Actualités

Editorial
_________

Silence radio

Voici bientôt un mois maintenant que l'Erika a commencé à lâcher son venin et à polluer les côtes bretonnes, vendéennes et charentaises. Sur le terrain, touristes comme habitants ont de partout fait preuve d'un civisme exemplaire, n'hésitant pas à consacrer leurs loisirs, malgré une météo fort peu encourageante, à ramasser les galettes de fuel qui s'étalent aujourd'hui sur plus de 300 km de côtes. Une mobilisation générale discrète et efficace.
Côté gouvernement, l'événement ne semblait de toute évidence pas de taille à mobiliser les responsables puisqu'il aura fallu attendre que certains de nos ministres partent pour mieux revenir... Les fêtes de Noël en Egypte avaient fait quelques émules et la protection des massifs coraliens avaient paru revêtir, en ces périodes de frimas en France, un caractère particulièrement urgent au ministre de l'Environnement qui avait, aux côtes bretonnes, préféré la douceur de l'océan Indien. Il aura fallu la tempête, un pays en état de choc, pour que le Premier ministre et quelques autres se sentent obligés de "venir voir". Une apparition quelque peu surréaliste d'un chef de gouvernement particulièrement soucieux de ne pas mouiller ses chaussures... elles sortiraient elles aussi tout droit des ateliers de Berluti qu'il n'en prendrait pas plus grand soin... En voyage officiel sur les côtes polluées, il n'avait pas imaginé devoir aller marcher dans le sable mouillé et peut-être souillé, mazouté... Enfin ! Quitter Matignon et la rue du Regard... Quelle aventure !
On a officiellement paru soucieux, on a réconforté les pêcheurs, encouragé les maires mais au-delà du discours on a très peu envisagé l'avenir. Alors que ces régions ne sont, pour certaines, économiquement viables que du seul fait de l'activité touristique, on s'est bien gardé de se préoccuper du sort des entreprises touristiques. Au sein des cellules de crise à la hâte constituées, on cherchera en vain la secrétaire d'Etat au Tourisme qui d'ailleurs n'a jusqu'à ce jour toujours pas fait de déclaration sur les difficultés que rencontrent les entreprises du secteur qu'elle a sous sa responsabilité. Au-delà de la remise en état des plages, des côtes sauvages, qui investira pour remettre en l'état l'image de ces régions que les touristes vont fuir des années durant ? On fait aujourd'hui davantage de cas des oiseaux mazoutés que des entreprises touristiques, qui, par le sinistre qu'elles subissent, vont rencontrer de très graves difficultés qui ne seront pas sans avoir des conséquences graves sur les emplois et donc sur la vie des gens dans ces régions. Le monde du tourisme se sent bien seul face à ce silence.
PAF


Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts

L'HÔTELLERIE n° 2647 Hebdo 6 Janvier 2000

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration