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Vie professionnelle

Pierre Gauthier à l'assemblée générale du SNRLH

Le syndicat ne lâche pas prise, le combat reste dur,
très dur

Les manifestations étudiantes prévues à Paris le jeudi 5 novembre n'ont pas dissuadé les membres du SNRLH de venir nombreux à l'assemblée générale de leur syndicat. Ce n'est pas moins de 230 personnes qui sont venues assister à ces débats.

Dans son discours, Pierre Gauthier entre tout de suite sur le sujet ô combien polémique dans la profession : la loi sur les 35 heures. "Au cours de ces derniers mois, le dossier le plus difficile et toujours très brûlant, c'est la loi sur les 35 heures. Affaire fondamentale et grave qui risque de porter un coup sévère à l'économie française. C'est dire que loin d'être favorable à la création d'emplois, elle risque au contraire d'aggraver le chômage. Seule la santé des entreprises pourrait permettre d'en créer. Or en nous imposant de nouvelles charges et obligations, l'Etat ne contribue pas à la santé de nos exploitations, c'est le moins que l'on puisse dire."
Pierre Gauthier n'hésite pas à qualifier cette loi sur les 35 heures "d'erreur économique majeure. Une véritable lubie politique qui risque de compromettre, voire d'inverser, le léger mieux conjoncturel observé ces derniers temps et que d'ailleurs la crise boursière rend quelquefois bien frêle." Face à la gravité du sujet, le syndicat a choisi de modifier le déroulement habituel de son assemblée générale afin d'organiser une table ronde sur la loi des 35 heures animée par Patricia Le Naour et à laquelle ont participé les présidents Mathivat, Rebuffel, Vessey et Gauthier. (Vous pouvez retrouver l'intégralité des débats dans notre supplément Emploi de cette semaine).

Pour une information plus rapide
Il est rappelé la volonté de communication du syndicat, tout en précisant que celle-ci ne doit pas se limiter à une communication avec les seuls pouvoirs publics. C'est la raison pour laquelle les dirigeants du SNRLH ont énormément intensifié leurs actions en direction de la presse professionnelle.
La communication ne doit pas faire oublier l'information qui est primordiale à tous les chefs d'entreprise. Ceux-ci doivent pouvoir être informés rapidement des nouveautés concernant leurs exploitations. Le syndicat compte faire prochainement un large usage du fax transmis par modem afin de faire parvenir les informations les plus urgentes dans les délais les plus brefs. On se souviendra de l'exemple des autorisations d'ouvertures exceptionnelles de nuit accordées par la préfecture de police de Paris pour la fête de la musique et la finale de la Coupe du Monde. Autorisations qui ont été supprimées au tout dernier moment par la préfecture pour des raisons de sécurité publique.
D'autre part, le syndicat met en place un site Internet qui permettra de consulter des données parfaitement actualisées, et ce 24/24 heures et 7/7 jours. Il s'agit, en outre, d'un moyen peu onéreux, qui a comme autre avantage de diminuer la masse de papier reçu à archiver.

Un combat de tous les instants
La défense de la profession nécessite une vigilance accrue que rappelle Pierre Gauthier : "Lorsque j'évoque la défense de nos métiers, je dois dire que c'est malheureusement un vaste terrain de bataille de tous les instants. Permettez-moi de donner un exemple concret de ce qu'est la défense de nos métiers. L'Assemblée nationale a récemment débattu d'un texte qui en principe ne devait guère nous concerner. Il s'agit de la loi d'orientation agricole. Nous n'avions rien contre les agriculteurs mais, dans ce texte, se glissent quelques dispositions relatives à la diversification de leurs activités qui risquent de porter un tort grave à certains de nos collègues. La future loi encourage les agriculteurs à développer des installations touristiques de toutes natures sur leur propriété : des hôtels, des restaurants et pourquoi pas des discothèques et des bowlings échapperont aux règles de droit commun, fiscal, social et autres. C'est le type même de mesures d'exception qui faussent totalement les règles du jeu de la concurrence. Je n'ai pas besoin de vous dire que ce paracommercialisme institutionnalisé et légalisé n'aura pour effet qu'un détournement de la clientèle au détriment de notre secteur d'activité. Les politiciens ne veulent rien comprendre aux lois pourtant évidentes de la concurrence !"

Encore et toujours le combat contre la TVA
"Le dossier de la TVA sur la restauration est encore plus choquant. Nous ne cessons de dire au gouvernement, aux parlementaires et aux instances européennes que le taux de TVA applicable à la restauration traditionnelle est illogique et antiéconomique. Nous avons en ce sens des arguments forts : la taxation actuelle fausse la concurrence nationale et internationale et réduit considérablement nos capacités d'embauche. Pour la concurrence c'est manifeste, il est clair en particulier que la restauration est affectée par la multiplication des formes de ventes ou prétendues telles, qu'il s'agisse de la restauration rapide ou des ventes sauvages dans les lieux touristiques. De même, tant que les taux et règles de récupération de la TVA ne seront pas uniformisés au sein de la Communauté européenne ce qui ne semble pas pour l'instant en bonne voie. Nous serons toujours victimes de la concurrence déloyale des pays où les règles sont plus favorables. Les voyagistes et les touristes eux-mêmes savent généralement bien compter et faire la comparaison des prix.
Nous sommes une industrie de main-d'œuvre, la restauration traditionnelle emploie 800 000 actifs donc 600 000 salariés, elle pourrait faire mieux encore si le gouvernement mettait ses actions en concordance avec ses paroles, c'est-à-dire s'il fondait véritablement sa politique sur une lutte prioritaire contre le chômage. Dans ce secteur il y a une forte capacité d'embauche. Si la fiscalité et les charges n'étaient pas si dissuasives, les pouvoirs publics pourraient engager une véritable politique de l'emploi. Alors que le nombre de chômeurs ne diminue guère, nos adhérents se plaignent à juste titre de ne pas trouver de personnel à embaucher. On peut se poser des questions." Le groupe de restaurateurs du SNRLH au sein de l'association Alerte lancera une campagne de sensibilisation de l'opinion sur cette importante question.

Le gouvernement donne d'une main ce qu'il reprend de l'autre
En matière de taxe professionnelle, les perspectives semblent plutôt favorables : la réforme de cette taxe répond aux critiques formulées depuis sa création car elle affecte l'ensemble des entreprises françaises. En effet, la prise en compte des salaires dans la base imposable était particulièrement pénalisante pour les entreprises de main-d'œuvre et entraînait un effet dissuasif sur l'embauche. En engageant du personnel supplémentaire, l'employeur voyait le montant de sa taxe professionnelle augmenter.
Pour Pierre Gauthier : "C'est le type même de mesure qui aurait dû être prise depuis longtemps. Cette mesure aurait dû être une bonne nouvelle. Mais une bonne nouvelle en matière fiscale s'accompagne toujours d'une mauvaise nouvelle. Le projet de loi de finances pour 1999 comporte une disposition extrêmement inquiétante pour les entreprises d'IDF. Il s'agit de la création d'une nouvelle taxe basée sur la superficie des locaux de toutes natures. Seraient frappés non seulement les locaux d'exploitation proprement dits, mais aussi leurs annexes, les lieux de stockage. Seules les entreprises de moins de 300 m2 seraient exemptées. En gros cela revient à reprendre d'une main ce que l'on a donné de l'autre. Nous disons très fermement au gouvernement : c'en est assez, les entreprises sont excédées de ces inventions technocratiques."
Ce nouvel impôt constitue non seulement une charge financière supplémentaire sans parler du temps passé à remplir les formulaires, ni des contentieux qui vont se produire. Le syndicat a aussitôt réagi en adressant une lettre à tous les députés en insistant sur le caractère antiéconomique de cette mesure.
A titre d'exemple : un hôtel de 60 chambres occupe en moyenne 2 500 m2 y compris les parties communes. Cet hôtel aura donc à payer 150 000 francs de taxe dite sur les bureaux en Ile-de-France au titre de l'année 2004.
Mais Pierre Gauthier insiste sur le soutien obtenu par "le président du conseil régional, pourtant le premier intéressé car ceci pourrait lui apporter les sommes dont il a évidemment besoin, s'est ému devant les protestations et a adressé une lettre auprès du ministre des Finances pour lui demander de revoir et de reconsidérer le fameux article 26 de la loi de finances qui justement pénalise nos entreprises d'une façon inadmissible." La prochaine étape de ce texte est le passage devant les sénateurs le 20 novembre prochain.

L'avenir avec l'euro
Ces combats de tous les instants ne doivent pas faire oublier les aspects positifs et constructifs des métiers des CHR. Le président Gauthier évoque l'euro qui va naître dans deux mois. "C'est une petite révolution dans notre secteur qui a vocation à accueillir des étrangers et à régir différents modes de paiement. La réforme monétaire sera globalement favorable pour le tourisme puisqu'elle aboutira à des règlements de voyageurs européens. Mais pour nous les professionnels qui devront accepter deux monnaies, ce sera complexe et plus particulièrement pendant la phase de transition qui se terminera en 2002."
Et de conclure : "Le syndicat ne lâche pas prise, le combat reste dur et très dur. Le syndicat reste en état de veille constante. Cette lutte, nous ne pouvons la mener que si nous restons fermement unis. Ce qui est le cas au SNRLH. Nous entrerons dans le 3e millénaire unis et combatifs."
Même si Jacques Mathivat n'a pas une vue aussi optimiste en ce qui concerne le collège patronal dans son ensemble. "J'ai l'habitude de dire ce que je pense, c'est un de mes défauts. Je reconnais que depuis dix ans on en a vu des vertes et des pas mûres et cela continue encore, puisque, lors des dernières négociations avec les partenaires syndicaux salariés, un syndicat important que je ne préfère pas nommer, a brillé par son absence. Il faut toujours espérer et nous œuvrons en ce sens pour que les 4 ou 5 syndicats représentatifs avancent dans la même direction. Il est évident que vis-à-vis des pouvoirs publics et de nos partenaires sociaux, on ne peut pas être en position de force quand on est désunis." Autant dire que c'est avec espoir que le SNLRH a conclu ses débats.


« Nous entrerons dans le troisième millénaire unis et combatifs », déclare Pierre Gauthier.


Jean de Préomont, président de l'office du tourisme, est venu soutenir les professionnels.

Un public particulièrement représentatif de la profession

Plus de 230 professionnels avaient répondu présents à l'invitation de Pierre Gauthier. Salle comble pour une assemblée générale où étaient présents les indépendants comme les groupes. Parmi cette nombreuse assistance, on pouvait voir en personne Thierry Beguet (Buddha Bar), Jean Blat (ancien président de la FNIH), Jean-Paul Bucher (Flo), Didier Chenet (l'Amanguier, Oh!..Poivrier!), Patrick Derderian (Zebra Square),
M. Lecomte (directeur de la Tour d'Argent), Claudia Sfez (Bistro Romain), M. Solignac (Tour de Lyon), M. Triadou (Café Saint-Georges),
Madame Vrinat (Taillevent).

 

Les prêts à taux bonifiés seraient supprimés pour la restauration

Le SNRLH se mobilise

Le projet de loi de Finances pour 1999 n'a pas prévu de reconduire le bénéfice des prêts à taux bonifiés à 3,50 % pour la restauration. En effet, un arrêté du 25 avril 1997 avait permis aux restaurateurs de bénéficier de ces taux à tarifs préférentiels pour les investissements réalisés pour la mise en conformité de leur établissement. Prêts qui étaient jusque-là réservés aux artisans.
Dans un courrier adressé le 26 octobre dernier à Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat chargée des PME, du Commerce et de l'Artisanat, Pierre Gauthier, président du SNRLH (Syndicat national des restaurateurs limonadiers hôteliers) s'inquiète de la suppression de cette mesure. « Nous attirons votre attention sur l'effet dramatique que pourrait avoir une telle décision pour les entreprises que nous représentons, au moment où se met en place Le Guide de Bonnes pratiques d'hygiène en restauration », souligne-t-il. Et de préciser : « Alors que le projet de loi de Finances maintient le taux de la TVA à 20,6 % pour la restauration, favorisant une concurrence déloyale, notre secteur d'activité connaîtrait alors une nouvelle discrimination avec les entreprises artisanales alimentaires qui vont, elles, continuer à bénéficier des prêts à taux bonifiés. » C'est pour ces raisons que le président Pierre Gauthier demande à rencontrer Marylise Lebranchu dans les meilleurs délais pour obtenir des explications sur ce dossier.
Par la même occasion, il souhaite aussi obtenir la confirmation de l'engagement de l'Etat sur la réduction forfaitaire des cotisations patronales de Sécurité sociale sur les avantages en nature nourriture. Il était initialement prévu que cette réduction serait de 25 %, pour passer progressivement de 50 % à 75 % et atteindre 100 % à l'issue de 4 années. Mais depuis sa mise en place par un décret du 2 avril 1998, le montant de cette réduction forfaitaire est toujours maintenu à 1,28 F et n'a pas été réévalué lors de l'augmentation du SMIC.


L'HÔTELLERIE n° 2587 Hebdo 12 Novembre 1998

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