Grenoble
A Stendhal, Berlioz et Champollion, glorieux enfants de Grenoble, le restaurateur Alain Girod vient d'ajouter le poète Charles Baudelaire, non pas pour ses liens avec le Dauphiné, mais pour son penchant, entre autres ivresses, pour un grand vin du Médoc qu'il avait baptisé... Chasse Spleen.
Patron de L'Escalier depuis près de quinze ans (restaurant réputé répertorié dans les guides), Alain Girod compte dans sa clientèle une part de l'intelligentsia de cette ville universitaire de 60 000 étudiants. Tous ses hôtes ne sont pas des poètes, tant s'en faut, mais la plupart, étrangers et français, connaissent l'auteur des Fleurs du mal. Ayant repris le Bistrot des Musées jouxtant son restaurant dans le cœur historique de Grenoble, il a eu l'idée de dédier à Baudelaire ce deuxième établissement orné de panneaux reproduisant des poèmes à la fois romantiques et d'une sensualité toute moderne du poète au destin tragique auquel Marius Constant vient de consacrer un opéra créé en novembre à l'Espace Cardin. Certains de ces Petits Poèmes en prose font d'ailleurs penser à un autre auteur : Arthur Rimbaud.
Une partie de la brigade de L'Escalier a donc été détachée au Chasse Spleen dont le décor, fort original, évoque des aspects industriels et agroalimentaires du patrimoine dauphinois, des ferrailles de Bouchayer-Viallet aux ciments Vicat, des noix de Grenoble aux biscuits Brun et aux pâtes Lustucru, mais avec des nappes et des rideaux !
Et pour beaucoup de Grenoblois déplorant l'invasion des fast-foods et autres pizzerias, une table opportune en face du fameux musée de Peinture.
C. Bannières
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L'HÔTELLERIE n° 2654 Hebdo 24 Février 2000
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