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Réduction d'impôts et FCPI : un mariage à risque

La fin de l'année arrivant, vous vous demandez s'il ne serait pas judicieux de souscrire un de ces placements réducteur d'impôts dont on vous vante les mérites fiscaux. Mais au fil du vote des lois de finances, le choix est devenu de plus en plus limité. Toutefois, une nouvelle possibilité s'offre aujourd'hui à vous : l'investissement dans un FCPI. Est-ce le produit à souscrire en 1998 ?

Les Fonds communs de placement dans l'innovation ont été créés par la loi de finances pour 1997 (art. 102) afin de mettre à la disposition des sociétés innovantes les capitaux nécessaires à leur développement. De nombreux établissements profitent de cette fin d'année pour débuter leur commercialisation, car ils bénéficient d'un avantage fiscal attrayant mais au prix d'une prise de risque qu'il ne faut pas sous-estimer.
Les FCPI sont en effet rattachés à la famille des Fonds communs de placement à risques (FCPR). Ils présentent par rapport à ces derniers la particularité d'être soumis par la loi à des règles d'investissement précises. Ainsi, leur actif doit être investi au moins à hauteur de 60 % dans des titres non cotés de PME françaises innovantes. La loi impose de plus aux gestionnaires de tels fonds de justifier le critère innovant des entreprises retenues. Elles doivent respecter un ratio financier précis entre les dépenses de recherche et de développement et leur chiffre d'affaires ou avoir reçu la qualification délivrée par l'ANVAR (Agence nationale de valorisation de la recherche). Il est donc impossible de gérer un tel fonds sans prise de risques même si une certaine mutualisation de celui-ci est réalisée grâce à l'investissement du reste de l'actif (40 %) dans des valeurs cotées.

Un avantage fiscal réel
C'est pourquoi les pouvoirs publics ont octroyé aux souscripteurs de tels produits des avantages fiscaux importants. En premier lieu, les souscripteurs sont exonérés d'impôt sur le revenu concernant les produits et plus-values générés par le fonds (mais pas de prélèvements sociaux soit 10 % en 98) à condition toutefois que les sommes versées demeurent investies au moins 5 ans. Mais surtout, second avantage plus appréciable encore, une réduction d'impôt égale à 25 % de l'investissement est accordée au souscripteur dans la limite de 75 000 F pour une personne seule et de 150 000 F pour un couple à condition également de conserver les parts acquises 5 ans.
Cette réduction d'impôt au titre d'un achat de parts de FCPI peut se cumuler la même année avec une réduction d'impôt au titre d'un investissement direct dans une PME comme la souscription, par exemple, de parts d'hôtel. En revanche, les parts de FCPI ayant ouvert droit à une réduction d'impôt ne peuvent pas figurer dans un PEA (Plan d'épargne en actions), il faut donc choisir entre les avantages du PEA et ceux propres aux FCPI.
Contrepartie de ces avantages fiscaux, le risque à assumer est plus élevé qu'avec un Fonds commun de placement classique même si la majorité des gestionnaires de FCPI tentent de réduire les risques à prendre en les mutualisant.

Une mutualisation du risque
La part des investissements effectués en titres non cotés est affectée par des risques individuels élevés en raison de la jeunesse et de la taille des entreprises sélectionnées même si le FCPI intervient après la phase de création de l'entreprise, une fois validée la qualité du management et l'acceptation par le marché des produits développés c'est-à-dire quelques années avant son introduction en Bourse. Ces risques individuels sont toutefois plus limités que lors d'un investissement individuel direct. En effet, en raison de l'importance des fonds collectés, le gestionnaire peut diversifier ses investissements tant au niveau du nombre des sociétés que de leurs secteurs d'activité. De plus, il peut rechercher systématiquement la contre-garantie de la Sofaris sur ces investissements. La Sofaris assure le gestionnaire, en échange d'une part des plus-values limitées aux indemnisations, contre les pertes financières liées à la défaillance inéluctable de certaines de ses participations.
Une autre voie de réduction du risque est recherchée au niveau des investissements en sociétés cotées. La majorité des gestionnaires de FCPI essaie d'investir les 40 % de l'actif pour lesquels aucune obligation ne leur est imposée dans des Fonds communs de placement axés sur des petites capitalisations peu sensibles aux risques individuels. Mais ils ne peuvent éliminer totalement le risque de marché.
C'est pourquoi ce produit doit être acquis uniquement dans une optique à long terme de 7 à 10 ans. Sur cette durée, on peut espérer des performances appréciables sachant que les premières années, le rendement ne sera assuré, du fait des normes comptables et de l'absence de possibilités de vente pour la part de titres non cotés, que par la part en titres cotés du portefeuille. En revanche, en fin de vie du fonds, la performance du portefeuille non coté devrait être supérieure à celle du portefeuille coté, les introductions progressives en Bourse devant générer des plus-values sauf erreurs d'investissement de la part du gestionnaire.

Qui peut souscrire ?
En raison des risques inhérents au produit, la souscription de parts de FCPI n'est à conseiller qu'aux épargnants déjà détenteurs d'un patrimoine équilibré soucieux à présent de le diversifier. Il faut, de plus, ne pas oublier que les produits à haut risque ne doivent pas représenter plus de 5 % de l'actif total d'un patrimoine même si l'avantage fiscal offert est tentant.
Marie-Claude Barbier


L'HÔTELLERIE n° 2592 Hebdo 17 Décembre 1998

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