Développement
«Timoré et sacrément solitaire.» Voilà à peu de choses près comment bon nombre
de concurrents aiment à décrire le numéro deux de l'hôtellerie française. De fait, le
groupe Envergure, qui totalise aujourd'hui plus de 630 établissements sous les enseignes
Campanile, Bleu Marine, Première Classe et Clarine (dont 24 % en fonds propres, 15 % en
franchise pure et 61 % affiliés avec mandat de gestion), a toujours fait bande à part,
refusant de se prêter au jeu des partenariats. Mieux. «Vivons cachés, vivons heureux»
a longtemps été son unique devise. Cela ne l'a pas pour autant empêché d'ailleurs de
mener très sérieusement sa barque. «On y est toujours arrivé tout seul. Alors,
pourquoi ne serait-il pas possible maintenant de poursuivre notre route ainsi ?», ironise
Louis Crémèse, vice-président d'Envergure.
En moins de huit ans, la filiale à 100 % de la Société du Louvre a en effet presque
triplé son parc passant de 14 426 chambres en 1990 à 38 011 au 30 septembre dernier. Et
les choses ne devraient pas s'arrêter en si bon chemin au cours des prochaines années.
D'autant que la maison mère, satisfaite des résultats économiques réalisés par
l'hôtellerie économique au terme du premier semestre 1998 (chiffre d'affaires en hausse
de 15,7 % à 695 MF, marge brute d'autofinancement en progression de 32,6 % à 118 MF,
résultat net en augmentation de 42,4 % à 32,50 MF et ratio d'endettement à 1,9), vient
d'accorder à Envergure une rallonge substantielle.
Mettre l'accent sur Première Classe
A l'issue du dernier conseil d'administration qui se tenait le lundi 19 octobre,
la Société du Louvre a voté une augmentation de capital de 100 MF à l'attention de son
pôle d'hôtellerie économique. De quoi permettre à Envergure d'accélérer son
développement. D'ailleurs, les objectifs sont clairement établis. «Nous voulons dou-
bler notre parc actuel d'ici 2006. Ce qui signifie que nous visons les 80 000 chambres»,
indique Louis Crémèse.
Cette croissance s'effectuera bien sûr dans les pays où la société compte déjà bon
nombre d'implantations. Autrement dit tout d'abord à travers l'Hexagone. Plusieurs
chantiers sont d'ores et déjà en cours de réalisation en France comme celui d'un
montant de 90 MF au Pont de Suresnes (un complexe de 300 chambres intégrant un Campanile
et un Première Classe). Reste qu'Envergure entend sur son territoire national mettre
l'accent sur sa chaîne très économique. «Il y a encore de la place pour une
cinquantaine d'hôtels Première Classe en France. Et ce sans détruire le marché !»,
estime le vice-président du groupe.
Pologne
Trois hôtels rejoindront ainsi prochainement le réseau des 152 établissements
Première Classe dont un à Honfleur, un second à Strasbourg et un troisième à Saumur.
Sans oublier deux autres projets en attente du feu vert des CDEC à Alès et Avignon.
D'autres villes sont également dans la ligne de mire du numéro deux français telles
Bayeux, Orléans, Mâcon...
Pour ce qui est de Clarine, bâtie principalement via des contrats de franchise, Envergure
maintient son pari de réunir 100 hôtels d'ici l'an 2000 (78 à ce jour) n'excluant pas
la construction d'établissements neufs ou la reprise d'unités existantes selon les
opportunités à venir.
Le groupe français souhaite néanmoins également prendre de l'envergure à travers le
Vieux Continent. D'autant plus vite que les 27 établissements dont il est propriétaire
hors des frontières nationales et les 20 autres en franchise contribuent largement à la
bonne santé de l'entreprise (30 % des résultats d'exploitation). La filiale de la
Société du Louvre va donc multiplier ses adresses en Grande-Bretagne, en Espagne
(signature imminente d'un terrain pour Campanile à Alicante), au Portugal ainsi qu'en
Italie.
Reste qu'Envergure voit encore plus loin. A tel point qu'il construit en ce moment même
un hôtel Campanile à Katowche en Pologne. Ajoutons, peut-être en réponse aux attaques
de certaines mauvaises langues, que le groupe, contrairement à ses habitudes, s'apprête
en outre à boucler un partenariat avec un financier en Amérique du Sud. L'association
débutera par l'ouverture d'hôtels au Chili.
C. Cosson ccosson@lhotellerie-restauration.fr
L'HÔTELLERIE n° 2585 Hebdo 29 Octobre 1998
Podcasts
