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Enseignement technique

Vers un CAP café-brasserie à Avignon

Former aux réalités du terrain

La restauration traditionnelle n'est pas la seule à rencontrer des difficultés quand il s'agit d'embauche. Trouver un serveur ou une serveuse valable en café-brasserie est aussi un problème. C'est pourquoi les professionnels du Vaucluse, fatigués de chercher le bon employé, ont décidé de mettre en place le CAP café-bar-brasserie dans leur région. Objectif : former des jeunes à la réalité du terrain.

Décrié, controversé, le CAP café-bar-brasserie fonctionne pourtant bien quand, derrière, l'équipe qui l'a mis en place s'investit. Ce constat devrait rassurer Frank Gomez, Patrice Mounier et tous les autres membres du Syndicat de l'industrie hôtelière du Vaucluse qui bataillent depuis plusieurs mois pour mettre en place dans leur région cet examen. Leur exemple est d'autant plus intéressant que leur motivation n'est autre que favoriser et faciliter l'embauche.
La création du CAP ne pouvait se faire, cependant, sans la volonté de la chambre de commerce et d'industrie d'Avignon et du Vaucluse. Sollicités par les responsables syndicaux, le président de la chambre, Jean-Paul Bouisse, et le président de la commission de l'enseignement, Helen Louis, ont, dans un premier temps, demandé la réalisation d'une étude de marché permettant de connaître les besoins du secteur en termes d'emploi. Un questionnaire a alors été envoyé à une centaine de professionnels du département. Plus de 60 d'entre eux ont répondu qu'ils étaient favorables à l'idée de prendre un apprenti mais il ressort aussi qu'une grande partie des interrogés ne connaissait pas le principe de l'apprentissage.
Pour Patrice Mounier, président des brasseries de FDIMH Vaucluse, le CAP est un moyen de canaliser les personnes qui veulent travailler dans le secteur tout en satisfaisant aux exigences actuelles de l'embauche. "Nous avons besoin de jeunes qui aient la volonté d'entrer dans la profession avec un bagage concret. Il faut également que ces jeunes soient polyvalents. La brasserie et le café ne comportent pas uniquement du service. Il faut qu'ils puissent confectionner une salade, aider sur des choses simples, en ayant un minimum de savoir-faire." Parallèlement, l'équipe syndicale souligne la nécessité, dans de petits établissements dont les dirigeants "vieillissent", de "rajeunir l'ambiance". "Si ces établissements bénéficient d'un personnel jeune et plus compétent, c'est également la possibilité, pour les patrons, de souffler un peu, de mieux gérer le quotidien." "Nous sommes convaincus, ajoute Patrice Mounier, que ce CAP est l'outil idéal pour redorer l'image de la profession, s'il est mis en place dans de bonnes conditions."

Tests d'évaluation
En inscrivant le CAP café-bar-brasserie au programme du CFA d'Avignon, les responsables du dossier bénéficient de l'expérience particulièrement solide de la CCI d'Avignon et du Vaucluse qui affiche un des taux les plus faibles en matière de ruptures de contrats. Alors que le taux moyen en Vaucluse tourne autour 35 %, celui de l'école (pôles hôtellerie et pharmacie) n'est que de 3,5 %. "Tous les élèves qui viennent chez nous passent par un test d'évaluation", explique Marc Frachi, directeur du CFA d'Avignon. "Leur motivation est prise en considération, c'est même un des éléments les plus importants à nos yeux. Cette sélection est meilleure psychologiquement. Elle valorise dès le départ les jeunes et cela donne des classes plus homogènes, plus motivées. Nous aurons cette même approche avec les jeunes voulant s'inscrire au CAP café-bar-brasserie." Sachant que les responsables syndicaux, de leur côté, ont la ferme intention de suivre les jeunes dans les entreprises et de faire passer le message auprès des dirigeants. "Ce CAP est un bon outil mais il n'est pas assez expliqué aux professionnels. C'est à nous d'aller sur le terrain", insiste encore Franck Gomez.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, la chambre de commerce et d'industrie d'Avignon et du Vaucluse a effectivement donné un avis favorable au projet. L'infrastructure existante n'est toutefois pas suffisante. Le programme comporte donc la construction d'un nouveau bâtiment qui "abriterait, outre la formation CAP, un pôle hébergement qui nous fait actuellement défaut", ajoute le président de la FDIMH Vaucluse (élu à la CCI, tout comme Patrice Mounier). Si tout va bien, les responsables espèrent poser la première pierre début janvier 2000 avec livraison en juillet 2001 et mise en route du CAP en septembre 2001. Les défenseurs du programme ont sollicité le conseil régional et les résultats sont attendus fin juin, date à laquelle les régions votent les budgets.
S. Soubes


Patrice Mounier (à gauche) et Franck Gomez sont confiants sur l'avenir d'un CAP café-brasserie dans leur département du Vaucluse.


L'HÔTELLERIE n° 2608 Supplément Formation 8 Avril 1999

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