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Stratégie

l Hôtels créés en double catégorie

Une économie d' échelle

Peu médiatisés mais également peu répandus, les hôtels en double catégorie témoignent pourtant d'une évolution
de la demande
. Ce concept, qui consiste à réunir deux enseignes de chaînes dans un seul et même bâtiment va certainement encore se développer, mais uniquement sur de grosses ou moyennes unités.

Si les exemples d'hôtels "double catégorie" en France sont encore peu nombreux, c'est parce qu'il n'y a pas encore de véritable stratégie à ce niveau-là au sein des groupes hôteliers. Il faut dire que l'ouverture d'un tel complexe n'est pas applicable à n'importe quel site. Ainsi, les hôtels sont souvent créés en double catégorie parce qu'ils représentent une alternative pour parer à des contraintes locales. Aujourd'hui, en matière d'hôtels hybrides, deux cas de figure se rencontrent : la création ou la transformation. Il apparaît que les créations de toutes pièces sont moins fréquentes que les transformations.

Transformation ou création
La création est envisagée lorsque le marché ne peut supporter l'arrivée d'un gros-porteur (établissements de grande capacité) positionné sur le même créneau. On opte alors pour deux enseignes différentes, comme à Paris/porte de Saint-Ouen (850 chambres, Formule 1/Etap Hôtel) ou au Futuroscope de Poitiers (300 chambres, Comfort/Quality). La transformation est, quant à elle, choisie pour s'adapter à l'évolution de la demande, comme cela a été le cas à Marseille. "Dans les années 1970, nous avons ouvert un Sofitel. Mais vers la fin des années 80, nous nous sommes aperçus que la demande était devenue plus importante sur le créneau 3 étoiles. Alors nous avons décidé de transformer une partie des chambres en Novotel", explique la responsable de l'établissement. Le mode d'exploitation diffère également d'un hôtel à l'autre. Certains préfèrent fonctionner comme un seul établissement avec le plus souvent un directeur, une équipe (commerciaux, réceptionnistes, femmes de chambres...) commune aux deux enseignes. La symbiose va parfois même jusqu'à proposer une entrée et une réception communes. Les autres, en revanche, privilégient l'exploitation dissociée. Ils fonctionnent alors comme deux établissements indépendants. Généralement, pour des questions de coûts et d'efficacité, seul le directeur est commun aux deux enseignes.

Un concept mieux adapté à l'hôtellerie économique
Malgré tout, il s'avère que ce concept fonctionne mieux dans l'hôtellerie économique. Dans le haut de gamme en effet, les rares tentatives ont pratiquement toutes été abandonnées.
Bien que physiquement solidaires, les établissements fonctionnent désormais comme deux hôtels distincts. "Dans les enseignes moyenne/haut de gamme du groupe Accor, nous n'avons pas développé d'hôtels hybrides car les produits sont trop différents. Alors que Sofitel est plutôt de l'hôtellerie 4 étoiles luxe implantée dans des villes "internationales", Novotel se rapproche plus des hôtels standardisés de périphérie de villes. Quant à Mercure, on peut considérer que c'est de l'hôtellerie traditionnelle. De ce fait, l'exploitation commune et la cohabitation des clientèles posent intrinsèquement des problèmes", précise Maud De Valicourt, du pôle Affaires/Loisirs Accor. Dans l'hôtellerie économique en revanche, les concepts sont simplifiés et les services sont plus réduits. Par ailleurs, les clientèles se révèlent relativement similaires d'une enseigne à l'autre. Mais, pour pouvoir proposer des hôtels hybrides, il faut non seulement disposer de gros-porteurs mais également bénéficier d'une étendue de produits de type économique. C'est le cas du groupe Accor, qui avec les enseignes Formule 1, Etap Hôtel et Ibis offre les trois degrés de l'hôtellerie économique française. Résultats, le géant français présente plusieurs hôtels mixtes sur le territoire national.

De sérieux avantages
Et pour cause, ces combinaisons offrent de nombreux avantages. Pour le client d'abord, puisqu'il dispose d'un choix plus large sur un même site. Par ailleurs, le voyageur a accès à certains services auxquels il n'aurait pas droit dans un hôtel isolé. "L'association Etap Hôtel et Ibis a des incidences bénéfiques sur nos clients Etap. Je pense qu'ils consomment davantage que dans une unité isolée. Par exemple, ils vont plus facilement au restaurant de l'Ibis", remarque le chef de réception de l'unité de porte de Bercy. Mieux encore, l'hôtel hybride peut faire découvrir aux clients une enseigne. "Nos clients Formule 1 découvrent avec étonnement le produit Etap Hôtel. Certains y ont même pris goût. Ils ont fait le calcul : pour environ 50 F de plus, ils ont les sanitaires dans la chambre. Pourquoi s'en priveraient-ils ?", analyse une responsable de l'unité porte de Saint-Ouen. Les avantages sont également nombreux du point de vue des exploitants. Lorsqu'une partie de l'hôtel est complète, le renvoi du trop plein sur l'autre enseigne se fait tout naturellement. "Nous sommes parfois contraints de surclasser des clients, lorsque toutes nos chambres Comfort sont vendues. Ils apprécient tout particulièrement, et commercialement c'est bénéfique pour nous", constate Pascal Perrone, directeur du complexe Comfort/Quality du Futuroscope de Poitiers. Ainsi, le complexe bénéficie d'une meilleure synergie, ce qui dope par la même son remplissage et ses recettes. Par ailleurs, il faut savoir que l'investissement pour transformer un hôtel classique en établissement hybride est moins important qu'une création. Enfin, ce système se révèle assez ingénieux pour passer en CDEC ! Ces hôtels ne créant pas de nouvelles chambres, les services de la préfecture s'avèrent en effet plus tolérants à leur égard.
G. Marquet


L'HÔTELLERIE n° 2635 Supplément Économie 14 Octobre 1999

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