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Limousin

McDo s'impose et irrite les restaurateurs

Une ouverture à Tulle, une autre à Limoges. L'enseigne s'implante en force avec au total une demi-douzaine de sites. De quoi agacer les restaurateurs locaux, férus de viande bovine hautement qualitative, mais également les éleveurs.

D'après Alain Besson, le directeur régional de McDo en Limousin, la France est "le pays le plus rentable pour notre enseigne". En inaugurant le 14 décembre dernier son septième point de vente sur la région, (3 à Limoges, 3 en Corrèze, 1 à Guéret) face au palais des sports de Beaublanc, à Limoges, le manager a presque été cynique, en affirmant : "Que l'on parle en bien ou en mal de nous, peu importe, l'important c'est d'en parler", reprenant ainsi à son compte une formule prêtée au machiavélique Talleyrand.
Pourtant, la concurrence est rude sur la place de la capitale porcelainière. Entre Quick et de multiples unités de restauration rapide, plus ou moins rattachées aux grandes surfaces locales, McDo affronte ses adversaires sans pour autant manifester d'importants états d'âme. Il faut reconnaître que, nonobstant les mouvements de mécontentement des professionnels, l'enseigne détient un leadership incontestable.

Ouverture en centre-ville de Limoges
En ouvrant à Beaublanc, installé entre la piscine municipale et le palais sportif, siège du fameux CSP (équipe de basket championne d'Europe mais hélas sur le déclin), McDo a mis la main à la poche pour acheter fort cher un terrain appartenant à la mairie, et jusque-là inoccupé. On ne connaît pas la somme, mais elle ne peut être qu'importante, en regard des enjeux, la marque ne cessant de rechercher de nouveaux sites d'implantation sur la ville. Car contrairement à ceux d'en face, c'est-à-dire Quick, installé dans la rue très commerçante du Clocher, McDo n'a, jusque-là, jamais réussi à ouvrir en centre-ville. Le Paris, brasserie centenaire de la place Denis Dussoubs, aujourd'hui remplacée par une succursale bancaire, aurait présenté une opportunité. Mais des interventions tant auprès de la mairie que des autorités municipales ont empêché le projet d'aboutir, interventions auxquelles les associations de commerçants et de restaurateurs avoisinants n'étaient pas étrangères.
La Corrèze n'est pas à l'abri du phénomène, avec ses trois McDo, dont le dernier a été ouvert à Tulle en octobre dernier sur l'ancien site des abattoirs. Appartenant au même franchisé, Daniel Bertheau (ancien dirigeant du McDo Jaude à Clermont), les restaurants, tous avec Mc-Drive accolé, ne désemplissent pas. Le dernier né, implanté sur une zone de chalandise estimée à 30 000 consommateurs potentiels, aura coûté 10 MF d'investissements, dont 3 MF venus du franchisé, et aura permis, comme à Limoges, la création d'une trentaine d'emplois. Il compte sur 300 actes d'achats journaliers, comme chiffre de rentabilité de départ, et en espère beaucoup plus ensuite.
Inauguré en pleine crise médiatique de "macdomination", le restaurant tulliste a fait l'objet, lors de son ouverture, de diverses manifestations organisées par les agriculteurs corréziens. Mais la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) et le CDJA (Centre départemental des jeunes agriculteurs) ont déjà pris contact avec Daniel Bertheau pour s'assurer du bon emploi des viandes bovines du Limousin dans les préparations pour hamburgers.

Le silence des restaurateurs
Les éleveurs auraient paraît-il tout à y gagner, la plupart des produits vendus à McDo provenant majoritairement du cru. Les confrères, si on peut s'exprimer ainsi, autrement dit les restaurateurs, sont restés silencieux sur ces différentes implantations régionales, mais l'un des plus représentatifs d'entre eux, Charlou Raynald, (anciennement La Cheminée à Brive) ne s'est pas gêné pour s'exprimer à la télévision France 3 Limousin Poitou-Charentes) pour résumer l'opinion de ses semblables. "On n'y peut rien, si les gens veulent mal manger, ils mangent mal. Mais nous ne jouons pas dans la même cour, et McDo n'est pas un restaurant, tout juste une cantine pour adolescents." Les autres, c'est-à-dire les consommateurs, n'ont pas ces mauvaises pensées. Pour eux, le clown Ronald n'a pas fini de bien les nourrir.
J.-P. Gourvest


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L'HÔTELLERIE n° 2651 Hebdo 3 Février 2000

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