La prospective est un art difficile : pour
être crédible, l'exercice doit être réalisé sur des bases solides.
Celui auquel s'est livrée l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) s'appuie sur
l'analyse de plusieurs décennies de données et tendances évolutives. Il ne manque pas
d'apporter de précieuses indications sur l'évolution qualitative et quantitative du
tourisme mondial dans les vingt prochaines années. Réunis à La Grande-Motte,les
participants aux récentes Journées professionnelles du tourisme du Languedoc-Roussillon
en ont eu la primeur.
«En 2020, environ 7% de la population mondiale devraient voyager en dehors de son
pays, soit trois fois plus qu'aujourd'hui», avance le secrétaire général de l'OMT.
Francesco Frangialli estime qu' «en taux de croissance, la progression devrait être
plus faible qu'au-jourd'hui : de l'ordre de 4%, contre 6% au cours des vingt dernières
années.» Les séjours seront de plus en plus fréquents, mais aussi de plus
en plus courts, «avec une frontière moins nette qu'actuellement entre tourisme
d'affaires et tourisme de loisirs», prédit encore Francesco Frangialli. D'où,
notamment, une nécessaire «flexibilité des équipements» pour répondre à une
demande plus soutenue tout au long de l'année.
D'ici à 2020, la France devrait perdre sa place de première destination touristique mondiale (cf. article ci-dessus) au profit de la Chine qui comptera le plus grand nombre de visiteurs étrangers, devant les Etats-Unis, la France et l'Espagne. «Mais, rassure le secrétaire général de l'OMT, il faut s'attendre à deux fois plus de touristes qu'aujourd'hui». Ceux-ci seront aussi de plus en plus précis et exigeants dans leurs attentes. Selon Francesco Frangialli, «le développement de produits axés sur la trilogie divertissement-émotion-éducation» pourrait être la meilleure façon d'y répondre. Et de souligner également que «la qualité de l'environnement sera l'une des contraintes les plus fondamentales dans les vingt prochaines années.» F. Cusset
L'HÔTELLERIE n° 2568 Hebdo 2 Juillet 1998