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Editorial
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Aphasie

Depuis plusieurs années maintenant, les restaurateurs cherchent à faire entendre leur voix, tant à travers leurs syndicats professionnels qu'à travers leurs associations. Ils veulent faire comprendre aux politiques que l'évolution du secteur de la restauration, de la demande de la clientèle, que l'amélioration de l'offre, de l'hygiène, de la sécurité, sont autant d'éléments incompatibles avec le maintien d'un taux de TVA aussi élevé. De par sa nature, constamment au service d'une clientèle de plus en plus exigeante, la restauration supporte des frais de personnel considérables, une charge qui, pour certains, va jusqu'à représenter près de la moitié du chiffre d'affaires, une situation d'autant plus difficile à gérer que dans les jours qui viennent pour les plus gros, dans les mois qui suivent pour les autres, une réduction du temps de travail devra être mise en place.
S'ils ne nient pas la nécessité d'un réaménagement du temps de travail, les restaurateurs ne peuvent accepter une telle révolution sans réelles contreparties dans la mesure où leurs comptes de résultats ne leur permettront pas longtemps d'en supporter le coût. Imposer délibérément la mise en place de la loi Aubry sans tenir compte de la spécificité du secteur, c'est décider à terme de la disparition d'un grand nombre d'entreprises qui ont pourtant leur raison d'être tant au niveau de la clientèle qu'en termes d'emplois. Un discours que les politiques refusent toujours d'entendre mais sur lequel les restaurateurs ont montré, pour peu qu'on sache les mobiliser, qu'ils étaient capables de se faire entendre. De tous les coins de France, ils sont venus. Ils ont été plusieurs milliers à affronter les forces de l'ordre en octobre dernier dans les rues de Paris, ne tolérant plus d'être traités avec autant de mépris par les politiques. A leur demande de baisse de la TVA, ils n'ont eu comme réponse que bombes lacrymogènes et fin de non-recevoir, Bercy s'attachant à mettre en avant le coût insupportable de la mesure pour les caisses de l'Etat. Mais en même temps, ils ont pu mesurer le degré de sympathie qu'avaient, par rapport à leurs revendications, le public, leurs clients, parfaitement conscients qu'au-delà de leurs intérêts, les restaurateurs défendaient aussi ceux des consommateurs qu'ils sont.
Depuis, les comptes ont été faits et l'on sait combien, en quelques mois, ces fameuses caisses que l'on décrivait vides se sont remplies. Aussi, alors qu'aujourd'hui plusieurs milliards de francs sont disponibles pour un allégement de TVA, on ne peut que s'étonner du silence de ceux qui ont pourtant si bien su battre le pavé parisien cet automne. Alors que le ministre des Finances ne pourrait plus aujourd'hui justifier son refus du fait du budget de l'Etat, que l'on dit le Premier ministre plus enclin qu'en octobre dernier à écouter les revendications des restaurateurs, il pouvait paraître opportun de relancer le débat... Nombreux sont les restaurateurs qui, investis dans cette manifestation en octobre dernier, ne comprennent plus du tout pourquoi leurs dirigeants syndicaux restent aujourd'hui muets...

PAF

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