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Editorial

Galipettes

Il fallait oser s'insurger devant la vente aux enchères du Palace ! Régine n'a pas hésité un instant et, drapée dans sa dignité de grande prêtresse de l'excellence de la gestion d'entreprise, la Grande Zoa a dénoncé haut et fort le fait que le tribunal de commerce de Paris ait accepté l'offre faite par les frères Blanc à 7,5 millions de francs, dans le cadre d'une vente aux enchères où personne n'a souhaité surenchérir, même pas l'élu de Régine, le chanteur de rock anglais Michael Hucknall qui, après s'être déclaré prêt à mettre sur la table 50 millions de francs pour s'emparer du Palace, s'est gentiment tu à 7,1 millions, bien heureux semble-t-il que les frères Blanc aient pu aller plus loin !

De toute évidence, la mémoire ne semble pas étouffer Régine qui gagnerait peut-être, pour une fois, à se faire plus discrète ; ses talents de femme d'affaires n'étant pas à ce jour suffisamment probants pour être cités dans la catégorie d'excellence, contrairement à ce qu'elle laisse supposer. Il faudrait avoir la mémoire courte pour oublier certaines étapes de la vie de la chanteuse jonchées de noms qui n'évoquent pas vraiment des titres de chansons à succès pour certains fournisseurs ; ne citons, au hasard, que le Réginskaïa, Ledoyen à Paris ou Le Cheval Blanc à Nîmes qui aura laissé un souvenir inoubliable aux contribuables de la ville gérée par Jean Bousquet, un ami de Régine...

Les affaires sont des choses sérieuses et il ne suffit pas de s'autoproclamer «femme d'affaires» pour réussir. Réussir, en restauration, ce n'est pas seulement faire la une de tous les magazines à la mode quand, à grands renforts de caviar, de champagne, de copains, de showbiz, on lance une enseigne, mais c'est assurer tous les jours un service à des clients qui payent et assurer, tous les mois, le règlement des factures des fournisseurs et la paie des salariés. C'est avant tout sur ces critères que le choix du tribunal de commerce de Paris s'est fait et, en la matière, les frères Blanc, jusqu'à présent, ont toujours respecté leurs engagements. Une sécurité indispensable que les promesses du chanteur de rock n'avaient pu assurer puisqu'il «envisageait un plan de continuation avec un règlement des créanciers sur dix ans, sans garantie et sans intérêt, alors que la période d'observation faisait apparaître des pertes nouvelles», a précisé Jean-Pierre Mattei, le président du tribunal de Paris. Pourtant, Régine s'insurge «ce qui s'est passé avec Le Palace est une honte !» On appréciera son analyse quelque peu décalée de la gestion des affaires... «Les frères Blanc ne sont pas des mécènes de théâtre et ils ont passé l'âge d'aller faire des galipettes dans les boîtes de nuit», déclare-t-elle outrée au JDD. Nous voici définitivement rassurés par la décision du tribunal : voici enfin à la tête du Palace des chefs d'entreprise qui savent que ce n'est pas en faisant des galipettes dans les boîtes de nuit qu'on gère ses affaires, peut-être une des raisons pour laquelle leurs affaires marchent mieux que celles de certains donneurs de leçons ! Avant de lancer ses anathèmes, Régine pourrait en prendre de la graine. La critique est facile mais l'art est difficile et aujourd'hui, l'esbroufe fait beaucoup moins sensation. Régine, quant à elle, fait de moins en moins impression. Il serait peut être temps pour elle de laisser les vrais professionnels travailler en paix.

PAF


L'HÔTELLERIE n° 2568 Hebdo 2 Juillet 1998

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