Evénement parisien
Ils grimpent quatre à quatre
les escaliers, chargés comme des baudets. C'est la toute jeune équipe des bagagistes du
Four Seasons Hotel George V qui se met en jambes. A quelques mètres de là, les serveurs
du restaurant Le Cinq, dirigé par Eric Beaumard, accueillent une cinquantaine de
personnes à déjeuner. La pression monte. Rien à voir cependant avec celle qu'ils
ressentiront à l'occasion de l'ouverture officielle de l'établissement, samedi prochain,
le 18 décembre 1999, à 7 heures du matin. D'autant plus que les clients d'aujourd'hui
sont pour la plupart des salariés de l'entreprise. Il n'empêche que la carte qui leur
est proposée est déjà prometteuse : Carpaccio de saint-jacques et huîtres au caviar,
uf poché au jus de truffe et à la morue fraîche, Dos de sole aux algues ou bien
encore Poulette de Bresse George V en cocotte lutée, foie gras chaud de canard au poivre
torréfié...
De quoi stimuler le talent de Philippe Legendre (chef des cuisines) et celui de ses
cuisiniers qui bichonnent les clients bien sûr, mais aussi leurs fourneaux flambant
neufs. Là-haut, dans les étages orchestrés par Leah Marshall, on s'active aussi
sérieusement avec l'arrivée des meubles, commodes et autres mobiliers de valeur qui ont
été restaurés et vont être répartis dans l'ensemble de l'hôtel. Il y a aussi pas mal
d'agitation dans les lieux publics où les clients pourront retrouver les objets d'art
uniques à ces lieux tels des tapisseries d'Aubusson et des Flandres du XVII et XVIIIe et
les magnifiques Savonneries.
En fait, les 400 employés (dont 15 % appartiennent à l'ancienne équipe), qui vont
participer au lancement de ce "nouveau" palace parisien, sont tous sur le
qui-vive. Fermé pour cause de travaux depuis bientôt deux ans, cet hôtel
"mythique", propriété du prince Al Waleed d'Arabie Saoudite (acheté 920
millions de francs au groupe britannique Granada), va en effet faire, samedi matin, son
entrée dans le monde. Col roulé sombre, pantalon à grosses côtes de velours, Didier Le
Calvez, directeur général de ce superbe navire, affiche lui pour sa part une grande
sérénité.
Les prixSingles : de 460 euros (3 017,40 francs) à 620 euros
(4 066,93 francs) |
150 chambres pour commencer
L'homme n'en est de fait pas à son premier galop d'essai. Bénéficiant de 20 ans
d'expérience dans le secteur de l'hôtellerie, il est rodé aux challenges d'envergure.
Et puis, il connaît parfaitement la chaîne Four Seasons (44 propriétés dans 18 pays),
pour laquelle il a dirigé précédemment The Pierre à New York. Ce Breton d'origine sait
donc d'ores et déjà que tout va bien se dérouler. "Nous allons débuter en
ouvrant 150 chambres ainsi que l'ensemble des lieux publics", explique-t-il. Et
d'ajouter : "Mais, dès la semaine du 1er janvier, tout sera opérationnel."
Pas question en effet pour la chaîne canadienne Four Seasons (détenue à 67 % par son
fondateur, Isidore Sharp, à 25 % par le prince Al Waleed) de lancer cet immeuble des
années 20 (construit par Lefranc et Wybo), à corps perdu dans le marché très
concurrentiel du haut de gamme européen. D'autant plus d'ailleurs que la cure de jouvence
du George V, "prescrite" par Richard Martinet (architecture extérieure) et
Pierre-Yves Rochon (architecture et décoration d'intérieur), a tout de même coûté la
bagatelle de 125 millions de dollars (soit 750 millions de francs).
60 % d'occupation en 2000
"C'est comme une nouvelle voiture, il y a des périodes de rodage à respecter !",
précise le directeur général. Raison pour laquelle, à ce jour, seulement 80 chambres
sont mises à la vente. Tout comme les prévisions d'occupation et de prix moyen chambre
pour l'année 2000 qui s'annoncent tout à fait réalisables : 60 % de fréquentation et 3
500 francs de recettes moyennes. Il n'en demeure pas moins vrai que selon Didier Le
Calvez, "les résultats opérationnels dégagés par le Four Seasons Hotel George
V porteront les emprunts dès 2001".
A priori, il n'y a en effet guère de souci à se faire quant au succès de ce nouveau
palace. Même les plus anciens clients devraient y retrouver leurs marques. La
restauration a du reste été menée à bien grâce à des plans et des dessins d'époque.
Mieux, encore ! Le restaurant, Le Cinq, a été replacé à sa place initiale. La
redistribution de l'espace dans les étages permet aussi de disposer de chambres
(harmonieusement décorées avec des touches de bleu, de vert ou jaune) et de salles de
bains entre 40 et 50 m2 en moyenne.
La cour de marbre a été refaite à l'identique. Unité et sobre élégance habitent
l'enceinte à la manière d'un palace de réputation internationale se mariant au style
français classique... Tout un programme pour ceux qui vont séjourner dans ce
"nouveau haut lieu de l'hôtellerie parisienne". Et qui y découvriront le haut
niveau de service de Four Seasons, jamais jusqu'à aujourd'hui implanté en France.
C. Cosson
Chaque fenêtre, balcon ou menuiserie a été démonté et redessiné afin de
conserver à la façade son aspect historique.
La décoration intérieure, réalisée par Pierre-Yves Rochon, joue sur les
couleurs claires et douces.
Le staff d'encadrementDirecteur général : Didier Le Calvez |
Fiche d'identité du Four Seasons Hotel George Vw 245 chambres dont 61 suites, 30 d'entre elles
bénéficiant d'une terrasse ou d'un balcon. *Liste non exhaustive |
L'HÔTELLERIE n° 2644 16 Décembre 1999