Paris
Depuis plus de deux ans maintenant, leur projet de restaurant rue du Faubourg
Saint-Antoine à Paris a fait couler beaucoup d'encre. Il est vrai qu'entre l'annonce de
la création du futur bar-restaurant latino et le début officiel des travaux, en ce
début octobre, Thierry Bégué et Raymond Visan (George V Restauration) ont rencontré
pas mal d'embûches. En effet, l'ancien magasin de meubles Gouffé, mis en location par la
famille du même nom et choisi pour recevoir le nouvel établissement, est classé à
l'inventaire des monuments historiques. Et dès le départ, de nombreux habitants et
professionnels du quartier, relayés par des politiques, Georges Sarre et Jean-François
Perrin, respectivement maires des XIe et XIIe arrondissements, ont cherché par tous les
moyens d'empêcher l'arrivée de ce restaurant. Le motif invoqué ? Traditionnellement
occupé par des marchands de meubles et des artisans, le quartier perdrait son identité
culturelle et son âme. De nouvelles enseignes (vêtements, cafés, restaurants, etc.)
affluent. Des projets immobiliers apparaissent. Les uns remplaçant les autres, la
physionomie du quartier change et les riverains craignent aussi une flambée des prix des
loyers.
Ce fut donc long très long avant que le maire de Paris, Jean Tiberi, convaincu que "
ce restaurant amènera une activité économique non négligeable au Faubourg ", ne
signe le permis de construire en juillet dernier. La polémique est-elle vraiment
terminée ? Dans une lettre à ses administrés en date du 14 septembre 1998, Georges
Sarre admet que " plus rien ne s'oppose désormais à l'ouverture de ce commerce
", mais précise " qu'il n'est pas exclu qu'un particulier ou une association
mette en uvre le recours des tiers devant le tribunal administratif de Paris ".
Pour Raymond Visan et Thierry Bégué, permis de construire en poche, il faut aller de
l'avant. Les travaux commencent.
15 MF de travaux
Pour transformer l'immeuble Gouffé en bar-restaurant San Miguel, la facture
atteint 15 MF. Grâce à des documents d'époque, la façade de l'immeuble Gouffé du
début du siècle sera reproduite à l'identique. De plus, son monumental escalier
intérieur classé sera conservé. La décoration étant confiée à l'architecte
François Wapler, déjà concepteur du Buddha Bar et du Barfly. L'immeuble offre une
superficie de 3 000 m2, sur 5 niveaux.
4 seront accessibles au public (1 200 m2), soit 300 m2 par niveau. Au rez-de-chaussée, on
trouvera un bar avec suffisamment d'espace pour permettre à la clientèle de danser
(ambiance musicale latino). Une petite restauration de type " snack " avec des
tapas sera donc proposée dès le premier niveau (TM : 80 MF).
C'est au premier étage que se situera le restaurant avec une capacité de 220/250
couverts. Au menu : une cuisine méditerranéenne d'inspiration italienne, espagnole,
grecque et d'Afrique du Nord. Quelques indications : pour les entrées, Raymond Visan et
Thierry Bégué ont choisi de faire circuler des chariots garnis d'assiettes entre les
tables. Les clients peuvent ainsi faire leur choix de visu et succomber à la tentation
autant de fois qu'ils le souhaitent. Une technique de vente qui a d'ailleurs fait ses
preuves dans certains restaurants chinois. La suite du repas sera choisie à la carte (pas
de menu). Une carte qui sera identique au déjeuner et au dîner, pour un ticket moyen
estimé à moins de 200 F.
Au deuxième étage, autre bar mais ambiance différente, cosy avec cheminée et billard.
Un ascenseur fonctionnant avec une clé (envoyée aux heureux élus) permettra l'accès au
troisième étage réservé aux VIP. L'entrée de ce " club privé " est
gratuite, mais pour avoir la clé, il faut faire partie de la liste des personnalités
sélectionnées par la direction. Sur les trois premiers niveaux, grâce aux bars et au
ticket moyen raisonnable, une clientèle assez large est visée. Le dernier étage, avec
son espace VIP, devrait attirer une clientèle plus ciblée, au pouvoir d'achat plus
important, mais aussi celle qui fait les réputations et décerne le fameux label "
branché ". Pour faire fonctionner le San Miguel 7 jours sur 7, près de 120 emplois
seront créés. L'établissement fermera ses portes à 2 heures de matin.
Partenariat avec Kronenbourg
Pourquoi San Miguel ? San Miguel, c'est le nom de la bière que Kronenbourg vient de
lancer en CHR au mois de septembre. Une bière " latino, type Corona ", précise
Raymond Visan, donc en parfaite adéquation avec le concept du restaurant. Et c'est
Kronenbourg qui a pris contact avec les patrons de George V Restauration pour leur
proposer un partenariat. Le succès du Barfly (dont le n° 2 vient d'ouvrir ses portes à
Los Angeles) et du Buddha Bar (c'est à Las Vegas que le second Buddha Bar verra bientôt
le jour) leur sert de carte de visite. Pour Kronenbourg, associer le lancement de sa
nouvelle bière à un nouveau concept de restauration festif est un vecteur
supplémentaire de notoriété. Dans le même temps, les campagnes de publicité engagées
pour lancer la bière San Miguel serviront également de tremplin pour le restaurant.
Excepté le droit de licence accordé par Kronenbourg à George V Restauration pour
l'utilisation de la marque, les deux entreprises ne souhaitent pas divulguer les termes
exacts du contrat. Quant à savoir si le San Miguel du Faubourg Saint-Antoine aura
prochainement des petits frères, " rien n'est prévu pour le moment, mais rien n'est
exclu ", confie Raymond Visan. Aujourd'hui, la priorité, ce sont les 7 mois de
travaux qui permettront fin avril l'ouverture du San Miguel.
N. Lemoine
C'est dans l'ancien magasin de meubles Gouffé, rue du Faubourg Saint-Antoine
à Paris, que le San Miguel verra le jour en avril prochain.
Du changement au Buddha Bar15 % de chiffre d'affaires le midi pour 85 % le soir. Un constat
qui laisse supposer qu'il existe une belle marge de progression au déjeuner surtout
lorsque l'on est situé entre le Crillon et l'Elysée. Raymond Visan et Thierry Bégué
ont décidé d'aménager leur offre au déjeuner. Rappelons que le Buddha Bar, ouvert
depuis deux ans maintenant, dispose de deux niveaux. A l'étage inférieur, le restaurant
(220 couverts) propose désormais en plus de la carte (composée des plats "best
of" du soir) un menu dégustation à 190 F renouvelé chaque semaine : entrée, plat
(poisson, viande et deux garnitures), un dessert, vin, café ou thé compris. |
L'HÔTELLERIE n° 2583 Hebdo 15 Octobre 1998