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Lyon : tout au centre

Par tradition, le mois de juin est bon pour l'hôtellerie lyonnaise. Le Mondial devrait toutefois apporter un plus non négligeable, mais la programmation de plusieurs rencontres l'après-midi pourrait priver les hôteliers de clients potentiels.

Par J.-F. Mesplède

Eric Obeuf l'affirme clairement : «Le Mondial à Lyon est une chance réelle. Hôteliers, restaurateurs et commerçants y trouveront leur compte et tout le monde va en profiter. Ceux qui pensent le contraire n'ont rien compris, car il faut toujours positiver ce genre d'événement

Au Sofitel Lyon/Bellecour, on affichera souvent complet. L'établissement qui avait accueilli Bill Clinton et la délégation américaine lors du G7 est l'hôtel officiel du CFO (Comité Français d'Organisation) et de la FIFA (Fédération Internationale de Football).

Via Mondiresa, mais aussi en direct, les réservations ont été faites depuis près d'un an et un allotement de 50% de la capacité totale (167 chambres dont 29 suites) a été décidé. «Nous ne pouvions pas nous permettre de refuser l'accès à notre clientèle habituelle», explique Eric Obeuf qui a appliqué les tarifs prévus pour l'événement, c'est-à-dire majorés des 25% représentant la commission de Mondiresa.

«C'est une bonne manifestation pour Lyon, même s'il est évident que la programmation de plusieurs matches l'après-midi privera les hôteliers d'une certaine clientèle. Ceux qui sont basés sur Paris pourront faire l'aller et le retour dans la journée», admet-il. «C'est ce qui est un peu dommage», déplore Roland Bernard. Le président des hôteliers du Rhône regrette ce choix des organisateurs de ne jamais faire jouer les équipes sur le même terrain et il estime que Paris tirera l'essentiel du bénéfice de la manifestation.

Les hôtels de périphérie sont oubliés

«On peut remarquer que seuls les hôtels 3 et 4 étoiles, en centre-ville et à proximité du stade, tireront leur épingle du jeu. Ceux de la périphérie seront oubliés car ils ne correspondent pas aux demandes des clients de cette manifestation. Nous sommes restés assez loin de ce que pouvait pronostiquer Mondiresa il y a deux ans, mais les résultats seront malgré tout autour de 80 à 85% de TO puisque la clientèle d'affaires ne devrait pas bouder Lyon pendant cette période», poursuit-il.

«Je crois que la région est plutôt gâtée par l'événement et Lyon reste la deuxième ville après Paris. Nous avons signé avec neuf équipes qui ont établi leur camp de base en Rhône-Alpes, c'est-à-dire autant que dans la région parisienne. Entre Lyon et Saint-Etienne, ce sont ainsi 27 à 28.000 nuitées qui seront générées par l'événement», précise Michel Royboz.

Directeur des sites Rhône-Alpes pour Mondiresa, ce passionné de sport n'est pas mécontent de l'opération. «Il y aura les équipes bien sûr, mais aussi des officiels, des représentants des médias, des sociétés et des tour-opérateurs qui ont fait le choix de la région. Bien sûr, on peut regretter que la programmation de matches à 16 h et 17 h 30 laisse la possibilité à beaucoup de rentrer le soir même sur Paris, mais que faire ?»

Pas de flambée des prix

Dans la mesure où la capitale n'est jamais qu'à deux heures de Lyon et que la SNCF a prévu de nombreux TGV supplémentaires, c'est le seul point noir dans une opération d'envergure dont tout le monde devrait profiter. Si çà et là quelques débordements dans les tarifs ont été annoncés, Lyon ne semble pas concernée par cette flambée soudaine des prix. Et Michel Royboz se plaît à souligner que «les gens reconnaissent que nous avons stabilisé le marché en bloquant les prix à plus 25%. Cela évite les perturbations, car les hôtels ont été vendus dans leur catégorie réelle. Je persiste à dire que Lyon est très bien placée et reste, par rapport à la qualité de ses produits hôteliers moins chère que Bordeaux ou Nantes pour ne prendre que ces deux exemples. Bien sûr, on peut noter que 98% de la demande s'est faite en 3 et 4 étoiles... ce qui laisse peu de place pour les autres. Et que si l'intérêt s'est manifesté pour le centre-ville, c'est fatalement au détriment de la périphérie et des villes comme Bourg, Villefranche et Grenoble où nous avons rendu des chambres», dit-il encore.

A quelques jours du coup d'envoi, la ville s'est enfin mise à l'heure de la Coupe du Monde avec drapeaux et oriflammes dans les principales rues. Malgré quelques désagréments prévisibles, Lyon veut à son tour vivre pleinement «sa» Coupe du Monde et pour chacun, le même constat s'imposait : comme ce fut le cas pour le G7, les retombées ne seront pas négligeables pour une ville qui connaît un regain d'activité en hôtellerie-restauration. Les chiffres sont là pour le démontrer !

CALENDRIER DES MATCHES

13 juin : Corée du Sud-Mexique (17 h 30)
15 juin : Roumanie-Colombie (17 h 30)
21 juin : Etats Unis-Iran (21 h)
24 juin : France-Danemark (16 h)
26 juin : Japon-Jamaïque (16 h)
4 juillet : quart de finale (21 h)

 

Montélimar

Un cocktail «France 98»

Jamais à cours d'idées, Henri Revol barman au Relais de l'Empereur, vient de créer un cocktail dont la composition sera dévoilée le premier jour du Mondial.

Une lettre de Michel Platini en atteste : le co-président du C.F.O. a pris connaissance de l'initiative d'Henri Revol et s'en
félicite !
Barman depuis 32 ans au Relais de l'Empereur à Montélimar et membre de l'A.B.F. (Association des Barmen de France), Henri Revol en est à sa vingt-deuxième création dont plusieurs consacrées par un prix !
Malicieux et soucieux de préserver son secret, Henri Revol se contente de livrer que le «France 98» est à base de vin de champagne parfumé au fruit exotique de la Drôme (le kiwi) et de liqueur de Madagascar (vanille).

Avec les équipes...

A la satisfaction générale !

Les Etats-Unis et la France au Château de Pizay, la Belgique à l'Hôtel du Gouverneur : les équipes ont fait depuis longtemps le choix de leur hébergement.

Françoise Colomb est ravie. La directrice du Château de Pizay accueillera les équipes des Etats-Unis puis de France, après avoir reçu celle du Brésil l'année dernière à l'occasion du Tournoi de France.

Rompue à la réception des groupes sportifs, elle envisage le Mondial avec sérénité. «Tout s'est décidé depuis longtemps, en contact direct pour l'équipe de France et par le biais de Mondiresa pour celle des Etats-Unis. Quand Tom King le chef de délégation est venu ici, qu'il a vu les canards, les oies et les animaux en liberté dans le parc, il a été séduit. «C'est Disney», m'a-t-il dit et il a donné son accord. Les Américains savent qu'ici, au cœur du Beaujolais, ils trouveront le calme.»

Si aucune exclusivité n'a été demandée par la délégation, une extrême vigilance sera de rigueur. Ainsi, alors que 34 des 62 chambres ont été réservées, les autres ne doivent pas être vendues à des journalistes et une attention particulière doit être portée à l'identité du futur résident.

Parallèlement et comme ce sera le cas dans tous les hôtels abritant des délégations, un très gros dispositif de sécurité -«ni pesant, ni visible», précise Françoise Colomb-, sera mis en place.

«La vigilance que l'on nous demande me semble la moindre des choses. Je sais pourtant que les journalistes pourront venir rencontrer les joueurs sans toutefois résider chez nous pour garantir un maximum de tranquillité au groupe», dit-elle.

Pour sa part, l'équipe de France a demandé l'exclusivité des 48 pavillons dans le parc et n'acceptera pas la visite de la presse.

«Pour les menus, nous avons travaillé avec les équipes. Pour les Etats-Unis il n'y a pas de cuisinier dans la délégation, mais nous avons la liste des aliments que nous pourrons servir... en particulier les pancakes et les gaufres pour le petit déjeuner. Pour la France, un cuisinier consultant a travaillé avec notre chef Rémy Dufour et Jean-Marcel Ferret, le médecin de l'équipe, s'est penché sur les menus proposés (1)», souligne F. Colomb.

Les tarifs normaux seront pratiqués et la note à d'ores et déjà été réglée à 80%. «Ce n'est pas une opération financière, ni un coup financier. C'est avant tout une opération de prestige dont nous espérons quelques bonnes retombées», dit-elle enfin.

A l'Hôtel du Gouverneur à Monthieux, Jean-Christophe Charlet ne dit pas autre chose. Lui aussi est habitué à la réception de délégations sportives et sait que c'est davantage une question d'image que de rentabilité immédiate...

«J'optimise mon prix moyen à 570-575 F avec toutes les chambres occupées par la délégation. Nous avons une clause d'exclusivité avec des espaces réservés, mais je considère surtout cette opération comme un moyen supplémentaire de faire connaître un établissement que les sportifs fréquentent régulièrement», dit-il. C'est le cas de l'Olympique Lyonnais, des équipes de France et d'Italie qui ont logé ici pendant le Tournoi de France et de celle de Belgique qui a pris ses quartiers dans ce petit village de l'Ain.

«La Coupe du Monde reste un événement majeur et nous ne pouvions pas rêver mieux. Tout un système de sécurité a été mis en place et nous ferons un filtrage à l'entrée de l'établissement. Pour la cuisine, un chef belge sera présent et travaillera en étroite collaboration avec Antoine Frémont qui est chez nous depuis six mois.»

Dans un cadre de verdure remarquable sur les 233 hectares du domaine, les «diables rouges» trouveront avec le golf, la pêche à la ligne, l'aire de tir à l'arc, la barque et le VTT, les moyens d'oublier le stress de la compétition. N'est-ce pas au bout du compte l'essentiel en cette période ?

(1) Pour les Etats-Unis au déjeuner : assortiments de jus de fruits très frais, thé et café, lait écrémé à 2%, assortiment de sodas, soupe du jour, salades variées avec vinaigrette à part, assortiment de morceaux de légumes et de petits pains, fruits frais entiers, nouilles nature avec sauce tomate à part sans viande, un dessert seulement (cookies, crème glacée, glace en self-service, gâteau au fromage ou au chocolat plat), plat de viande (poulet ou dinde) et parfois de poisson ou assortiment de charcuteries et viandes froides, pains, fromages et condiments pour fabriquer des sandwiches.

Pour la France le 22 juin (20 h) : buffet (saumon fumé, terrine de Saint-Jacques, aspic aux crevettes et légumes, melon et jambon cru, avocat, asperges et crudités) ; plat chaud en cheffing dish (longe de veau rôtie au jus de truffes, turban de sole au Noilly, cœur d'artichaut garni, pâtes au tourteau de noisettes, tagliatelles fraîches et sauce tomate) ; buffet de desserts (tarte, fruits frais et entremets), eau minérale et Bordeaux. Pas de vin sur table au dîner le 23 juin, veille du match.

 
L'Hôtel du Gouverneur (4 étoiles, 45 chambres et 8 suites) est propriété de Gustave Humbert qui a installé trois parcours de golf sur plus de 200 hectares. Il réalise 52% de TO pour un PM de 450 F. La Belgique séjournera du 8 juin au 5 juillet avec la totalité de l'hôtel et du restaurant réservée pour la délégation. Les joueurs logeront à deux par chambre.


Le Château de Pizay (4 étoiles, 62 chambres dont 48 en pavillons dans le parc) est propriété d'un groupe d'assurances. Il réalise 60% de TO avec un PM de 560 F. Les Etats-Unis séjourneront du 5 au 22 juin (matin) et logeront à deux par chambre ; la France du 22 juin (soir) au 25 juin (soir) avec un seul joueur par chambre.

Frémissement pour la restauration

Aucune opération collective n'est programmée à Lyon à l'occasion du Mondial. Dommage dans la capitale de la gastronomie...

On pouvait imaginer une vaste opération de promotion pour une cuisine lyonnaise parfois en mal d'identité. Un projet d'envergure était sur rails, il a échoué : les Toques Blanches lyonnaises devaient proposer un original tour du monde avec des plats des différents pays en présence, revisités pour l'occasion.

Il n'y aura donc rien de tout cela et en fait, la seule consigne désormais donnée par Didier Rinck président des restaurateurs, est que «chacun agisse comme il l'entend mais fasse un effort en cette période

A Lyon, on en restera donc au stade des initiatives individuelles et l'on peut imaginer que les restaurants thématiques seront plus réactifs à l'événement que la restauration traditionnelle.

«Sur le lieu même de l'événement, cela me semblait difficile», souligne Guy Lassausaie. Et le président des Toques Blanches ajoute que «rien de particulier n'est programmé, mais qu'ici chacun s'attache à faire le mieux possible chaque jour» sous-entendant qu'il n'y a aucune raison qu'il en soit autrement durant le Mondial !

 

PAS DE BUVETTES... SAUVAGES !

Au titre de la Chambre de l'industrie hôtelière et touristique du Rhône, Didier Rinck, président des restaurateurs, avait demandé l'interdiction des ambulants par lettre du 9 avril. Après une réunion de travail réunissant les différentes parties concernées par le problème, le préfet de Région a pris un arrêté interdisant les marchands ambulants à l'intérieur du périmètre de sécurité les jours de matches.

Seules les buvettes gérées par Eurest sont autorisées. Au total, 117 points de vente, dont 34 chineurs (vente ambulante) seront en place.

Si l'ouverture des buvettes des stades d'entraînement des équipes en présence reste autorisée, il faut préciser que seuls les produits du partenaire de la Coupe du Monde (Coca-Cola) y seront en vente.

 

En bref

* Nouvellement ouvert dans le quartier de Perrache, le All Sports Café propose la retransmission des matches sur écran géant et des menus appropriés aux circonstances. L'équipe des Etats-Unis devrait venir y passer une soirée... incognito.
* Aux Halles de Lyon, la «reine du Saint-Marcellin» n'entendait pas manquer l'événement. Renée Richard vit à l'heure du Mondial avec un magasin joliment décoré de maillots, ballons et affiches.
Footix, la mascotte, est bien sûr en bonne place.

* Une nouvelle signalisation des hôtels lyonnais vient d'être mise en place avec quelques 140 panneaux qui permettront aux voyageurs
de ne plus se perdre en ville.

* Présente au Centre de presse officiel, la Ville de Lyon propose également son propre espace près de la place Bellecour. Les journalistes en transit pourront y trouver tous les renseignements utiles sur les hôtels et restaurants de la ville.
* Pendant la Coupe du Monde, l'Office de tourisme et des congrès a mis en place une ligne téléphonique «business». Cette «ligne rouge», ouverte du lundi au vendredi de 9 h à 18 h, permettra à toute la clientèle affaires de connaître les disponibilités
lyonnaises en matière d'hôtellerie.


L'HÔTELLERIE n° 2565 Hebdo 11 Juin 1998

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