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Bordeaux

Quand les caravanes passent, les Balladins trinquent

Le 14 avril dernier, une cinquantaine de caravanes de gens du voyage ont encerclé l'hôtel-restaurant les Balladins à Bordeaux Lac. Dégradations, perte de clientèle. Le gérant, excédé, a décidé de déduire de sa prochaine taxe professionnelle le montant du préjudice. Mais ceci ne résout rien.

Philippe-Hervé Bidau, le gérant de l'établissement est au bord de la crise de nerfs. "Regardez, lance-t-il, montrant d'un geste les traces de pneus sur son terrain. Ils font du rodéo, balancent leurs immondices. La nuit, une troupe d'adolescents a hurlé et injurié clients et personnel. Au bout de cinq jours, j'ai réussi à les faire partir en leur disant que les CRS viendraient les déloger ! Pour se venger, ils sont entrés de nuit dans l'hôtel, ont volé des téléviseurs, ont saccagé les distributeurs de boissons et le billard et pour finir ont fracassé la Xantia de mon frère."

Pas d'emplacement idoine
Dans toute l'agglomération bordelaise il n'y a aucune aire de stationnement et d'accueil pour les gens du voyage. Résultat, tous les printemps, au moment des foires, ils débarquent, ici ou ailleurs. "En cinq ans, j'estime le préjudice subi à 5 millions de francs. J'ai perdu 50 % de mon chiffre d'affaires hôtel et restaurant. Je frise le dépôt de bilan."
Ce qui révolte encore plus ce jeune gérant, c'est l'incurie des pouvoirs publics. Il y a d'abord le non-respect de la loi Besson de 1990 qui oblige toute commune de plus de 5 000 habitants à se doter d'une aire de stationnement et d'accueil pour les gens du voyage. Or rien n'existe dans toute la CUB (Communauté urbaine de Bordeaux). Autre grief, "le déplacement prémédité" des gitans vers les Balladins, hôtel situé dans une zone tranquille du site de Bordeaux Lac. "Les caravanes étaient installées près du parc des expositions qui doit accueillir la Foire internationale. Juste avant que la police ne les déloge de là, comme par hasard, des ouvriers de la CUB ont enlevé les barrières métalliques mises l'an dernier près de l'hôtel pour barrer le passage et l'éclairage public a été coupé ! Lorsque j'ai demandé pourquoi, on m'a répondu qu'il fallait éviter les branchements sauvages des gitans sur le réseau !" Philippe-Hervé Bidau a donc décidé cette année de déduire du montant de sa prochaine taxe professionnelle le préjudice financier consécutif à la perte de son chiffre d'affaires. "Que faire d'autre ?", interroge ce gérant désarmé. Les dépôts de plainte pour vol et violence ne servent à rien faute d'auteur nommément identifié, et les lettres adressées chaque jour au maire de Bordeaux, Alain Juppé, sont sans réponse (à ce jour). Seule concession obtenue : la CUB a fini par boucher l'entrée du terrain des Balladins par un apport de terre.
B. Ducasse


"Voici quelques photos qui témoignent du préjudice subi par le squat des gens du voyage", explique Philippe-Hervé Bidau.


L'HÔTELLERIE n° 2612 Hebdo 6 Mai 1999

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