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Résultats 1997

Accor se porte comme un charme

Le groupe français a le vent en poupe. Il a réalisé l'an dernier un résultat net de 1,5 milliard de francs, en hausse de 42% par rapport à l'exercice précédent. Affichant une bonne santé financière, Accor va continuer à céder les actifs non stratégiques pour réinvestir dans les activités les plus rentables.

Le millésime 1997 fera date dans les annales du groupe d'hôtellerie et de services. D'autant plus qu'il s'avère au final meilleur que prévu. Le conglomérat français a en effet au cours de son dernier exercice enregistré une progression très sensible de ses résultats et de sa rentabilité. «Quantité et qualité de nos performances financières se sont très fortement améliorées», a d'ailleurs précisé Jean-Marc Espalioux, président du directoire d'Accor, en présentant les comptes annuels de la société.

Le résultat net de l'entreprise s'est de fait élevé à 1,508 milliard en hausse de 42% (soit 450 millions supplémentaires) par rapport à l'année précédente. Alors que le patron du groupe tablait voilà quelques mois, sur une amélioration du résultat global des opérations de l'ordre de 50%, celui-ci a effectué au bout du compte un bond de 62% pour atteindre les 2,45 milliards de francs. La marge brute d'autofinancement d'exploitation (MBA) a elle aussi augmenté de près de 50% (3,95 milliards) entraînant un doublement de l'autofinancement (après investissement sur actifs existants).

Quant au chiffre d'affaires consolidé, réalisé aux deux tiers à l'international (auquel l'hôtellerie contribue à hauteur de 18,57 milliards, les titres de service à 2,17 milliards, le ferroviaire à 1,78 milliard, les agences de voyages à 4 milliards et la restauration à 5,19 milliards) et au volume d'activité de la compagnie, ils se sont respectivement établis à 31,8 milliards de francs (+12,3%) et 98,6 milliards (+16,8%).

Cession de murs d'hôtels en Europe pour 940 millions de francs

A noter que la variation du chiffre d'affaires est due pour 5,4% à une hausse de l'activité, 2,7% au développement et 4,2% aux effets de change (notamment dollar et livre). Reste que si Accor affiche actuellement une santé financière aussi insolente, c'est également grâce à sa politique méthodique de «réallocation de ressources». Depuis son arrivée aux commandes du groupe début 1997, Jean-Marc Espalioux s'est effectivement attaché à céder les actifs non stratégiques de l'entreprise. Avec d'autant plus de dynamisme qu'à l'époque, bien que les cofondateurs d'Accor Gérard Pélisson et Paul Dubrule aient certes entamé un «nettoyage de printemps», il fallait encore rassurer la communauté financière en accélérant le désendettement du conglomérat.

Au terme de l'année 1997, Accor s'est donc séparé pour 4,7 milliards de francs d'actifs soit 2,3 milliards pour la vente des 11,5% de Compass, 940 millions de murs d'hôtels en Europe, 773 millions de murs d'unités Motel 6 (aux Etats-Unis), 300 millions dans diverses participations financières, 62 millions pour les 16% du Parc Astérix, 105 millions pour les 2% détenus dans le Club Méditerranée et 252 millions pour les 19% de HRC (restauration concédée). A en croire les propos tenus par Jean-Marc Espalioux, cette stratégie de désengagements va se poursuivre en 1998 (le groupe a d'ores et déjà cédé pour 3,3 milliards au 31 mars dernier). Ces cessions ne seront néanmoins plus réalisées dans l'unique but de réduire la dette du groupe. «Accor va dorénavant vendre les actifs à moindre rentabilité pour réinvestir dans ses métiers stratégiques», a souligné le président du directoire.

Un Sofitel à Dallas

Un mouvement dont on a d'ores et déjà pu observer les premiers pas en 1997 puisque la compagnie a investi 4,6 milliards dans son développement avec la prise de contrôle à 100% de la chaîne Pannonia en Europe Centrale (563 millions de francs), l'acquisition et la construction d'hôtels (1,18 milliard), le rachat d'Accor Asie Pacifique (1,62 milliard), celui de la SPIC (470 millions)...

Cette croissance ne devrait bien entendu pas s'arrêter en si bon chemin. D'ailleurs, le groupe prévoit d'ouvrir 200 nouveaux établissements au cours de l'année 1998. «Nous allons conforter notre leadership en Europe en renforçant notre présence dans certains pays tels que l'Espagne, le Portugal...», a commenté Sven Boinet, membre du directoire en charge de l'hôtellerie. Et d'ajouter, «Accor doit également consolider ses parts de marché aux Etats-Unis en développant l'enseigne Sofitel dans les principales métropoles. Après New York, Sofitel va ainsi s'implanter à Chicago et à Dallas. Concernant Motel 6, nous devrions finaliser 50 nouveaux contrats de franchise d'ici la fin 1998 et adjoindre au réseau 10 à 20 unités supplémentaires en filiales.» Profitant de la crise économique en Asie, Accor envisage en outre d'acquérir de nouveaux hôtels dans cette partie du monde. Le groupe nourrit également de grandes ambitions dans le secteur de la location de voitures à travers Europcar, qui a renoué l'an passé avec les bénéfices. L'objectif dans ce domaine est clair : redevenir en trois ans le numéro un en Europe.

Bond en avant technologique

Pour ce qui est du développement des titres de service, Accor entend conforter là aussi sa place de leader mondial. Après l'Inde, les Pays-Bas et la Pologne en 1997, la firme espère ouvrir trois nouveaux pays cette année. Elle planche également sur des produits inédits comme le «Chèque Mobilité» en France, le «Ticket contrôle des yeux» en Allemagne et «l'Employee Assistance Programme» en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

Enfin, le groupe français travaille d'arrache-pied à effectuer «son bond en avant technologique» (investissement de 165 millions de francs rien que sur 1997). Jusqu'à ces dernières années, Accor souffrait sur ce point précis d'un certain retard par rapport à ses concurrents (en particulier américains). Il n'en sera plus rien demain grâce à la mise en place d'un système informatique des plus compétitifs permettant la connexion des établissements aux services Accor. 1.500 hôtels seront équipés et connectés d'ici la fin 1998 (420 unités Affaires & Loisirs en France, Grande-Bretagne et Allemagne ; 360 Formule 1 et Etap Hôtel et 780 Motel 6).

De quoi «booster» l'activité de chacun qui à fin mars s'annonçait d'ores et déjà en hausse. Au terme des trois premiers mois de l'année 1998, le pôle Affaires & Loisirs en Europe a en effet observé une progression de son taux d'occupation moyen de 2,4 points et une hausse de son prix moyen de +5,6%. L'hôtellerie économique européenne a pour sa part constaté une augmentation de sa fréquentation de l'ordre de 1,7 point et de son Revpar (revenu par chambre disponible) de 6,3%. Malgré un léger repli de son taux d'occupation (-1,4 point), la chaîne Motel 6 a elle enregistré une amélioration de son prix moyen de 5,8% et de son Revpar de 3,3%.

Du côté d'Europcar, le chiffre d'affaires a grimpé de 15,2% à 985 millions de francs. Quant au volume d'émission des titres de service, il s'est élevé à 9 554 millions soit une augmentation de 14,8% par rapport au premier trimestre 1997. Une conjoncture qui s'avère de bon augure pour l'avenir. Sachant que Jean-Marc Espalioux table encore et toujours sur un résultat net d'au moins 2 milliards de francs en l'an 2000.

C. Cosson
ccosson@lhotellerie-restauration.fr

 
C'est au Carrousel du Louvre à Paris que Jean-Marc Espalioux a réuni ses collaborateurs pour préparer l'avenir.

Jean-Marc Espalioux insuffle un nouvel état d'esprit à ses équipes

Outre la santé financière de l'entreprise, le président du directoire d'Accor se soucie également du moral de ses troupes. D'autant plus qu'il estime impossible de mener à bien l'avenir du groupe sans garantir un épanouissement professionnel à ses collaborateurs. Adepte apparemment du management participatif, il a donc assez vite pris la décision d'instaurer un grand projet collectif, baptisé «Accor 2000, réussir ensemble».

Les 19 et 20 mars derniers, quelque 1.700 directeurs ou gérants-mandataires étaient rassemblés au Carrousel du Louvre à Paris pour établir ensemble les nouvelles grandes orientations du conglomérat. Entouré de son état-major avec notamment Sven Boinet, Benjamin Cohen et John Dumonceau, le patron d'Accor a rappelé les récentes modifications apportées aux structures de la compagnie à savoir une organisation multimarques et multiservices transversaux dans l'hôtellerie. Sans oublier de souligner l'importance d'une véritable synergie entre les différentes activités du groupe, soutenue par le développement de la marque Accor (via une première campagne institutionnelle et l'apposition du nom sur tous les hôtels de la compagnie).

Reste que Jean-Marc Espalioux n'a pas souhaité en rester là impliquant à fond ses équipes. 1.000 personnes ont d'ores et déjà ainsi accepté de participer à 30 chantiers sur les thèmes prioritaires tels que le regroupement des forces commerciales, l'optimisation des achats Group, le développement des nouvelles technologies...


L'HÔTELLERIE n° 2557 Hebdo 16 Avril 1998

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