---|---|---|---|
Ile-de-France | Province | ||||
* personne seule | 116 430 F | 97 200 F | |||
* couple marié | 191 350 F | 148 830 F | |||
* personne seule ou couple marié avec une personne à charge | 229 830 F | 178 190 F | |||
* personne seule ou couple marié avec deux personnes à charge | 274 370 F | 215 650 F | |||
* personne seule ou couple marié avec trois personnes à charge | 325 000 F | 253 110 F | |||
* majoration par personne à charge à partir de la quatrième | + 41 510 F | + 32 400 F |
Régime Besson dans le neuf : les contraintes en brefm Le
logement doit être situé en France, acquis neuf ou en l'état futur d'achèvement (VEFA)
à titre onéreux après |
Mémento des démarchesLe contribuable qui souhaite bénéficier de la déduction au titre de l'amortissement Besson doit fournir à l'administration : m Lors
de la déclaration des revenus de la première année au titre de laquelle la
déduction est pratiquée, une lettre d'engagement de location, la copie du bail, la copie
de l'avis d'imposition ou de non-imposition du locataire établie au titre de
l'avant-dernière année précédant celle de la signature du contrat de location. Si le
logement loué est ancien, il faut ajouter une attestation de conformité aux normes
d'habitabilité. |
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L'HÔTELLERIE n° 2655 Hebdo 2 Mars 2000