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L'événement

Lyon

Coup de feu à la Brasserie Georges

Une friteuse qui s'enflamme un samedi matin, et la vénérable institution lyonnaise se voit obligée de fermer ses portes pour un mois minimum. Le temps sera nécessaire pour réimplanter la cuisine détruite dans l'incendie !

La grande salle, la plus vaste d'Europe, est vide. A l'extérieur, sur les vitres de l'établissement, une affichette avise le chaland que "si la restauration n'est pas assurée, le bar reste ouvert" et remercie les clients pour "leur confiance et leur fidélité".

Coup dur à la Brasserie Georges ! Ce samedi matin, un feu de... friteuse a partiellement détruit les cuisines. L'établissement a fermé ses portes. L'événement est d'importance pour une maison ouverte habituellement tous les jours de l'année, exception faite du 1er mai !

"C'est traumatisant et très dur à vivre. C'est le genre de catastrophe que je ne souhaite à personne. Hormis durant les trois guerres - la Georges date de 1836 -, nous n'avons jamais fermé. Même en 1996, un petit incendie dans le local des livraisons n'avait pas perturbé la bonne marche du service", témoigne Didier Rinck, l'héritier d'une famille au service de la bière depuis cinq générations.

A la veille de l'ouverture du Salon des Métiers de Bouche qui draine des dizaines de milliers de visiteurs à Lyon, le coup est rude.

En cette période de l'année, la Georges tourne à plein régime, à la moyenne de 850 couverts/jour...

LES FAITS :

Le samedi 16 janvier à 10 heures du matin, peu après la mise en service, le thermostat de la friteuse n'a pas fonctionné (l'huile avait été changée la veille). La fermeture de l'appareil avec une plaque en tôle, l'usage d'une couverture et d'un extincteur, n'ont pu empêcher l'incendie de se propager.

Aucune personne présente en cuisine a ce moment-là n'a été blessée.

Immédiatement prévenus, les pompiers sont intervenus et ont stoppé le feu qui se propageait par les hottes (nettoyées comme chaque année par une entreprise spécialisée). Une grosse partie de la cuisine s'était embrasée et avait été souillée par les fumées et la suie.

LE CONSTAT :

"Prévenu par mes soins, mon expert s'est immédiatement mis au travail avec ceux de mon assurance (c'est le même cabinet depuis le début du siècle). Durant le week-end, les pompiers ont multiplié les visites de sécurité pour vérifier qu'il n'existait pas de risque de propagation ou de redémarrage du feu. L'établissement a immédiatement été fermé", précise Didier Rinck, qui a néanmoins mobilisé du personnel pour l'accueil extérieur et téléphonique.

LES DISPOSITIONS :

"J'ai rassemblé les experts et l'architecte, puis j'ai pris contact avec mes conseillers juridiques et mon expert-comptable pour que les dégâts puissent être rapidement chiffrés. C'est la seule possibilité de faire débloquer par l'assurance une avance sur remboursement de sinistre. J'ai également pris un maximum de photos", précise Didier Rinck.

Dès le lundi, il a également réuni son personnel pour l'informer de la situation et le rassurer. "C'est très important. Lorsqu'une telle catastrophe arrive, on se sent tout d'un coup très seul mais il faut garder la tête froide et s'efforcer de résoudre tous les problèmes auxquels on doit brusquement faire face."

LA SITUATION :

Après une importante phase de nettoyage et de décontamination, les travaux de remise en état (électricité, fluides, matériel) ont débuté dans la cuisine. Ils devraient durer quatre à cinq semaines. Les services vétérinaires ont dressé l'inventaire des marchandises souillées par le sinistre. Visées par le tampon de l'équarrisseur, elles ont été détruites. Grâce à l'application des normes de sécurité (l'établissement est contrôlé par l'APAVE, la détection incendie et les alarmes anti-effraction ont fonctionné), la salle du restaurant a été épargnée. Didier Rinck tient à ce qu'elle conserve son aspect antérieur pour ne pas désorienter les clients, mais la restauration n'est pas assurée - un compromis a été trouvé mardi dernier pour le Gala du Leaders Forum (550 personnes). Cependant, pour "garder un peu de vie à l'établissement", seul le bar continue à fonctionner.

LA SUITE :

La perte d'exploitation, estimée à 3,50 MF sera couverte par l'assurance (le contrat souscrit la couvre dès le premier jour). Elle prendra également en charge les frais de remise en état de la cuisine, a priori à l'identique (un temps envisagée, l'idée d'une totale rénovation a été abandonnée).

La majorité du personnel - une soixantaine de salariés sur les 73 habituels -, a profité des circonstances pour récupérer ses jours de congé en retard.

Les salariés seront ensuite placés en chômage partiel et indemnisés.

Un accueil (extérieur et téléphonique) et le service du bar sont assurés par une dizaine de personnes.

Didier Rinck s'interroge sur l'opportunité d'utiliser une cuisine mobile et de rouvrir partiellement la salle avant la fin des travaux.

"Les quatre ou cinq premiers jours sont très difficiles. Même si l'on est à l'écoute des moindres conseils, il faut tout gérer seul. Ensuite ? Il est important d'avoir une bonne assurance, un bon expert, de pouvoir s'appuyer sur un bon architecte et de bons entrepreneurs. Il faut prendre un maximum de photos, voire un film, qui seront très utiles pour les constats.

Il faut régler les problèmes de l'expertise et des travaux très rapidement pour connaître l'enveloppe globale et ob-
tenir quel-
ques avances. Il est important de mana-
ger son personnel, de le tenir informé des problèmes et de penser à l'accueil des clients qui continuent à venir chez nous
", dit enfin Didier Rinck. Traumatisé par cet événement, il a enduré le lendemain de l'incendie un petit malaise cardiaque... heureusement sans gravité.

J.-F. Mesplède

* Avec une moyenne quotidienne de 750 clients, la Brasserie Georges a réalisé en 1998 un chiffre d'affaires de 36 MF (HT, SC).




L'HÔTELLERIE n° 2598 Hebdo 28 janvier 1999

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