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Strasbourg, victime de son succès

Avec une fréquentation estimée entre 1,65 et 1,8 million de visiteurs, l'opération « Strasbourg capitale de Noël » a battu tous ses records en 1998 et pourtant...

«Les hôtels étaient tellement remplis les week-ends que nous avons dû envoyer les derniers clients à plus de 100 kilomètres à la ronde, y compris vers l'Allemagne », rapporte Jean-Jacques Gsell, président de l'office de tourisme de Strasbourg. « Le nombre de touristes et d'excursionnistes a progressé de 10 à 20 % et leur présence s'étale de plus en plus sur les sept jours de la semaine », affirme-t-il. Les retombées touristiques profiteraient même, selon Philippe Jaussely, directeur du Novotel Strasbourg Centre, aux professionnels de Nancy et de Metz, vers lesquels il a orienté ses clients de dernière minute.
L'impact économique des manifestations culturelles ou commerçantes organisées en décembre est estimé à 700 millions de francs, commerce, restauration et hébergement confondus. « Un excellent résultat, car nous n'investissons que 6 à 7 millions de francs dans l'opération », se félicite Jean-Jacques Gsell. Décembre, qui comptait encore il y a dix ans parmi les mois les plus moroses pour les hôteliers strasbourgeois, se hisse maintenant au meilleur niveau : 84 % de taux d'occupation au Régent Petite France, 80 % au Novotel du centre-ville, 76 % au Holiday Inn, 65 % au Sofitel. « Paradoxalement, cet événement touristique stimule notre clientèle d'affaires, à l'origine de nos onze points de progression cette année », analyse Patrick Libs, directeur général du Holiday Inn. « Les entreprises organisent des séminaires en décembre, et profitent du temps libre pour visiter la ville animée. »

Manque d'authenticité
Le marché de Noël, avec 110 exposants massés entre la cathédrale et la place Broglie, ne fait pourtant pas l'unanimité. « Les réflexions des touristes sont souvent amères », rapporte Jean-François Roland-Valmy, directeur général de l'hôtel Sofitel.
« Si la ville ne surveille pas davantage la qualité des exposants, nous risquons de tuer la poule aux œufs d'or », enchaîne Patrick Libs. La vente de produits non artisanaux, parfois importés, et les stands de restauration à emporter figurent parmi les critiques les plus fréquentes, y compris de la part de Strasbourgeois. Les esprits chagrins voient dans cette exploitation du capital historique et culturel lié à Noël une opération totalement artificielle. Mais le remplissage des hôtels ne suscite, lui, que des éloges. Et les professionnels sont demandeurs d'opérations similaires pendant les trois premiers mois de l'année, jugés trop creux. « Strasbourg pourrait organiser des expositions temporaires de grands peintres, comme Magritte à Bruxelles ou Vermeer à La Haye », suggère Jean-François Roland-Valmy, qui s'affirme déçu des retombées du musée d'art moderne, dont les 13 000 m2 d'exposition ont été inaugurés par Catherine Trautmann en novembre dernier. « Ce musée n'a qu'un impact régional, il ne fera pas vivre le tourisme », estime-t-il. Avec plus de 100 000 entrées en deux mois, Jean-Jacques Gsell présente pourtant cet équipement, qui abrite entre autres une collection unique de l'artiste régional Jean Arp, comme une réussite totale... Reste que les tour-opérateurs ne l'ont pas encore programmé dans leurs circuits, contrairement au marché de Noël, qui a attiré plus de 1 200 autocars à Strasbourg.
O. Lacour


« Si la ville ne surveille pas davantage la qualité des exposants, nous risquons de tuer la poule aux œufs d'or », enchaîne Patrick Libs.


L'HÔTELLERIE n° 2597 Hebdo 21 Janvier 1999

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