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L'avenir en jeu

Alors que la convention collective des cafés, hôtels et restaurants n'était pas encore étendue, le gouvernement annonçait sa volonté d'abaisser à 35 heures la durée légale du travail. L'année 1998 restera dans l'esprit de tous les responsables du secteur l'année de la mise en place, pas toujours facile, de la convention collective mais aussi, et surtout, celle du vote de la loi Aubry, communement appellée « loi des 35 heures».

Parce que certaines entreprises des CHR, les plus petites, n'ont toujours pas pu mettre en place la réduction du temps de travail imposée par la convention collective, parce que, justement, cette convention collective avait déterminé un processus de réduction du temps de travail pour l'ensemble du secteur, la profession ne voulait pas se sentir concernée par la loi Aubry. Pourtant, dans la mesure où l'amendement qui demandait l'exclusion des cafés-hôtels-restaurants du champ d'application de la loi avait été réjété sans aucune discussion au Parlement, il y avait tout lieu de penser que le secteur était, lui aussi, concerné par la loi Aubry. Comme L'Hôtellerie l'a toujours signifié à ses lecteurs, la seule mesure que pouvait espérer le secteur était la reconduction des heures d'équivalence qui lui permettait d'avoir un décalage de 4 heures sur la durée légale du travail. Dans l'éditorial du 14 mai dernier, nous prévenions «Les cafés, hôtels et restaurants sont bel et bien concernés par cette
loi qui, de toute évidence, compte tenu des horaires d'équivalence, amenera à terme le temps de travail à 39 heures alors que la convention collective l'avait déterminé à 43 heures voici quelques semaines.
Se croire protégé par la convention collective était une grave erreur qui risque de coûter cher aux entreprises du secteur.
»

Aujourd'hui, confirmation a été donnée aux syndicats patronaux des CHR, qu'à terme, le ministère du Travail demandera l'ouverture de négociations aux partenaires sociaux pour arriver à un accord sur la réduction du temps de travail à 39 heures. Personne ne peut à l'heure actuelle en dire beaucoup plus mais il est évident que cette mesure fragilisera les plus petites entreprises qui n'auront jamais les moyens tant financiers qu'humains d'appliquer cette nouvelle règlementation. Autant dire que le secteur connaîtra dans les mois qui viennent des discussions déterminantes pour son avenir. Il y a tout lieu de croire que chacune des instances patronales saura faire valoir la spécificité de ses adhérents pour faire comprendre au gouvernement que rien ne pourra être mis en place sans compensation, il en ira de la survie d'un très grand nombre d'entreprises. Et pourtant, à la lecture du dossier que L'Hôtellerie consacre cette semaine à l'emploi dans la profession, on mesurera combien l'amélioration des conditions de travail est un point essentiel pour les salariés. Nombreux sont ceux qui souhaitent continuer à travailler dans les CHR et qui, sans jamais demander à se voir appliquer les 35 heures, demandent à pouvoir avoir une vie de famille de meilleure qualité. Les chefs d'entreprise rencontrent de plus en plus de difficultés à recruter et à fidéliser un personnel de qualité alors que, partout en France, les écoles hôtelières multiplient les formations et recrutent toujours plus d'élèves. Que deviennent-ils ? Depuis des années maintenant, les frais de personnel représentent pour les entreprises du secteur des charges de plus en plus lourdes par rapport à leur chiffre d'affaires. Jusqu'où irons-nous? Jusqu'à quand les politiques continueront-ils à ne pas vouloir prendre en considération la réalité économique de ce secteur, 5e employeur de France ? Un secteur pourtant plein de potentialités, plein de dynamisme et de ressources humaines. Autant dire, un secteur plein d'espoir!
PAF


L'HÔTELLERIE n° 2587 Supplément Emploi 12 Novembre 1998

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