André Bouyssou s'interroge
Le tribunal correctionnel
d'Aurillac a reconnu André Bouyssou coupable de publicité mensongère le 18 février
dernier. "Cela m'a beaucoup secoué, explique-t-il, deux mois plus tard. J'ai
vu beaucoup de cas comme le mien. Cela s'est toujours terminé par une lettre
d'avertissement. C'est la première fois que cela remonte jusqu'en correctionnelle."
Le président de la Fédération des industries hôtelières du Cantal et de l'Auvergne
n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi l'administration "s'est acharnée".
"A moins qu'il existe une volonté de décapiter le mouvement syndicaliste.
D'autres responsables sont actuellement inquiétés. C'est difficile, aujourd'hui, de
mener une entreprise et de faire du syndicalisme."
Et il raconte sa "mésaventure". Fin mai 1998, réalisation de la nouvelle carte
pour la saison qui va débuter. Le 3 juin, visite de la direction départementale de la
concurrence et de la répression des fraudes. Elle relève deux anomalies : la viande de
salers, sur le menu terroir, n'a pas de factures justificatives de son origine ; la carte
indique du vin de bordeaux alors qu'il s'agit d'un vin de table.
La première partie de l'affaire a donné lieu à une relaxe. Pour la deuxième, la
sentence est tombée. Durement. 10 000 F d'amende, plus 5 000 F pour les associations de
consommateurs. Dans son réquisitoire, le ministère public a insisté sur le "rôle
éminent" d'André Bouyssou "au sein des hôteliers-restaurateurs".
"Votre fonction de vitrine de la profession vous oblige à avoir un comportement
exemplaire."
Erreur d'écriture
De son côté, André Bouyssou insiste : "Il n'y a pas eu fraude, car pas
d'enrichissement, ni même de tentative de quoi que ce soit. Mais on a transformé un
péché véniel en péché mortel." "C'est une erreur d'écriture lors de
la réalisation de la carte. Il s'agit bien d'un vin de table, vendu en bouteilles,
portant la mention vin de table. Il vient de la Gironde, et les bouteilles sont
systématiquement présentées aux clients", souligne le président du Cantal en
montrant l'objet du délit. "Cette erreur, que j'ai découverte en même temps que
l'administration, a été rectifiée sur l'heure. Seulement quelques-unes de ces
bouteilles, une dizaine, avaient été vendues, comme vin de table et aux tarifs... du vin
de table bien sûr. Si j'avais voulu tricher, je m'y serais pris autrement. C'est ma
première anicroche avec l'administration en 40 ans de carrière. Et personne n'en a tenu
compte, ni de mes années de dévouement pour la profession, de bénévolat au service des
autres. Je n'ai pas eu de circonstances atténuantes. J'ai été traité en criminel."
André Bouyssou se repose un flot de questions. "Je ne comprends pas. On a démoli
mon entreprise. J'ai noté une baisse d'activité depuis. Il y a peut-être une volonté
de l'administration de me couper les ailes ou de faire un exemple."
Mais le plus douloureux pour le président régional, c'est les retombées dans la presse
locale, sur l'ensemble de l'Auvergne. Un coup de projecteur difficile à avaler. "Certains
m'ont demandé si j'allais laisser mes mandats. Mais cette affaire concerne André
Bouyssou chef d'entreprise, pas le président départemental ou régional. Tant pis pour
ceux qui ont peut-être espéré me voir quitter la scène syndicale et mes diverses
responsabilités." Il restera à la tête du Cantal et de l'Auvergne comme prévu
par les statuts.
P. Boyer
André Bouyssou : "On m'a dit, un président, ça paye pour les autres."
La cuvée "maison" à l'origine de la condamnation du tribunal.
Tribune libre, deux poids, deux mesuresUn article paru dans Nice matin en janvier 1999 concernant la
condamnation d'un supermarché qui avait vendu de la viande périmée m'amène à vous
faire part de ces quelques remarques. |
L'HÔTELLERIE n° 2611 Hebdo 29 Avril 1999