Au-delà d'un très beau nom et d'une belle image, la
chaîne des Relais et Châteaux a su, au cours des dernières années, se doter d'une
structure forte, intelligente dans une démarche qui s'est toujours voulue prospective.
Ceux qui ne comprenaient pas la nécessité d'une remise en cause régulière, et voyaient
là les signes d'une agitation inutile, peuvent aujourd'hui mieux mesurer la qualité de
la réflexion qui a amené les dirigeants de la chaîne à se projeter dans le troisième
millénaire avant l'heure.
Exiger qualité et exclusivité de l'image de la marque leur a permis d'être plus
cohérents, plus exigeants avec eux-mêmes et par là même plus crédibles, tant auprès
de leurs clients qu'auprès de leurs partenaires. Quand l'environnement international ne
cesse de se structurer autour de groupes hôteliers gérés par des groupes financiers, il
est indispensable, pour les hôteliers indépendants, de se rassembler au sein d'une
entité forte et exigeante. Les choix opérés sur le plan technologique donneront aux
hôteliers indépendants que sont les membres des Relais et Châteaux des chances égales
à celles des hôtels de chaînes de grande capacité. C'est bel et bien l'accès à la
technologie, l'accès aux GDS, qui fera la différence dans les années qui viennent pour
des produits dont la présence sur le marché international est essentielle. La bataille
menée et gagnée par les Relais et Châteaux pour imposer l'exclusivité de la marque en
interdisant toute double appartenance à un autre groupement prend aujourd'hui toute sa
dimension et devient une chance exceptionnelle pour l'hôtellerie française indépendante
qui va se voir obligée dans les années qui viennent, à se positionner d'une manière
cohérente en termes d'image et de produit sur le marché. Une année dont disposent bien
sûr les Relais et Châteaux mais dont disposeront aussi les autres chaînes volontaires
qui, plus que jamais, pour leur permettre d'assurer leur pérennité, vont devoir imposer
à leurs membres des normes beaucoup plus strictes. C'est véritablement vers une
amélioration du niveau de qualité qu'iront demain tous les groupements. Un atout
considérable pour le tourisme français qui pourrait dès lors avoir une excellente image
et connaître un renforcement de son développement. Un secteur économique qui repose sur
une multitude de petites entreprises, dynamiques, audacieuses, mais trop souvent démunies
face à un Etat plus intéressé par la manne fiscale que représente le secteur que par
sa réalité économique. Aujourd'hui, de nombreuses régions ne vivent que grâce au
tourisme, d'autres n'ont pu attirer des entrepreneurs que parce que l'image que le
tourisme donnait d'elles était bonne. Il serait temps qu'enfin l'Etat s'investisse
sérieusement dans ce secteur avec une volonté politique réelle.
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2592 Hebdo 17 Décembre 1998