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L'Evénement

Congrès des Relais et Châteaux

Sous le signe du partenariat

Trois jours de travail, suivis de deux jours de showcase et d'un dîner exceptionnel réunissant aux fourneaux 52 chefs Relais Gourmands : tel était le programme du congrès que les adhérents de la plus belle chaîne du monde s'étaient fixés. Une mobilisation très forte d'un très grand nombre de professionnels qui garderont un souvenir exceptionnel de cette semaine californienne tant par la qualité du travail réalisé que pour l'ambiance qui régnait au sein des équipes, en cuisine, lors du dîner où ils durent envoyer 750 couverts...

Depuis plusieurs années, les Relais et Châteaux investissent dans la commercialisation, dans la technologie et dans le renforcement de leur image de marque. Le congrès 1999 aura été celui de la finalisation de cette phase puisque c'est à la nouvelle Centrale d'information et de réservations qu'a été consacrée la première journée de travail alors que la seconde mettait en avant les atouts des partenariats signés avec United Airlines et Mastercard.
C'est en mai 1995 que la Centrale "première génération" a été mise en place. Unique en son genre, elle avait été conçue "sur mesure" pour répondre aux attentes des adhérents. Les 415 établissements de la chaîne y étaient présentés avec, au-delà de la description de l'établissement, les détails des chambres, tarifs, forfaits, menus spéciaux, environnement activités. Elle permettait aux clients, agents de voyages ou particuliers, de créer les itinéraires de maison en maison. La centrale a connu une progression constante : entre mai et décembre 1995, la moyenne de nuits réservées était de 500 par mois alors qu'en mars 1997 elle atteignait le chiffre de 4 700.
Une progression confortée par une importante campagne de communication initiée par le siège, un nombre croissant de maisons participantes, permettant ainsi de mieux répondre aux demandes des clients et l'ouverture de nouveaux créneaux dans le monde. Aujourd'hui, 80 % des adhérents participent au système. En 1997, c'est un volume d'affaires de près de 60 millions de francs qui a été ainsi généré par la Centrale, profitant à 80 % aux hôteliers européens, 75 % des ventes provenant des agents de voyages.
Fort de ces résultats, les Relais et Châteaux vont maintenant plus loin pour être plus performants et avoir accès à des réseaux beaucoup plus larges : ils ont en effet signé avec la firme américaine Rézsolutions qui compte déjà comme clients Four Seasons, Leading Hotels of the World, Forte, Hilton. Rezsolutions détient des bureaux dans près de 50 pays à travers le monde et vend actuellement plus de 3 millions de chambres. Les 415 Relais et Châteaux pourront dès janvier 1999 être directement connectés avec la Centrale où les clients pourront réserver à toute heure, soit par téléphone, soir par Internet sur une ligne exclusive Relais et Châteaux.
Complémentaire à l'évolution de la Centrale de réservations, l'intégration de la chaîne dans l'ensemble des réseaux de GDS : Amadeus, Sabre, Galileo, Worldpan. Les 540 000 écrans GDS disponibles dans les agences du monde entier pourront ainsi fournir des informations complètes sur la chaîne.

Partenariat
"De par notre dimension internationale, nous ne pouvons plus aller de l'avant sans un partenariat de haut niveau", avait prévenu Régis Bulot. Au congrès de La Quinta, là encore, il apportait des réponses concrètes sur ce dossier. C'est en effet avec United Airlines "le premier réseau international", explique le président des Relais et Châteaux, que la chaîne a signé un accord de partenariat. United s'engage à faire une très importante promotion des Relais et Châteaux auprès de tous ses clients à travers son programme de fidélisation. Des conditions particulières seront réservées dans les hôtels à ces clients-là. Même principe avec Mastercard qui compte 600 millions d'utilisateurs de la carte dans le monde avec une très forte proportion outre-Atlantique.

Tous les atouts
En 1997, les résultats d'activité de la chaîne ont été globalement en hausse par rapport à 1996 avec un CA de 7,4 millions de francs, soit une progression de 12,4 %. On estime à 900 millions de francs les sommes versées au titre de la TVA aux différents pays...
Au-delà d'un congrès qui renforçait considérablement les atouts de la chaîne en matière d'image, de notoriété et de technologie, les deux jours qui suivirent - avec un showcase qui réunit 700 agents de voyages et surtout le dîner exceptionnel où 750 clients purent profiter de l'expérience de 90 chefs étoilés Michelin - furent un moment très important, une réelle consolidation de l'identité "Relais et Châteaux". Et Régis Bulot de conclure :
"Nous avons franchi une étape très importante avec l'impossibilité de la double appartenance, la technologie a suivi et les accords de partenariat de haut niveau sont en place : nous avons aujourd'hui un terrain solide qui nous permet de disposer de tous les atouts pour nous consacrer à nos valeurs. Soigner nos clients et faire revenir les jeunes de qualité à nos métiers. Tout un programme."
PLN


"Un grand moment d'unité et d'émotion".

Merci Michel

Dernier congrès Relais et Châteaux pour Michel Bouquier qui quitte la chaîne en cette fin d'année. C'était pour Régis Bulot l'occasion de lancer un coup de chapeau amical à celui qui a assuré la responsabilité de directeur de la chaîne à ses côtés ces dernières années. "Michel a beaucoup œuvré pour la modernisation des Relais et Châteaux en nous permettant de ne pas rater le rendez-vous de la technologie. Merci Michel, c'est ta chance, c'est ta vie, tu vas partir vers d'autres cieux pour ta carrière, merci pour le beau bout de route fait en ta compagnie", a remercié Régis Bulot. De toute évidence aujourd'hui, avec ce départ, la chaîne doit prendre encore un tournant. "Le train de la technologie est sur les rails, aujourd'hui nous n'avons plus besoin d'un technicien, nous devons revenir à nos valeurs essentielles, à nos maisons, à nos collaborateurs pour sans cesse améliorer la qualité de nos prestations", a précisé le président des Relais et Châteaux. Une ébauche du profil de poste du futur directeur de la chaîne ?

 

1997 - Données internationales
* Taux d'occupation : 62,2 %
* Nuitées : 2,1 millions de chambres
* Prix moyen chambre : 1 404 F TTC
* Capacité moyenne : 31 chambres
* CA hébergement : 3 201 MF
  Progression +9,5 %
* CA restauration : 3 959 MF
  Progression +17,6 %
* Nombre de repas servis : 9 millions
  Progression +6,5 %
* Prix moyen couvert : 450 F TTC
(701 F TTC pour les Relais Gourmands)
 
1997 - Données françaises
* CA hébergement : 766 MF
  Progression 7,6 %
* CA restauration : 1 432 MF
  Progression 15,5 %
* Taux d'occupation : 60 %
  Progression 5 %
* Prix moyen chambre : 1 322 F TTC
  Progression 8 %
* Effectif : 4 621 salariés hors exploitants
    357 apprentis

 

Alain Ducasse rachète Châteaux et Hôtels Indépendants

Régis Bulot réagit

Alors qu'il arrivait à New York pour y présenter l'édition 1999 du guide Relais et Châteaux, Régis Bulot apprenait l'acquisition par Alain Ducasse, membre des Relais et Châteaux, présent dans le guide 1999 avec ses 2 maisons, de la chaîne Châteaux et Hôtels Indépendants. Une acquisition qui l'amènerait bien évidemment à en prendre la présidence. Réactions à vif.

L'Hôtellerie :
Alain Ducasse était à vos côtés vendredi soir à Los Angeles pour réaliser le dîner avec les autres chefs Relais Gourmands, c'est difficile d'imaginer qu'il ne vous ait rien dit sur son projet.
Régis Bulot :
Et pourtant, c'est la réalité... Pour tout vous dire, j'en suis resté stupéfait, nous venions à Los Angeles, le vendredi soir, de réaliser une opération extraordinaire pour les Relais et Châteaux, avec bien sûr Alain Ducasse et à aucun moment il n'est venu évoquer son projet avec moi alors qu'il aurait eu maintes fois l'opportunité de le faire. Voilà pour la forme... Quant au fond, vous savez, la vente de "Châteaux et Hôtels Indépendants" n'a rien d'un événement : le dossier a été proposé à de très nombreuses personnes, c'était à vendre depuis longtemps. Par contre, ce qui est particulièrement gênant pour Relais et Châteaux, c'est que ce soit Alain Ducasse qui l'ait racheté et c'est d'autant plus gênant qu'il est justement présent avec ses deux maisons, dans le guide 1999, même s'il vient de démissionner des Relais et Châteaux ! C'est le monde des affaires paraît-il, tout va vite, les opportunités se saisissent et les hommes d'affaires font des affaires, nous saurons faire avec.
Il est évident que le guide 1999 pose problème avec l'inscription des deux maisons d'Alain Ducasse mais les aléas d'un guide tiré à 1 200 000 exemplaires sont tels que nous ne pouvons aujourd'hui rien modifier. Le guide était sorti le 15 novembre.

L'H. :
Comment analysez-vous ce changement de cap pour lui ?
R. G. :
Alain Ducasse est avant tout un homme d'affaires, il a eu cette opportunité et j'imagine qu'il l'a saisie dans le but de s'investir le créneau de l'hôtellerie indépendante de caractère dans la catégorie intermédiaire, en dessous des Relais et Châteaux. C'est une opération commerciale, il a racheté une marque, un point c'est tout. Et puis ça va aussi permettre de ne pas laisser l'exclusivité de création de réseaux aux seules chaînes américanisées. Ce qui est évident, c'est que la partie ne sera pas de tout repos au sein de "Châteaux et Hôtels Indépendants". Si Alain Ducasse est fidèle à ses convictions, donner une image cohérente, de qualité en dehors du luxe, il va y avoir de l'orage dans l'air car il y a une sélection à faire au sein des 480 maisons qui sont actuellement dans la chaîne.

L'H. :
Une turbulence qui peut amener des mouvements dans les autres chaînes volontaires ?
R. B. :
Bien entendu mais chaque chose reprendra sa place à plus ou moins long terme. Ce que l'on peut espérer justement, c'est que ces turbulences permettent de donner à l'hôtellerie indépendante française une plus grande cohérence en matière d'image et de qualité. A ce moment-là, on pourra réellement parler de synergie. Le fait d'avoir obtenu le refus de la double appartenance est un atout de plus, chacun devra se situer sur son créneau. Les Relais et Châteaux sont haut de gamme, Châteaux et Hôtels Indépendants se situera dans la seconde division. J'attends de tout ça un grand coup de fouet, une bonne émulation pour que chacun trouve son juste positionnement au meilleur niveau de qualité.

L'H. :
Vous pouvez y voir un atout pour Relais et Châteaux ?
R. B. :
Un client ne peut pas passer une semaine en France, en se faisant un itinéraire Relais et Châteaux exclusivement. Nous n'avons pas le maillage : nous n'avons que 2 900 chambres en France à leur offrir avec 125 maisons. C'est la raison pour laquelle en France, je ne peux que soutenir ceux qui veulent améliorer la qualité de tous les autres types d'hébergement, ils sont com-plémentaires à Relais et Châteaux et nous permettront d'attirer globalement beaucoup plus de touristes.

L'H. :
Pas de regret ?
R. B. :
Si, c'est de ne pas avoir été suivi sur mon idée de création de la Compagnie des Auberges, je reste persuadé de l'utilité d'une structure qui réunirait les maisons d'une catégorie encore en dessous des Châteaux et Hôtels Indépendants et des Relais du Silence. Aujourd'hui, il y a du flou, c'est dommage car peu sécurisant en termes d'image pour le client. "Logis de France" a un beau nom, un très beau maillage mais ses membres sont certainement trop nombreux pour que l'image soit vraiment cohérente, les maisons sont beaucoup trop disparates, de plus, certaines arborent plusieurs enseignes de chaînes volontaires. Ça n'a pas de sens.

L'H. :
Vous prêchez la cohérence.
R. B. :
La cohérence et l'unité partout où je vais. Que ce soit chez Michel Guérard, avec les Huit ou avec d'autres, je réponds toujours présent pour prêcher l'unité. Les chefs ne doivent pas s'opposer, ils doivent s'épauler, se compléter, c'est l'image de la France qui est en jeu. Je peux vous affirmer qu'à Los Angeles tous les chefs du monde entier réunis aux fourneaux pour envoyer 750 couverts dans des conditions pas toujours faciles, c'était un grand moment d'émotion, à pleurer de bonheur. C'est à travers des exemples d'unités pareils qu'on rendra la motivation aux jeunes. Il faut aller de l'avant et construire sur la qualité, sur le bonheur.


L'HÔTELLERIE n° 2592 Hebdo 17 Décembre 1998

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