Va-t-on demain taxer à nouveau les entreprises qui
recrutent ?
A en croire les déclarations de Martine Aubry, c'est une piste que se prépare à suivre
le gouvernement ! Le comble de l'absurdité qui montre combien les politiques ignorent la
réalité de la gestion d'entreprises. Une ignorance d'autant plus accablante qu'ils ne
cessent de prendre des mesures antiéconomiques pour des raisons purement idéologiques.
Il semble bien qu'à leurs yeux le but premier de l'entreprise est de créer des emplois.
Grave erreur... l'entreprise se crée pour répondre à des besoins, à une demande. Ce
n'est que si elle arrive à y répondre qu'elle est amenée à recruter. Il est facile et
confortable pour un ministre de montrer du doigt les chefs d'entreprise qui choisissent la
prudence et utilisent CDD et intérim pour traiter les problèmes de saisonnalité mais
c'est parfaitement injuste et démagogique.
"A force d'avoir un avis sur tout", déclarait François Hollande ce
week-end "on adopte la panoplie du donneur de leçon", le message était
destiné à la tête de liste des Verts aux européennes mais il pourrait très
naturellement être retourné vers la ministre du Travail qui n'hésite pas à menacer :
"ceux qui ont choisi la flexibilité externe avec CDD et intérim doivent payer
plus que les autres", prévient-elle, le tout au nom de ce qu'elle qualifie
"une croissance maintenant bien assise".
Que d'assurance sur une réalité économique autrement plus fragile que ne le dit Madame
Aubry, une réalité économique incertaine pour les chefs d'entreprise qui sont dans
l'obligation de faire preuve de la plus grande prudence en attendant la mise en place de
la loi sur la réduction du temps de travail. Des chefs d'entreprise qui ne cessent de
voir les règles du jeu changer, de nouvelles taxes apparaître et qui doivent gérer avec
prudence, pour justement préserver l'emploi des salariés en CDI. Demander aux
entreprises de ne pas atteindre le seuil de 10 % de CDD ou d'intérim, c'est n'avoir pour
seule référence que le monde de l'industrie, c'est ignorer qu'il existe des petites
entreprises : à 10 salariés, comment assurer certains remplacements de congés de
maladie, de maternité, de congés payés, comment répondre à la demande fluctuante de
la clientèle sans
la souplesse de l'intérim ou des CDD ? L'Etat a de toute évidence beau jeu de critiquer
le recours à l'intérim et aux CDD de la part des entreprises privées, lui qui sait si
bien recruter des "emplois jeunes",
des maîtres auxiliaires, des agents contractuels qui, sans espoir de titularisation,
voient leurs contrats renouvelés au bon vouloir de l'administration.
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2589 Hebdo 26 Novembre 1998