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Des grands travaux... à Marseille

Cafetiers et restaurateurs reprennent confiance

L'année 1999 sera pour la Canebière, l'artère fétiche de Marseille, celle du lancement de grands travaux qui devraient - peut-être - lui permettre de renouer - un peu - avec l'animation et la réputation d'antan. L'installation d'une faculté de droit devrait être la pièce maîtresse de cette redynamisation du centre-ville.

Voici plusieurs années que Marseille parle de redonner un peu de lustre à une artère qui débouche sur le Vieux Port et qui fut jadis son lieu de promenade et de rendez-vous préféré mais qui, sale et triste, conquise par les sandwicheries et les magasins bon marché, manque aujourd'hui cruellement de charme.
Les "plans Canebière" évoqués à plusieurs reprises au cours des dernières années n'ont pas eu assez d'envergure pour renverser la tendance à la paupérisation, malgré l'implantation volontariste de l'Espace Mode Méditerranée ou de l'Institut universitaire de formation des maîtres.
Mais l'année 1999 pourrait être celle qui voit se développer les fruits d'un patient travail de reconquête, et marque le début d'un renouveau.

Plus value étudiante...
Le dossier traînait depuis trois ans et, à l'automne, on avait même craint qu'il n'aboutisse jamais... Mais, au 110 de la Canebière, à l'emplacement de l'ancien cinéma Pathé, à côté du théâtre de l'Odéon, s'élèvera, dans une vingtaine de mois (sauf trouvailles archéologiques inattendues), la faculté de droit et d'économie appliquée de Marseille. Elle accueillera près de 2 500 étudiants à la rentrée de l'an 2000.
La convention Ville-Etat a été entérinée en décembre et le ministre a fini par donner son feu vert. Les travaux de démolition viennent donc de démarrer et 78 millions seront investis pour transformer le pâté de maisons en amphithéâtre. Les deux tiers seront pris en charge par la ville et le tiers restant par l'Etat.
Le centre-ville de Marseille va donc bénéficier d'une intéressante plus-value intellectuelle, d'autant plus qu'à proximité immédiate l'ancien théâtre de l'Alcalzar doit être transformé, d'ici l'an 2002, en grande bibliothèque à vocation régionale s'étendant sur 5 000 m2. Les fouilles vont démarrer d'ici quelques jours.
Le quartier de Belsunce, le Sentier marseillais, qui jouxte la Canebière et qui s'est dégradé au fil des ans, bénéficie par ailleurs d'un programme de réhabilitation et la Ville souhaite y favoriser l'implantation de logements étudiants.
Mais dès ce printemps, un équipement culturel privé va améliorer l'image de marque de la Canebière : le cinéma des 7 Variétés, désaffecté après avoir terminé ses jours par des films X, abritera un petit complexe "art et essai" composé de cinq salles de cinéma, d'un salon pour exposition et d'un bar.
Il contribuera à renforcer un peu la fréquentation de la Canebière par des noctambules "intellectuels" puisque ses clients s'ajouteront à ceux du théâtre du Gymnase, tout proche, ainsi qu'à ceux de l'Odéon, spécialisé dans l'Opérette, ou du cinéma Le Capitole, situés un peu plus haut dans l'avenue.

Noctambules intellectuels, marins-pompiers et policiers...
L'implantation d'autres types d'activités contribuera également à la revitalisation de la Canebière. Contigu aux 7 Variétés, l'ancien cinéma Noailles va être réhabilité pour abriter, d'ici deux ans, un poste de premier secours du bataillon des marins-pompiers de Marseille.
Plus marquant : de l'autre côté de l'avenue, la ville est en train d'acquérir le Grand Hôtel Noailles, aux fastes bien oubliés, et qui désespérait de trouver preneur. Il doit être transformé en commissariat central de police, et sera alors habité par 400 hommes. Ouverture prévue pour 2001.
Autre vilaine "tâche" bientôt résorbée, plus près du Vieux Port : l'ancien hôtel Bristol. Il a été acheté par la Mutuelle du Midi qui va y effectuer d'importants travaux et y installera son siège d'ici l'été prochain.
Enfin, la Canebière devrait profiter de la modernisation de la gare Saint-Charles, prévue dans le cadre de l'arrivée du TGV en mars 2001 et dont les premiers appels d'offres devraient être lancés en mars.
L. Casagrande


Bientôt une faculté de droit redonnera un coup de jeunesse à l'artère jadis prestigieuse.


A proximité immédiate de la Canebière, sur le cours Belsance, l'ancien Alcazar sera transformé en grande bibliothèque.

Qu'en pensent les cafetiers et les restaurateurs concernés ?

"Ces travaux ne peuvent être que positifs car la Canebière a touché le fond, mais cela ne sera pas la panacée. Car, hormis le complexe d'art et essai, les équipements prévus ne vont pas véritablement attirer de monde dans le quartier, le soir. Le sentiment d'insécurité est trop fort", estime Pierre Garziglia, propriétaire de la brasserie Le Sans Pareil et délégué consulaire des commerçants de la Canebière.
Situé à proximité immédiate des 7 variétés, son établissement de 400 m2, créé en 1936, sert 100 couverts par jour à midi, grâce à la clientèle des bureaux avoisinants, mais ferme dès 20 h 30.
Le professionnel reconnaît cependant que l'ouverture, il y a quatre ans, de l'Institut universitaire de formation des maîtres avait redonné un peu de dynamisme à l'artère. Il avait d'ailleurs à cette époque investi 2,50 MF pour rénover sa brasserie. Mais depuis, rien n'a suivi.
"La police municipale, remarque t-il, est située juste à côté mais elle ne sert à rien, sauf à mettre des PV. Elle ferme quotidiennement à 20 heures, ainsi que du vendredi soir au lundi matin. Les grands travaux, c'est bien ; mais à condition de mener parallèlement une action de fond, pour lutter contre l'insécurité, l'incivisme et la saleté, car la Canebière est l'avenue la plus sale de la ville. Autre problème : le stationnement. Nous avons deux parkings souterrains à proximité, mais quelle femme seule oserait aller s'y garer le soir ? Les trottoirs de la Canebière sont larges et le stationnement devrait au moins y être autorisé le soir !"

 

Pari familial... mais à quand une locomotive ?

Un peu plus haut, deux devantures mitoyennes, repeintes à neuf, attirent l'attention : celles de la pizzeria Chez Picone et du bar Le Claridge. Ces deux établissements appartiennent à des membres de la même famille et ont choisi de parier ensemble sur le redémarrage de la Canebière. Sans beaucoup d'illusions.
"C'est de pire en pire ici, constate André Campodonico, qui a pris les rênes de chez Picone il y a cinq ans, et vient d'y investir 500 000 F. Nous sommes connus depuis toujours par les Marseillais et les gens qui vont au théâtre du Gymnase, à l'Odéon, ou au Capitole mangent chez nous après le spectacle, parce que c'est à côté, mais ils me disent que sans cela jamais ils ne viendraient, malgré ma cuisine : la Canebière dégage une ambiance sordide, même si, en réalité, il n'y a pas plus de d'insécurité véritable qu'ailleurs."
"Les gens ont peur, et c'est de plus en plus difficile de travailler", constate de son côté le responsable du Claridge, bar ouvert jusqu'à 2 heures du matin et qui organise des karaokés en fin de semaine.
Tous deux "souhaitent ardemment" que les travaux engagés sur la Canebière amènent du changement. "Mais, s'interroge encore André Campodonico, quel intérêt les étudiants de la nouvelle faculté auront-ils à rester sur la Canebière après les cours ? Il n'y a pas de grande brasserie faite pour eux, à l'image de celles qu'on trouve sur le cours Mirabeau. On nous a dit que les commerçants doivent s'investir eux-mêmes. Nous, on l'a fait. Mais cela ne suffit pas pour créer un pôle d'attraction. Il faudrait que la ville soit une locomotive pour favoriser les installations ici."


L'HÔTELLERIE n° 2605 Hebdo 18 Mars 1999

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